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Dossier : éviter les pièges et mensonges du greenwashing

Nous vous proposons un dossier pour tout comprendre sur le greenwashing, mais aussi comment éviter de se faire avoir par les fausses promesses d'entreprises qui lavent plus vert que vert. Nous allons d'abord vous faire une présentation du greenwashing pour poser le constat et comprendre ses rouages, ensuite nous verrons les conseils à suivre pour ne pas se laisser berner par les mensonges du greenwashing.
 

Greenwashing : présentation du phénomène et constat

Les chiffres sont assez parlants puisque 57% des consommateurs regardent les informations environnementales des produits, mais 61% trouvent difficile de savoir quels produits sont réellement écologiques. Parlants, mais peu étonnant tant les marques et entreprises jouent du marketing pour laver plus blanc que blanc, enfin dans ce cas plus vert que vert.

Ces pratiques douteuses portent même un nom, c'est le « greenwashing » ou comment faire croire aux consommateurs que l'on est écoresponsable alors qu'en vérité on s'en tamponne, du moment que ça rapporte beaucoup d'argent. Car dans notre société c'est désormais la seule et unique chose qui ai de l'importance, s'enrichir par tous les moyens.

Ces informations ou « allégations », ce sont les mentions qui servent à promouvoir les qualités environnementales d'un produit ou d'un service. Ce sont les affiches et brochures, les emballages et paquets des produits mais aussi les publicités et autres informations dématérialisées qui font la promotion du produit ou service.

Une entreprise, une marque ou un produit qui pratique le greenwashing vise donc à se donner une image qui soit plus durable et/ou écologique qu'elle ne l'est réellement. Le problème c'est que beaucoup de consommateurs croient dur comme fer tout ce que racontent les industriels, qui s'en donnent à cœur joie.

La loi française toujours avec un train de retard, ne s'occupe de ce problème que depuis 2020 avec la loi PACTE puis la loi Climat et Résilience de 2021. Oui, ça fait des années que les associations de consommateurs et médias engagés comme le nôtre alertent, mais ça ne fait que 2 ans que les autorités s'en préoccupent.

Mais selon l'enquête de l'association CLCV sur le greenwashing qui vient d'être dévoilée, ces textes de lois censés encadrer les pratiques de greenwashing, qui comme toujours partent d'une bonne intention, ont été parasités par les entreprises.

C'est toujours pareil : les nitrites sont dangereux pour la santé, les lobbys de la charcuterie crient à la mort du secteur si on veut les interdire. Le Nutri-Score n'arrange pas les industriels, on essaye de le torpiller par tous les moyens.

Les pesticides tuent les insectes, pas grave il faut faire toujours plus de rendement. Les cultures ne sont plus adaptées au climat ? Accaparons l'eau plutôt que de changer le modèle, etc...

Voilà pour le constat et comme d'habitude on en arrive aux même conclusions : ce sont les lobbys, cabinets de conseils et autres think-tanks financés par les industriels qui font la loi dans notre pays, au détriment des consommateurs et de leur santé.

Mais le pire c'est que nos gouvernants ne sont pas des plus transparents non plus, sur le site du ministère de l'écologie la fameuse loi Climat et Résilience est présentée comme, nous citons :  « issue de la Convention citoyenne pour le Climat » et « ancre l'écologie dans notre société ».

Sauf que tout le monde sait que les conclusions de cette convention ont été jetées à la poubelle et les quelques mesures reprises ont été largement édulcorées, pour ne pas pénaliser les industriels. L'état français a depuis été condamné pour inaction climatique à deux reprises, le climat de confiance est donc inexistant pour les consommateurs.

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crédit image : pixabay - Kyrnos

 

Savoir reconnaître les produits ou services respectueux de l'environnement :

Dans ces histoires, comme dans bien d'autres au final on ne peut faire confiance à personne, et sans doutes pas aux politiques car si certains sont libres et éclairés, beaucoup d'autres sont à la soldes des lobbys. Ils passent de postes privés à des postes publics sans arrêt, faisant fi des conflits d'intérêts.

Nous pourrions rappeler le dernier exemple en date, avec une proche collaboratrice du nouveau ministre de l'agriculture qui vient de rejoindre le lobby des pesticides, sans que ça ne choque la HATVP (la Haute Autorité de la Transparence de la Vie Publique) comme le révèle un article du Monde. Sans parler de certains ministres dont les conjoint(e)s sont au service de grandes sociétés américaines, comme indiqué dans cet article de Marriane

Que dire des Uber Files ou comment notre ministre de l'économie, devenu président de la république française, fricote avec les lobbys américains au détriment des entrepreneurs français, comme c'est bien expliqué dans cette enquête de France Info. Ce n'est dans ce cas pas du greenwashing, mais donne une bonne idée de comment sont menées les politiques publiques en France.

Quand même ceux qui font la loi pratiquent le greenwashing au plus haut niveau de l'état, comment les consommateurs peuvent ils reconnaître le vrai du faux dans tout ce marketing trompeur, voir même parfois mensonger ? Nous n'allons pas vous mentir, il n'est pas simple de s'y retrouver.

Nous pourrions nous baser sur le Guide pratique des allégations environnementales, mais comme nous venons d'expliquer que notre confiance dans les politiques sur ces sujets est érodée et comme ce guide est édité par le ministère de l'économie, il n'est pas pour nous une source d'informations fiables.

Mais il y a tout de même des indicateurs plus fiables que les autres : à commencer par les labels, à condition qu'ils soient réellement indépendants ! Car les labels étatiques sont tout aussi faiblards que les lois climat, ceux mis en place par les industriels n'ont eux strictement aucune valeur pour nous.

L'an dernier c'était d'ailleurs une autre association de consommateurs, Que Choisir, qui épinglait les labels alimentaires pour leur manque d'exigences et de précisions. Nous avions relayé les conclusions de l'enquête sur les labels menée par l'UFC Que Choisir en partenariat avec Greenpeace et WWF et dénonçons leur faiblesse depuis des années.

Consultez nos articles sur les labels pour plus d'infos :

De fait, il faut aussi éliminer une grande partie des labels, même si mieux vaut choisir des produits qui ont des labels que ceux qui n'en ont pas. On parle de choisir le « moins pire » plutôt que la meilleure qualité, mais c'est malheureusement de plus en plus le choix qui nous est proposé dans cette société ultra libérale.

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crédit image : pixabay - ElisaRiva

Si la qualité et l'environnement sont vos réelles ambitions, il est primordial d'apprendre à lire les étiquettes, pas les mentions en gras et ce qui est mis en avant par le fabricant ou le vendeur, c'est là que se trouve le greenwashing mais aussi le « french washing ».

Car nous ne l'avons pas encore évoqué mais les industriels jouent aussi des drapeaux français et liserés bleu-blanc-rouge sur leurs emballages, sites internet et dans leurs publicités pour vous faire croire que vous achetez local. C'est exactement le même principe et les mêmes problèmes, nous avions examiné le nouveau logo du Made in France de France Industries en fin d'année dernière.

Pour en savoir plus donc il faut retourner les paquets et aller regarder les mentions que les fabricants cherchent justement à nous cacher. Car si l'on regrette que les lois n'aillent jamais assez loin, il y a tout de même quelques mentions obligatoires qui permettent d'en savoir plus pour celles et ceux qui se donnent la peine de chercher à les comprendre.

Consultez nos tutoriels pour lire les étiquettes :

Un autre aspect des enjeux environnementaux, outre la manière dont sont cultivés ou fabriqués les produits, c'est leur provenance. Choisir un produit Made in France ou Bio c'est bien, mais si les matières premières viennent de l'autre bout du monde alors qu'elles sont disponibles à proximité, ça n'a rien d'écologique.

Nous sommes plus spécialisés dans l'alimentation, vous l'aurez compris à nos listes d'articles à consulter, en effet je suis moi même un ancien chez de cuisine reconverti. Mais la majorité des conseils sont valables pour à peu près tous les achats, des vêtements à l'électroménager Made in France.

Pour consommer plus responsable il faut donc privilégier les marques françaises qui produisent en France, ce n'est pas simple dans le domaine de l'électronique même si il existe quelques gaulois réfractaires. Par contre dans l'alimentation il existe de nombreuses solutions qui permettent de trouver facilement les producteurs de proximité.

Privilégiez les circuits courts :
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crédit image : pixabay - geralt

 

Conseils et conclusion :

La plupart de ces conseils sont valables aussi bien pour le greenwashing que le french washing et plus généralement pour tous les achats, ne vous fiez pas au marketing son but est de vous présenter uniquement les aspects positifs, quitte même à s'arranger avec la vérité pour vendre plus (et vendre plus cher).

Nous en venons donc à notre principal conseil, ne croyez personne et évitez les raccourcis. Si vous voulez vraiment consommer plus responsable faites vos propres recherches, recoupez les informations et les sources et ne vous fiez qu'à vous même.

Un des conseils à suivre donc pour consommer plus responsable est de se servir des labels comme d'indicateurs complémentaires des autres, ils n'ont pas plus de valeur que la provenance, il faut au final faire la somme de toutes les informations disponibles pour se faire sa propre idée.

Ce n'est pas parce qu'une marque se gargarise d'avoir intégré 50% de plastique recyclé dans son produit qu'elle est écoresponsable par exemple. Ce n'est pas parce qu'il y a un drapeau français sur l'emballage que tout est français dans le produit, ce n'est pas parce que l'emballage arbore fièrement sa filière de blé français que les autres ingrédients le sont aussi, etc...

Comme nous l'avons vu dans notre article sur le nouveau label Responsability Europe, ce n'est pas parce qu'une entreprise affirme être engagée socialement (RSE pour Responsabilité Sociale des Entreprises) et/ou pour l'environnement (ODD pour Objectifs de Développement Durable) qu'elle l'est vraiment.

Il y a derrière tout ça un écosystème particulièrement malsain qui s'est mis en place, avec des rachats de crédits comme l'explique cet article de Capital. Comme d'habitude tout est question de gros sous et de bénéfices plus que de consommateurs ou de planète, relégués comme variables d'ajustement loin derrière la rentabilité et les profits.

Vous pouvez utiliser les outils mis à disposition par les associations de consommateurs pour vérifier les produits avant d'acheter, deux applications smartphones sont disponibles et pratiques : l'appli Open Food Facts ainsi que l'appli Que Choisir.

Elles permettent d'accéder à de nombreuses informations juste en scannant les codes barres des produits, un atout indéniable pour aller plus loin que ce qui est indiqué en gras sur les paquets. Car le plus important pour mieux consommer, c'est de s'informer !

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