des astuces et conseils pour vous aider à mieux consommer au quotidien !
Nous allons dans cet article vous expliquer les informations à connaître pour apprendre à lire l'étiquette d'une bouteille de vin. Il y a des mentions obligatoires et d'autres sont facultatives, mais aussi des techniques pour attirer le chaland sans aucune valeur.
Ancien chef de cuisine j'ai durant mes études étudié l'œnologie et travaillé dans un univers connexe, car il est utilisé en cuisine bien entendu mais aussi pour créer des accords mets et vins avec les sommeliers.
J'ai donc des connaissances que je souhaitais mettre à la disposition de tous, mais je dois avouer que je ne suis moi même pas un grand amateur, ce qui n'empêche pas de vous donner les clés pour apprendre à lire les différents éléments des étiquettes.
Pour ce qui est de l'aspect gustatif par contre, même si j'ai de bonnes bases également, mieux vaut vous fier à votre palet et/ou à de vrais œnologues. Les étiquetages eux n'ont aucun secret pour moi, alors expliquons ce qu'il s'y trouve.
Déroulé de l'article :
Commençons par le commencement avec les trois différentes typologies des vins français, ce sont les labels si l'on veut utiliser un terme plus commun, ils indiquent le niveau de contraintes dans lequel a été produit le vin.
Je me rends compte que ce n'est pas si simple à expliquer, mais le listing va immédiatement vous faire comprendre de quoi il s'agit :
VSIG (Vin Sans Indication Géographique) plus connu sous l'appellation « vin de table »
IGP (Indication Géographique Protégée)
AOP (Appellation d'Origine Protégée)
On retrouve les mêmes indicateurs que pour l'alimentation, nous avons déjà eu l'occasion de les expliquer dans notre article sur les labels de qualité alimentaires alors passons à la suite.
Passons aux mentions obligatoires sur les étiquettes, elles sont au nombre de huit et si l'on en a de très basiques d'autres donnent des indications très importantes à savoir lire, commençons là aussi par les lister puis nous détaillerons celles qui méritent de l'être.
la catégorie (type de vin + appellation)
la provenance
les informations relatives à l'embouteilleur
le numéro de lot
le titre alcoométrique volumique acquis (TAVA)
le volume nominal
le message sanitaire (picto femmes enceintes)
la présence d'additifs et d'allergènes
la liste des ingrédients (nouveauté)
le tableau nutritionnel (nouveauté)
Alors il n'est pas nécessaire de préciser à quoi sert le pictogramme obligatoire (à partir de 1.2% d'alcool) mais d'autres comme la « catégorie réglementaire » est un indicateur important à prendre en compte. Il indique plusieurs éléments primordiaux pour le consommateur.
Le type de vin : vin blanc, vin jaune, vin de paille, vin rosé, vin rouge, pétillant, etc... Mais aussi l'appellation du vin : Bordeaux, Côtes du Rhône, Sancerre, etc... Et le label si il en possède un (AOP ou IGP) avec juste dessous la provenance (Produit de France, Vin d'Alsace, etc...).
On retrouve à cet endroit également souvent des mentions facultatives que nous verrons ensuite comme les classements ou les millésimes, mais avant continuons de développer les éléments obligatoires.
Vous connaissez la volumétrie, c'est le taux d'alcool contenu dans le vin (12% par exemple). La contenance qui est elle exprimée en centilitres indique la quantité de liquide (75 cl) et le numéro de lot sert à la traçabilité mais ne vous dira pas grand chose.
Un autre élément peut avoir son importance : les informations relatives à l'embouteilleur, mais à prendre avec des pincettes car les producteurs de masse essaient de trouver de jolis noms pour vous amadouer et elles n'ont au final que peu d'intérêt.
Ce sont les mentions de type « mis en bouteille à la propriété » ou « mis en bouteille au château » mais aussi « mis en bouteille dans nos chais », elles ne sont pas réservées aux seuls petits artisans malheureusement.
Certains termes sont réservés aux vins avec un label d'indication géographique : Château, Clos, Domaine et Mas. Les autres termes : Propriété ou Chais par exemple ne sont eux pas soumis à ces restrictions.
Néanmoins comme un petit vigneron ne produit pas forcément toujours un meilleur vin qu'un négociant expérimenté capable d'élaborer des vins d'assemblage de haute volée, cette mention n'est pas la plus importante d'un point de vue gustatif.
Deux nouvelles obligation d'affichages viennent d'entrer en vigueur fin 2023, l'ajout de la liste des ingrédients et du tableau nutritionnel comme pour l'alimentation. Les vignerons n'ont toutefois pas l'obligation de les afficher directement sur l'étiquette.
En effet, on voit apparaître des QR Code sur les bouteilles de vin qui permettent d'accéder à des étiquettes numériques pour trouver toutes les informations obligatoires. Nous avons écrit un article pour vous l'expliquer, car oui c'est un sujet assez complexe.
Bref, au final ce ne sont pas les mentions obligatoires qui sont les plus révélatrices de la qualité d'un vin pour le consommateur, mais bien souvent celles qui sont facultatives.
Les mentions facultatives donnent de précieuses informations pour bien choisir une bouteille de vin, mais qui dit facultatif dit que chacun peut s'arranger un peu avec la vérité pour faire plus vendeur, il y a tout de mêmes des règles à suivre.
le millésime
le ou les cépages
la méthode de production
l'exploitation agricole
Pour les deux premières mentions le chiffre à retenir c'est 85% car une bouteille millésimée doit impérativement être issue de la production des vignes de l'année indiquée sur la bouteille. Elle doit contenir au moins 85% de raisins récoltés l'année du millésime indiqué.
Il est possible d'indiquer un cépage unique sur la bouteille de vin si elle contient au minimum 85% du cépage indiqué, alors cépage pour les novices peut se traduire par variété de raisin : Cabernet, Grenache, Merlot, Pinot, etc...
Pour les vins d'assemblage qui sont issus du mélange de plusieurs cépages la bouteille doit soit ne rien indiquer puisque c'est une mention facultative, soit indiquer tous les cépages contenus dans le vin (mais sans obligation d'indiquer les proportions).
La méthode de production est une indication non obligatoire mais très prisée, car elle permet de mettre en avant le savoir faire et d'autres éléments de communication. Ils peuvent d'ailleurs parfois porter à confusion puisque assez libres, certains ne manquent pas d'imagination pour vanter leur marchandise.
On retrouve dans cette catégorie les mentions de type « vieilli en fut de chêne » ou « récolté à la main » mais aussi « vieilles vignes ». L'embouteilleur doit néanmoins pouvoir être en mesure de justifier ces mentions en cas de contrôle, mais il reste possible de jouer sur les mots.
À noter que la mention « Vendanges Tardives » est elle très réglementée et réservée à certains cépages détenant une Appellation d'Origine Protégée et un millésime, au début réservée aux vins d'Alsace elle se retrouve maintenant dans de nombreuses régions viticoles mais reste une des plus contrôlées.
Cette catégorie comprend également toutes les médailles et distinctions reçues lors de concours agricoles avec tout de même comme obligation de respecter l'arrêté du 13 février 2013 encadrant les concours, avec une liste de concours agrémentés par le ministère en charge de la communication.
Il existe par contre quelques restrictions plus strictes qui concernent comme nous l'avons vu plus haut les mentions « Château » et « Clos » mais aussi « Cru » qui doivent bénéficier d'une appellation d'origine pour pouvoir être affichées.
Le terme "cru" est particulièrement important puisque l'on trouve souvent pour les grandes appellations un classement des crus : « Grand Cru », « 1er Cru Classé », « Cru Bourgeois » et ainsi de suite définissant le prestige de la cuvée proposée.
De même les mentions indiquant une exploitation agricole sont réservées uniquement aux producteurs et vignerons qui récoltent et vinifient le vin exclusivement sur leur domaine, ils doivent donc disposer d'une IGP ou d'une AOP.
Le champagne est un vin bien particulier, fruit d'un savoir faire régional issu d'une longue tradition. Souvent imitée, jamais égalée l'appellation Champagne est prestigieuse et bien protégée avec ses propres réglementations.
Elles viennent s'ajouter à celles de tous les vins que nous avons déjà vues, car le Champagne n'est pas exempt de respecter les autres obligations légales d'affichage pour autant.
l'appellation Champagne
la mention de la teneur en sucre (Brut, Sec, Doux, etc...)
le nom ou la raison sociale de l'élaborateur
le numéro d'immatriculation professionnelle
les mentions de la capsule
Outre les indications permettant d'identifier l'élaborateur d'un Champagne, l'étiquette doit aussi mentionner sa localisation (siège social) ainsi que son numéro d'immatriculation professionnelle.
L'immatriculation est identifiable car elle commence par 2 lettres qui sont les initiales de la classification, cette indication est pour les consommateurs avertis un élément de comparaison important entre les Champagnes.
Nous vous listons donc les 6 classes d'élaborateurs :
M.A. = Marque d'Acheteur
C.M. = Coopérative de Manipulation
R.C. = Récoltant Coopérateur
R.M. = Récoltant Manipulateur
S.R. = Société de Récoltants
N.M. = Négociant Manipulateur
En effet dans le cas du domaine du Champagne il faut différencier récoltant et manipulateur qui ne sont pas forcément la même personne ni la même entreprise.
Le Champagne nécessite un grand savoir faire de manipulation des bouteilles qui fait partie intégrante de son élaboration, raison pour laquelle on parle d'élaborateurs et pas de producteurs.
Les capsules de Champagne sont également réglementées, elles contiennent un code spécifique nommé « CRD » qui permet d'identifier l'élaborateur, c'est complexe et nous n'allons pas développer mais vous trouverez plus d'informations ici si vous voulez en savoir plus.
Faisons également un arrêt sur la teneur en sucre qui attribue une dénomination spécifique au Champagne :
Brut Nature = inférieure à 3 grammes / litre
Extra Brut = entre 0 et 6 grammes / litre
Brut = inférieure à 12 grammes / litre
Extra Sec = entre 12 et 17 grammes / litre
Sec = entre 17 et 32 grammes / litre
Demi-Sec = entre 32 et 50 grammes / litre
Doux = plus de 50 grammes / litre
À ces mentions obligatoires s'ajoutent là encore plusieurs mentions facultatives qui ont leur importance, comme pour les vins non pétillants et qui sont les mêmes. On peut retrouver sur les bouteilles de Champagne un « millésime » ainsi qu'un « cépage » ou bien encore un « Cru ».
Il y a aussi une exception sur la mention complémentaire faisant référence aux cépages utilisés, les bouteilles de Champagne peuvent indiquer si la cuvée a été réalisée avec un type particulier de raisin.
Les 3 mentions du raisin :
Blanc de Blanc : Champagne issu de raisins blanc uniquement
Blanc de Noir : Champagne issu de raisins noirs uniquement
Rosé : Champagne issu d'un assemblage ou d'une saignée
Vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe plusieurs sortes de raisins et notamment des raisins à peau noire mais à chair et jus blanc, ce qui explique la différenciation faite. Le Champagne Rosé n'est pas issu de raisins à peau noire comme on pourrait le croire.
Dernier élément à connaître, seuls 5 départements français sont habilités à produire du Champagne : l'Aube, l'Aisne, la Marne et la Haute-Marne ainsi que la Seine-et-Marne. Les autres régions viticoles productrices de vins pétillants ne sont pas autorisées à utiliser l'appellation Champagne.
Nous avons fait le tour de ce que prévoit la réglementation et pourtant il manque quelques éléments qui ne semblent pas soumis à des restrictions ou des obligations. Mais que l'on retrouve régulièrement sur des bouteilles, certainement puisque moins encadrés justement.
Les visuels en fonds d'étiquettes qui représentent des jolis tonneaux de vin, des grappes de raisin ou autres pieds de vigne, comme les motifs apposés directement sur les bouteilles puisqu'il n'est pas rare d'y trouver des fleurs de lys ou des couronnes et autres blasons qui font haut de gamme, n'ont aucune autre valeur que la décoration qu'ils apportent au contenant.
Les textes d'accompagnement à l'arrière des bouteilles sur lesquels on enjolive les différents éléments choisis pour la mise en avant, ils sont d'une importance capitale dans la décision d'achat et les grands producteurs l'ont bien compris, ils soignent donc tout particulièrement cet élément.
Tout aussi insidieuses les recommandations et sélections faites par tel guide ou tel sommelier ne semblent pas avoir non plus de cadre légal, si certaines sont sérieuses elles n'engagent que ceux qui veulent bien y croire mais ne vous laissez pas berner par une jolie cocarde ou un bel écusson.
Le magazine Complément d'enquête a d'ailleurs récemment réussi à faire médailler deux vins premier prix sans problèmes, vous pouvez lire l'article de Franceinfo pour plus d'informations.
Avec plus de 120 concours qui remettent environ 24.000 récompenses par an, c'est devenu un business malsain à but lucratif plus qu'un indicateur que vous devriez prendre en compte dans votre décision d'achat.
Voilà, pour le reste vous avez tous les éléments à votre disposition dans le déroulé des mentions, que nous avons essayé de vous détailler et expliquer au fur et à mesure.
Ce qui peut porter à confusion c'est que les mentions facultatives sont plus importantes pour le consommateur qui doit choisir une bouteille que la plupart des mentions obligatoires, alors qu'elles sont peu encadrées.
Privilégiez les indications qui sont bien réglementées et évitez de prendre en compte celles qui ne le sont pas ou trop peu, afin de pouvoir comparer les vins sur une même base et faire votre choix en fonction de critères équitables.
En d'autres termes ne regardez pas le packaging et intéressez vous aux détails importants, la nouvelle obligation d'affichage de la liste d'ingrédients permet par exemple d'écarter les vins qui contiennent autre chose que du raisin !
NDLR : article écrit en 2020, mis à jour en 2024