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Ces derniers mois nous avons remarqué une nouvelle tendance sur les sites de e-commerce, qui consiste à afficher des logos et autres mentions environnementales maison, plutôt que d'afficher directement les labels et certifications officielles. C'est le cas par exemple du Climate Pledge Friendly du géant américain Amazon, que nous décortiquerons pour vous.
Mais aussi une tendance qui est en train de se développer en ligne et notamment sur les places de marché spécialisées dans les achats écoresponsables ou éthiques. Nous vous proposons donc de voir en quoi consistent ces logos de remplacement et ce que ça change pour les consommateurs que nous sommes.
La posture de départ des e-commerces qui mettent en place des logos ou mentions environnementales, c'est de simplifier pour les internautes la compréhension de la jungle des labels en tous genres. Il est vrai que même pour nous qui sommes spécialistes de la consommation, il est difficile de suivre tant il en existe de différents.
Il existe plus d'une centaine de certifications et labels si l'on prend en compte ceux de l'alimentation, du commerce équitable, du Made in France, environnementaux, etc... Nous leurs avons déjà consacré plusieurs articles dédiés (liens en fin d'article) et pourtant sommes encore loin d'en avoir fait le tour.
Alors d'un côté il peut en effet sembler être une bonne idée de vouloir simplifier l'affichage de ces (trop) nombreux labels sur des sites de vente en ligne qui proposent des milliers, voir des dizaines de milliers de références afin de plus facilement comparer les produits en fonction de ces qualités.
Mais d'un autre, rajouter des logos et mentions complémentaire, qui ne remplacent en aucun cas les labels, c'est rajouter encore des informations supplémentaires et pourrait si la pratique se généralise, générer de l'incompréhension plutôt que de simplifier l'information pour les consommateurs.
Alors au final, est-ce que l'on peut simplifier comme le font ces sites, ou est-ce au contraire une mauvaise idée ? Car le risque, c'est que les internautes ne regardent plus les labels et pensent qu'un logo ou une mention appliquée par un site soit égale partout.
Car chaque site peut mettre plus ou moins ce qu'il veut derrière son logo ou sa mention environnementale, hors tous les labels ne se valent pas. Pour prendre un exemple bien connu, dans l'alimentation le label Bio (AB) est plutôt fiable alors que le label HVE est un sous-label permissif (autorisant même les pesticides de synthèse) décrié par toutes les associations de consommateurs.
Hors, les dernières enquêtes démontrent que la majorité des consommateurs ne prennent pas la peine de chercher à s'informer et beaucoup pensent qu'un label AB ou HVE c'est équivalent, alors que c'est loin de l'être. Du coup, simplifier les labels par des logos de substitution ne nous semble à première vue pas être une très bonne idée.
Dans un monde idéal où les consommateurs prendraient un minimum le temps de s'informer sur ces sujets, au lieu de baver devant les publicités bien léchées des marques, ça pourrait avoir un impact positif. Mais on risque bel et bien d'avoir un effet inverse avec des logos inégaux d'un site à l'autre, dont certains risquent d'être trompeurs pour les consommateurs.
Pour mieux comprendre prenons quelques exemples, à commencer par la mention Climate Pledge Friendly sur Amazon puisque c'est de très loin le site de vente en ligne le plus utilisé par les français. Ils sont même allés jusqu'à créer leurs propres certifications environnementales, en plus de tous les labels qui existent déjà.
Ce sont les certifications « Compact by Design » et « Pre-Owned », la seconde est dédiée aux produits reconditionnés, Pre-Owned signifie en anglais tout simplement « seconde main ». Cette mention n'apporte d'ailleurs pas vraiment de garanties spécifiques, elle reprend la garantie de 12 mois obligatoire pour tout produit reconditionné et indique une capacité de batterie d'au moins 80%.
Autrement dit quasiment n'importe quel professionnel du reconditionnement qui veut vendre ses produits reconditionnés sur la place de marché Amazon est admissible à cette certification sur simple déclaration, ses produits sont automatiquement affichés avec la mention « Climate Pledge Friendly ».
Sauf que, comme nous l'expliquons dans notre dossier sur les produits reconditionnés, tous les professionnels ne se valent pas et pire encore, sur ces places de marché ils sont bien souvent très opaques et étrangers. Hors ce n'est pas la même chose d'acheter un smartphone reconditionné par un professionnel français sur un site fiable, que de l'acheter sur Amazon à un vendeur externe basé à l'étranger.
La seconde certification Amazon, c'est la mention Compact by Design qui en fait garanti que le produit n'a pas été suremballé. Elle répond à un vrai problème puisque les multinationales continuent contre vents en marrées, et notamment dans l'alimentation, à surdimensionner leurs paquets pour faire croire que la quantité de produit est supérieure à la réalité.
Mais il est vrai aussi que cette technique abusive largement déployée dans les magasins terrestres est bien moins impactante pour la vente en ligne, puisque l'on ne peut pas prendre le paquet en main ni vraiment se rendre compte de sa taille en photos. Au contraire même, comme il faut livrer les produits plus ils sont légers et compacts et moins ça revient cher de vous les expédier.
La certification Compact by Design permet donc, plus que de garantir une bonne qualité aux consommateurs, de réduire les frais logistiques pour les e-commerces. Mais aussi in fine de réduire l'impact environnemental des livraisons, ce qui pour le coup est bon pour tout le monde !
Le problème dans ce cas ce ne sont pas ces certifications maison, mais le fait qu'elles permettent au même titre que les vrais labels environnementaux stricts d'afficher la fameuse mention Climate Pledge Friendly sans distinction, laissant penser qu'un produit est écoresponsable juste parce que son emballage à été légèrement réduit.
Précisons donc si vous achetez sur Amazon que pour en savoir plus et ne pas juste se contenter d'un affichage généraliste, il faut toujours cliquer sur la mention « Climate Pledge Friendly » pour afficher quels sont les labels dont dispose réellement le produit vendu. Une simplification parfois trompeuse, mais nous y reviendrons en conclusion car il y a d'autres exemples.
Nous avons également pris conscience de ces nouveaux affichages sur les places de marché spécialisées dans les achats durables et écoresponsables justement, qui favorisent des logos plutôt que d'afficher les labels environnementaux. Il est vrai que quand on scroll des centaines de produits sur des listes catégorielles, il est difficile de bien visualiser les produits affichant plusieurs labels.
Mais de la même façon il faut regarder comment sont construits ces indicateurs simplifiés, autrement dit sur quels labels ils se basent, car comme nous l'avons vu tous les labels ne se valent pas. Nous allons prendre deux exemples pour voir le fonctionnement de ces affichages, et essayer de définir si ils sont avantageux pour les consommateurs ou au contraire peuvent être trompeurs.
Il y a quelques semaines nous vous avons présenté la place de marché du shopping local Cocote qui utilise un système de notation façon Nutri-Score, avec une note de A à F pour chaque produit et un code couleur. Cette notation permet de comparer les qualités des produits, sans avoir besoin à chaque fois d'aller regarder les labels sur chaque fiche descriptive.
Cette notation s'appuie sur les labels bien entendu pour tout ce qui est environnemental ou éthique, mais aussi d'autres critères comme la logistique et les modes de livraison, l'absence de matières premières controversées, etc... Un système de notation très complexe, qui semble fiable mais bien difficile à comprendre et dont on ne peut pas vraiment vérifier l'efficacité.
L'autre plateforme de ce type que nous vous avons aussi présentée s'appelle Shopetic et utilise elle des logos pour les différentes catégories de labels : Bio, éthique, Made in France, etc... Elle a donc créée 7 logos (appelés Etictos) qui s'affichent en fonction que les produits ont des labels ou non pour chaque catégorie.
Comme chez Amazon, pour consulter les labels correspondant il faut aller les chercher en milieu de fiche produit dans la section dédiée. Alors autant ça semble très sérieux puisque les labels que nous avons vu sur les quelques références testées sont plutôt fiables, autant dans ce cas l'information officielle est reléguée au second plan.
Hors faire passer ses propres affichages avant les labels est à notre avis problématique, car c'est mieux d'acheter des produits avec plusieurs labels hors les Etictos ne font pas la différence entre un produit qui n'a qu'un seul label et celui qui en a trois. De la même manière les produits avec un seul Etictos sont bien moins écoresponsables que ceux qui en ont trois, et ainsi de suite.
Si sans doutes dans la plupart des cas ces simplifications partent d'une bonne intention, comme nous l'indiquions en introduction le risque est d'arriver au final à l'effet inverse, avec une nouvelle complexification de la compréhension des labels pour une majorité des consommateurs.
Non pas de la faute de ces logos et mentions finalement, mais surtout car les consommateurs ne s'informent pas assez et ne vont pas chercher plus loin que ce qui est indiqué en façade. Hors si ces dispositifs peuvent aider à faire un premier tri, il reste ensuite primordial d'aller regarder en détail les labels et certifications officielles.
C'est d'ailleurs ce que permettent toutes ces mentions alternatives d'un nouveau genre, puisque l'on peut sur les fiches de chaque produit ensuite consulter les certifications et labels. Mais combien de consommateurs vont se contenter d'un logo pour prendre leur décision ?
Combien vont penser qu'ils consomment de manière responsable en voyant le logo Climate Pledge Friendly sur Amazon ? Alors qu'il peut aussi bien s'agir de labels officiels et fiables, mais aussi juste d'une simple adaptation du packaging, etc... Si il faut analyser les logos sur chaque site que l'on visite, ça rend la tâche encore plus complexe.
Il faut dire que le greenwashing des multinationales et grandes marques est tellement présent déjà, et trop souvent également au niveau étatique malheureusement, qu'il est difficile de faire la différence entre ce qui est du réel engagement et ce qui relève de la communication trompeuse.
Alors autant sur les sites comme Cocote ou Shopetic c'est sérieux et assez fiable, car ce sont des enseignes spécialisées dans la consommation écoresponsable qui n'ont pas intérêt à faire n'importe quoi, au risque de ternir leur réputation et donc de faire fuir leur clientèle.
Mais quand les géants du secteur vont s'en emparer, et on voit déjà l'exemple des labels créés par Amazon, on risque d'en voir des vertes et des pas mûres car ils vont s'en servir pour vendre toujours plus au lieu de mieux nous informer.
Comme tous les labels ne se valent pas, il y en a des stricts et fiables quand d'autres le sont beaucoup moins, ces affichages et logos n'auront pas la même rigueur d'un site à l'autre. Si ils devaient se généraliser ils risquent donc d'avoir un impact négatif, car ils vont encore complexifier la compréhension de labels et certifications déjà indigestes.
Au final que vous vous basiez sur des certifications, des labels, des logos ou des mentions, plus il y en aura sur un même produit et mieux ce sera. Mais ça restera toujours de la vente en ligne et il sera souvent plus écoresponsable d'acheter à un petit producteur de proximité, que de se faire livrer un produit bardé de labels qui va parcourir des milliers de kilomètres avant d'arriver chez vous.