Guide des labels du commerce équitable : présentation, comparatif et conseils

Le commerce équitable existe depuis bien longtemps déjà mais est en plein essor ces dernières années, notamment avec l'arrivée de labels nationaux censés assurer une meilleure rémunération aux agriculteurs et producteurs français.

Nous vous faisons découvrir les labels du commerce équitable et ce qu'ils indiquent, surtout pour nous les consommateurs qui achetons aussi en fonction de leur présence sur les produits du quotidien, notamment alimentaires.

Déroulé de l'article :

• les labels équitables se multiplient
• les labels du commerce équitable
• nos conseils utiles pour comparer

Les labels du commerce équitable se multiplient aussi

Nous continuons d'explorer les labels dans différents domaines, même si nous en sommes quasiment toujours déçus puisqu'ils sont bien souvent trop peu restrictifs pour assurer une vraie bonne qualité.

Ils ont aussi cette fâcheuse tendance à se multiplier avec de nouveaux labels, publics comme privés avec des cahiers des charges moins complets, créant une jungle de labels dans laquelle les consommateurs n'arrivent plus à s'y retrouver.

Les labels les plus récents sont d'ailleurs souvent bien plus arrangeants avec les industriels et multinationales de l'agroalimentaire, qui les utilisent comme des arguments marketing plus que des informations fiables pour les consommateurs.

Il y a même maintenant des labels de commerce équitable pour les produits français, alors qu'ils servent à la base principalement à assurer une meilleure rémunération aux producteurs de pays en voie de développement qui exportent vers les pays riches.

Néanmoins des labels même imparfaits, c'est toujours mieux que rien. Alors nous vous présentons les 8 principaux labels dédiés au commerce équitable, vous trouverez pour chacun une petite description afin de comprendre leur utilité.

Nous verrons ensuite quelques conseils utiles pour comparer les produits entre eux, quels sont les labels les plus intéressants et pourquoi vous devriez privilégier ceux qui offrent une meilleure rémunération aux agriculteurs.

Car il est vrai aussi que nos agriculteurs français, et les crises qui se succèdent le confirment, sont loin d'être rémunérés à leur juste valeur ni suffisamment aidés dans la nécessaire transformation du modèle agricole, malgré les lois EGALIM qui sont trop peu respectées.

Nous verrons enfin qu'un des problèmes vient du manque de contrôles, quand vous faites confiance à des multinationales elles en profitent pour s'enrichir par tous les moyens, mais ne sont pas les seules coupables.

Zoom sur les 8 principaux labels du commerce équitable :

• Agri-Éthique France

Nous détaillons les labels par ordre alphabétique et non pas d'apparition, en effet Agri-Éthique France est récent et ne concerne pas des producteurs issus de pays en voie de développement, mais comme son nom l'indique les agriculteurs français, eux aussi bien mal lotis.

Le label Agri-Éthique garanti une juste rémunération aux producteurs, c'est là par contre bien le principal axe d'amélioration censé apporter un label de commerce équitable.

Un label qui intègre aussi des standards de développement durable : un approvisionnement local et durable, la gestion des déchets et réduction de la pollution, des économies d'eau et d'énergies, la lutte contre le gaspillage mais aussi le bien-être animal.

Un contrôle annuel est effectué par un organisme externe (Certipaq) pour vérifier que le cahier des charges est respecté. Nous n'allons pas rentrer dans les détails techniques, mais pouvez consulter le référentiel AEF si vous souhaitez en apprendre plus.

• Bio Équitable en France

Le label Bio Équitable en France lui fixe surtout une série d'interdictions aux productions labellisées, notamment le non recours à des travailleurs détachés ou encore l'engagement de ne pas recourir à des pratiques commerciales pouvant déstabiliser les prix et encourager leur volatilité.

Ils reprend les critères des labels Bio et équitable, ajoutant donc un volet sociétal. On retrouve également l'interdiction des engrais et de produits phytosanitaires de synthèse, mais aussi des OGM. Enfin il intègre un prix minimum des produits, pour garantir une rémunération suffisante aux producteurs.

Vous trouverez plus d'informations dans le référentiel BEF qui est très exhaustif et détaillé, c'est un label assez complet. Trois types de contrôles sont prévus : auto-contrôles, contrôles de l'association et contrôles par un organisme de certification tiers (Tero ou Ecocert).

• Biopartenaire Équitable et Bio

Comme son nom l'indique le label Biopartenaire est tourné vers une production Biologique mais aussi éthique, dans l'alimentation mais aussi valable pour les cosmétiques et les produits de bien-être ou de santé. Il est complété par des valeurs socio-économiques et environnementales, visant notamment à relocaliser les approvisionnements.

Ce label a l'avantage pour les industriels et distributeurs d'intégrer des équivalences avec d'autres labels : Bio Équitable en France, Fair for Life que nous verrons juste après, mais aussi COSMOS ORGANIC pour les cosmétiques. Il établi une rémunération minimale aux agriculteurs et exclu lui aussi les travailleurs détachés.

Vous pouvez consulter le référentiel FiABLE (Filières Attestées Biologiques, Loyales et Équitables) pour voir plus en détail tous les engagements de ce label, et ils sont nombreux car le document fait 65 pages. Il fait référence à un système de contrôles externes, mais nous n'avons trouvé l'organisme chargé de les effectuer.

• Fair for Life

Commerce équitable mais aussi responsabilité sociale et environnementale sont au programme du label Fair for Life, qui peut se traduire en français par « équitable à vie ». Il couvre l'alimentation, mais aussi les produits artisanaux, les cosmétiques ainsi que les textiles avec donc une visée à moyen et long terme.

C'est sans doute un des labels les plus restrictifs, imposant dans l'alimentation un minimum de 80% de matières premières issues du commerce équitable. Mais aussi 70% pour les autres filières : cosmétiques, produits artisanaux et textiles (fibres), nous verrons ce que ça représente en conclusion.

Le référentiel Fair for Life est d'ailleurs notre champion avec pas moins de 116 pages, avis aux amateurs. Des contrôles en interne et des audits externes sont prévus (Ecocert ou IMO) pour garantir le respect du cahier des charges du label, bref c'est carré et semble bien géré.

C'est à notre connaissance le seul qui intègre un volet sur les communications et la publicité pour encadrer l'utilisation du label, qui doivent être selon leurs termes : honnête et validée avant publication.

• Fairtrade Max Havelaar

Voilà un des tous premiers labels équitables à avoir vu le jour, vous devez le croiser en rayons depuis plusieurs années et le connaître. Le label Fairtrade Max Havelaar garanti une juste rémunération des producteurs de l'hémisphère sud sur les produits importés dans l'hémisphère nord.

Car si le principe a été décliné aux niveaux nationaux comme les premiers labels que nous avons détaillés, c'est bien le but premier des labels équitables d'éviter que des entreprises profitent d'une main d'oeuvre à bas coût dans le sud pour revendre chez nous leurs produits avec un gros bénéfice à la clé.

Bref le label Max Havellar est sans doute le plus connu donc il n'est plus besoin de le présenter, vous trouverez les référentiels ici pour plus d'informations. Ils appuient bien sur le fait que des contrôles stricts et réguliers (réalisés par FloCert) sont mis en place pour garantir l'application des cahiers des charges, ce qui n'est pas le cas de tous les labels.

C'est également le label le plus restrictif puisqu'il exige tout simplement que 100% de la composition de produits transformés doit être issue du commerce équitable, du moins pour les cultures et productions soumises au label.

Enfin attention tout de même car si vous voyez une flèche à côté du logo Max Havelaar, ça indique qu'il faut retourner le paquet pour trouver plus d'informations, et ce logo fléché ne nécessite que 20% de matières premières issues du commerce équitable, ce qui est pour le moins trompeur.

•  SPP France commerce équitable

Le label SPP pour « Symbole des Producteurs Paysans » fait la part belle à l'agriculture paysanne, il est géré par les organisations de petits producteurs. Ce label engage les membres sur des thématiques de traçabilité, de prix minimum garanti et pour assurer un développement dynamique des exploitations agricoles.

Notons que si 100% des matières premières doivent répondre aux engagements, c'est par contre un des labels les moins exigeants pour les produits composés. Ils peuvent se contenter de 25 à 50% du poids du produit fini issu de la filière SPP, ça fait un peu léger à notre avis mais nous allons voir ça juste après justement.

Il exige par contre que la transparence soit faite sur l'étiquetage qui doit bien mentionner les matières premières issus du label SPP et leur taux dans le produit fini. Pour plus d'informations vous pouvez bien entendu là aussi vous reporter sur le référentiel SPP qui est bref mais précis.

• Label Tourisme Équitable

Vous l'aurez deviné ce label est dédié aux acteurs du tourisme, le Label Tourisme Équitable est géré par l'ATES (Association pour le Tourisme Équitable et Solidaire). Il impose aux employeurs de respecter le droit du travail et le bien-être de leurs employés, l'autre aspect est fait d'engagements en faveur de l'environnement.

Ils s'engagent à privilégier des fournisseurs et consommables écoresponsables, mais aussi à réduire les consommations d'eau et d'énergie ainsi que les déchets. Le dernier aspect concerne la transparence et l'information aux voyageurs, qui doivent pouvoir constater les efforts réalisés.

Vous pouvez consulter le référentiel là aussi qui indique les axes de travail et obligations que doivent respecter les entreprises souhaitant arborer le label.

Attention par contre de ne pas le confondre avec le label Qualité Tourisme que nous vous avions présenté en 2021 mais qui ne s'applique qu'aux établissement français.

•  World Fair Trade Organization

Dernier label équitable avec celui de la World Fair Trade Organization qui est principalement axé sur l'aspect conditions de travail et rémunération avec l'interdiction du travail forcé ou de l'emploi d'enfants (oui ça existe encore de nos jours malheureusement), mais aussi des engagements de non discrimination et d'égalité entre hommes et femmes.

C'est très résumé et ce label traite de l'ensemble des conditions de travail, d'autant plus important que c'est un label international qui s'applique dans les régions du monde ou elles sont trop peu respectées.

Son autre volet est environnemental : de l'approvisionnement en matières premières aux expéditions, en passant par la production et les emballages tout est fait pour réduire l'impact des produits labellisés.

Vous pouvez consulter le référentiel WFTO un peu compact mais très complet pour tout savoir sur ce label, seule réserve avec des contrôles semble t'il principalement effectués en interne mais ne faisant pas appel à un organisme certificateur externe.

Quelques conseils utiles pour mieux comparer les labels :

Comme souvent, la plupart des labels Bio et éthiques listés ci-dessus ne garantissent pas aux consommateurs des produits 100% issus de productions équitables et/ou écoresponsables, tous ne sont pas adossés à une culture biologique non plus.

Tous les labels ne se valent pas et n'ont pas les mêmes niveaux d'exigences, même si l'on retrouve toujours plus ou moins les mêmes engagements pour une meilleure rémunération avec des valeurs sociales et environnementales, c'est donc mieux que rien même pour les moins restrictifs.

Car si les labels du commerce équitable sont souvent exigeants sur les matières premières brutes, donc intéressants pour acheter du café, du thé ou du cacao par exemple.

Ils le sont beaucoup moins quand il s'agit de produits transformés avec plusieurs ingrédients, pour lesquels selon les labels de 20% à 50% de matières premières issues du commerce équitables suffisent parfois pour arborer le label.

Le label Max Havelaar par exemple impose 100% de matières premières équitables, exception faite des produits qui ne sont pas admissibles au label (œufs ou noisettes par exemple). Mais quand il y a une flèche à côté du logo par contre, on tombe à 20% de produits labellisés minimum.

Pour voir le détail il faut retourner le paquet, mais si vous ne le savez pas vous ne faites pas la différence. Enfin, si le logo du label est sur fond blanc avec le nom d'un produit (cacao ou café par exemple), c'est que seul ce produit est issu du commerce équitable mais pas le reste des ingrédients.

Le label Fair For Trade lui impose 80% de matières premières équitables dans l'alimentation et 70% pour les autres gammes de produits labellisés : cosmétiques, textiles, etc... C'est à notre connaissance le plus exigeant pour les produits transformés et donc celui que vous devriez chercher en priorité.

L'autre différence entre les labels vient des moyens de contrôle mis en place, si vous voulez en savoir plus il faut aller à la pêche aux infos et ce n'est pas toujours évident. Ils peuvent être de plusieurs types : auto-contrôles, contrôles des équipes du label, confiés à un organisme externe, réalisés à distance ou sur place, etc...

Dernier élément à connaître, certains labels en reconnaissent d'autres. Ce qui permet aux marques pour les produits cuisinés de se fournir plus facilement chez des producteurs avec différents labels, tout en pouvant quand même faire labelliser leurs produits transformés.

Si l'on prend par exemple le label Fair for Trade qui est un des plus exigeants, il reconnait les produits issus des labels Fairtrade (Max Havelaar) et SPP (Symbole de Paysans Producteurs), c'est un système d'équivalences qui est utilisé par plusieurs labels.

Si les labels du commerce équitable ont été conçus pour les produits importés des pays en voie de développement vers des pays riches, ils existent aussi désormais pour soutenir l'agriculture française. Ce qui en dit long sur l'état de notre système de production agricole, essoré entre industriels de l'agroalimentaire et distributeurs sans scrupules.

Les labels assurant une juste rémunération aux agriculteurs français n'en sont donc pas moins importants, il est primordial de les privilégier autant que possible puisque l'on voit bien la situation dans laquelle ils se trouvent aujourd'hui.

Vous avez plus d'informations sur les labels équitables sur le site qui leur est dédié, ainsi que des articles similaires écrits par nos soins ci-dessous pour vous informer sur les autres labels, car il en existe des centaines et des centaines (donc beaucoup trop).

NDLR : article écrit en 2022, mis à jour en 2024

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