le média libre et indépendant qui vous aide à mieux consommer au quotidien !

Conso : notre guide pour apprendre à lire et comprendre les étiquettes alimentaires

Dans cet article nous nous intéressons aux étiquettes des produits alimentaires et découvrons comment bien les comprendre, nous allons vous donner toutes les informations utiles pour les décrypter.

Car l'industrie agroalimentaire cherche par tous les moyens à vous tromper sur la qualité des produits, la provenance des matières premières, sur la contenance de leurs emballages, etc... En jouant sur les mots et pour vous faire miroiter des bénéfices sur la santé.

Il faut apprendre à interpréter les différents éléments importants des étiquettes de l'alimentation, suivez notre guide pour mieux vous nourrir sans vous faire berner par de jolis emballages souvent trompeurs.

Déroulé de l'article :

 

Introduction et mise en perspective :

Cuisinier de métier j'ai une bonne connaissance de tout ce qui touche à l'alimentaire et donc aussi dans la lecture des étiquettes, et de leurs petites cachotteries.

Nous retrouvons années après années les mêmes arnaques et techniques peu scrupuleuses (mais légales) pour tromper les consommateurs : shrinkflation, greenwashing, fausses promotions, changements de recettes, etc... Tout est bon pour augmenter ses bénéfices au détriment des consommateurs.

Nous allons donc faire le tour des éléments à bien regarder et comprendre sur une étiquette avant de placer le produit dans votre chariot. Les informations légales déjà bien entendu, mais aussi pour apprendre à décrypter les informations trompeuses.

Explorez la composition, l'estampille sanitaire, la valeur nutritionnelle, les additifs, la date limite de consommation, Nutri'Score, Planet-Score, et méfiez-vous des arnaques des mentions marketing.

Pour les industriels tous les moyens sont bons pour attirer le regard sur ce qu'ils veulent mettre en avant, mais le plus intéressant à regarder ce sont justement bien souvent les informations invisibles qu'ils cherchent à cacher.

Maintenant que vous savez à quoi vous en tenir, nous allons faire le tour des aspects importants qui se trouvent sur les étiquettes. Au premier rang desquels on va trouver la composition, mais c'est loin d'être la seule information utile si l'on sait où regarder.

Nous allons donc ensuite regarder l'estampille sanitaire qui vous informe sur la provenance, puis la valeur nutritionnelle ainsi que les additifs et colorants ou encore la date limite de consommation. Bref, vous saurez tout ce qu'il est nécessaire de regarder pour savoir décrypter les étiquettes alimentaires.

 

Quels sont les 5 éléments de base d'une étiquette ?

Bien entendu la composition d'un produit, si il n'est pas brut, est la première chose à regarder si vous vous souciez de ce que vous ingurgitez. Pour celles et ceux qui surveillent leur ligne avec les sucres et les graisses ou ceux qui veulent manger sainement afin d'éviter les additifs, conservateurs, etc...

Déjà, la première chose à savoir est que les ingrédients sont listés par ordre d'importance dans le produit fini. Le premier indiqué est donc le principal ingrédient de la recette et celui dont la quantité est la plus importante. On déroule ensuite la liste dans l'ordre jusqu'au dernier ingrédient, qui est celui présent dans la plus petite quantité.

Si par exemple la composition commence par "sucre" puis "farine", cela indique qu'il y a plus de sucre que de farine dans le produit. Si la composition commence par "eau" c'est que le produit est plein de flotte, pour un aliment liquide c'est plutôt logique mais ça l'est moins sur un aliment à texture solide.

Les parenthèses servent à indiquer la composition d'un produit déjà cuisiné utilisé dans la recette, par exemple pour des fruits confits on va avoir entre parenthèse (sucre, fruits 1/2/3, sirop de glucose) puis la recette reprend avec l'ingrédient suivant.

Les ingrédients indiqués en gras correspondent aux éventuels allergènes, si vous êtes donc allergique à un certain type d'aliments (fruits à coques, gluten, etc...) vous devez déjà avoir pris l'habitude de retourner le paquet pour lire sa composition.

Lire la composition des produits est une habitude que nous devrions tous prendre pour savoir ce que l'on mange, directement en rayon ou plus tard à la maison si vous êtes pressé(e). Le but est au fur et à mesure d'adapter votre liste d'achats pour éliminer les produits trop transformés et leur trouver des alternatives plus saines.

liste-ingredients
pensez à regarder la liste des ingrédients (crédit image : pixabay)

Un des points à vérifier sur un produit alimentaire est son estampille sanitaire communément appelée « cachet vétérinaire » qui se trouve sur la plupart d'entre eux et indique leur provenance. L'estampille est obligatoire pour tous les produits d'origine animale qu'ils soient bruts ou transformés y compris les œufs, le lait et les plats préparés à base de viande.

Il est d'ailleurs courant de voir la même estampille sur un produit de grande marque et son équivalent en marque distributeur, ce qui indique clairement que le produit vient de la même usine de production, cela ne veut pas toujours dire qu'ils sont identiques pour autant au niveau de leur composition.

Tout dépend de leur nature : si c'est un produit brut ou peu transformé, il sera sûrement identique ou qualitativement très proche. Alors que pour des plats complexes avec toute une liste d'ingrédients, des modifications de la qualité de certains d'entre eux peut expliquer la différence de prix (par exemple en remplaçant l'huile de tournesol par de l'huile de palme).

Vous trouverez sur l'estampille sanitaire plusieurs informations : le pays de fabrication, le département, la commune et le numéro d'identification de l'entreprise. L'estampille sanitaire permet de s'assurer que le produit a bien été fabriqué en France, et dans quel département. Les autres informations sont plus à destination des contrôles et de la traçabilité en cas de problème sanitaire.

Prenons un exemple : si vous trouvez en rayon une choucroute haut de gamme et onéreuse arborant un joli blason alsacien mais que le cachet vétérinaire indique qu'elle a été fabriquée en région parisienne, vous n'achetez pas un produit artisanal et local.

Selon le produit il peut y avoir également quelques particularités complémentaire, c'est le cas pour les œufs par exemple dont le signe national (FR pour France, UK pour le Royaume-Uni ou ES pour l'Espagne) indique le pays d'élevage. Il est précédé d'un chiffre qui défini lui le type d'élevage des poules pondeuses comme suit :

  • 0 = élevage Bio

  • 1 = élevage en plein air

  • 2 = élevage au sol (à éviter)

  • 3 = élevage en cages (à éviter)

Cette indication se retrouve non pas sur l'emballage mais directement sur la coquille de chaque oeuf, pour tout savoir sur les œufs vous pouvez également consulter cette fiche pratique de la DGCCRF.

les informations de l'estampille sanitaire (crédit image : Tests et Bons Plans)

les informations de l'estampille sanitaire (crédit image : Tests et Bons Plans)

Si vous faites attention à votre ligne et/ou à la qualité de votre alimentation, le petit tableau des calories et valeurs nutritionnelles est votre ami. On évite ce qu'on appelle les calories vides au profit de celles qui vous apportent des fibres, des vitamines, de bons acides gras, de l'énergie, etc...

Il est vrai que le nouvel indice Nutri-Score apporte un début de réponse en facilitant la lecture de la qualité globale d'un produit, mais bien entendu suite aux pressions exercées par les lobbys sur nos politiques, il n'a pas été rendu obligatoire donc c'est pour le moment au bon vouloir des industriels de l'afficher ou pas.

Je viens de faire un tour dans le frigo et les placards pour voir si j'en trouvais, mais il sont encore très peu apposés sur les produits trop caloriques. On en trouve principalement sur les produits bien notés, servant plus comme élément de marketing que comme réel indicateur de qualité pour les consommateurs.

Nous n'allons pas faire un cours de nutrition vous savez tous quels sont les aliments peu nutritifs et quels sont ceux qui apportent de bonnes calories, de manière générale mieux vaut éviter les plats cuisinés et acheter des produits bruts.

le tableau des valeurs nutritionnelles

le tableau des valeurs nutritionnelles

Il ont fait l'objet de nombreuses enquêtes et avertissements mais il n'est pas évident, même pour nous autres cuisiniers, de savoir exactement quels sont les bons et les mauvais additifs car ils sont loin de tous poser problème.

On reconnaît un additif sur une étiquette par son chiffre, c'est souvent le seul composant d'une recette qui n'est pas écrit en toutes lettres. Ils ont en commun qu'ils commencent tous par la lettre E, et il en existe plusieurs centaines ce qui ne facilite pas la tâche.

Il est donc particulièrement difficile de se souvenir que le E103 correspond à la Chrisoïne S (colorant jaune) et est potentiellement nocif, alors que le E140 correspond à la chlorophylle (colorant vert) qui est lui à priori sans aucun danger.

Nous vous recommandons de lire le tableau des additifs de WebAdditifs qui recense et classe les additifs selon leur dangerosité, l'idéal serait même de mémoriser ou noter les plus mal classés et d'éviter d'acheter des produits qui en contiennent.

Vous pouvez aussi utiliser des applications smartphones qui permettent de scanner les codes barres pour voir les ingrédients qui posent problème. Plusieurs existent mais nous vous conseillons l'application de Que Choisir ou celle d'OpenFoodFacts qui sont fiables et complètes.

attention aux additifs controversés (crédit image : WebAdditifs)

attention aux additifs controversés (crédit image : WebAdditifs)

Enfin, il reste plus que jamais important de penser à regarder la DLC (Date Limite de Consommation) ou DDM (Date de Durabilité Minimale) anciennement connue sous l'acronyme DLUO de tous les produits, elle indique la durée de conservation des aliments :

  • La DLC indique une date à partir de laquelle il devient dangereux de consommer le produit, elle est présente sur les produits frais qui sont à consommer rapidement.

  • La DDM  indique la date à partir de laquelle l'aliment commence à perdre en qualité, sans pour autant qu'il soit dangereux de le consommer après cette date.

Voilà il n'y a pas grand chose de plus à dire, pour les aliments frais la date est courte (DLC) et mieux vaut la respecter même si l'on n'est souvent pas non plus à deux ou trois jours près, les viandes blanches et poissons étant les produits les plus fragiles.

Les produits laitiers eux sont souvent encore consommables sans soucis plusieurs jours voir semaines après la date indiquée. Dans tous les cas pensez avant de manger un produit dont la date est dépassée à le sentir et goûter une petite quantité pour vérifier, en cas de doute abstenez vous.

Pour les produits à longue conservation (DDM) qui correspondent principalement à l'épicerie et aux conserves, la date indique le délai de conservation conseillé. Les produits restent consommables après sans risques pour la santé, mais peuvent avoir moins de saveur et/ou une texture moins agréable.

Pour terminer nous vous proposons une petite fiche de l'ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, etc...) qui récapitule les points à vérifier sur une étiquette, avec toutes ces informations vous êtes armés pour comparer et mieux acheter !

verifier-la-dlc
pensez à vérifier les DLC (crédit image : pixabay)

 

Le Nutri'Score et le Planet-Score :

Ces dernières années, les indicateurs censés aider les consommateurs à comparer les produits se sont multipliés sur le principe du diagnostic énergétique avec son classement de A à E (ou F) et un code couleur du vert au rouge.

Dans le domaine de l'alimentation, c'est le Nutri-Score qui s'est vite imposé pour tenter de nous aider à choisir des produits plus sains. D'abord instauré en France il a ensuite été adopté par plusieurs autres pays européens (Belgique, Allemagne, etc...).

Le parlement européen a envisagé de le généraliser et de le rendre obligatoire dans l'ensemble des pays de l'Union, mais devant le lobbying intensif du lobby agro-alimentaire soutenu par le gouvernement italien, le dossier est au point mort depuis 3 ans.

Il n'a d'ailleurs jamais été rendu obligatoire dans les pays qui l'utilisent, permettant aux industriels de choisir de l'apposer sur leurs emballages quand il leur est favorable, mais aussi et surtout de ne pas l'afficher si il risque de leur faire mauvaise publicité.

Son calcul a été revu début 2024 pour le rendre plus précis et juste, engendrant immédiatement une vague de disparition sur les produits dont la note aurait baissée. 

Certains industriels préfèrent le remplacer par un autre indice, plus complet avec plusieurs éléments mais qui ne s'intéresse pas à la qualité des aliments. C'est le Planet-Score qui est un affichage environnemental complémentaire du Nutri-Score, indiquant les conditions de production et de transport.

Lui non plus n'est bien entendu pas obligatoire et finalement quelque soit l'affichage c'est le problème, car ils ne sont utilisés par les industriels que comme élément de marketing pour vendre plus en affichant au choix soit l'un soit l'autre, voir aucun des deux si ils ne leurs sont pas favorables.

planet-score
le nouvel affichage Planet-Score

 

L'arnaque aux allégations du marketing

Outre ces deux affichages contrôlés mais optionnels, les industriels ne manquent pas d'imagination pour faire la promotion de leurs produits, ou plutôt d'une petite partie de leurs produits qu'ils veulent mettre en avant pour vous faire miroiter des bénéfices souvent inexistants.

Comme nous l'avons vu dans notre article sur les labels de l'alimentation même les produits labellisés ne sont pas toujours un vrai gage de qualité. Alors autant vous dire que les mentions qui ne répondent pas à un cahier des charges précis, ouvrent la voie à tout et n'importe quoi.

On retrouve beaucoup de mentions dites de frenchwashing faisant croire à des produits Made in France qui ne le sont pas tant que ça, avec par exemple des usines de production en France mais des ingrédients largement importés d'Asie ou d'ailleurs.

Ce vont être les mentions indiquant le lieu de fabrication : cuisiné en Bretagne, assemblé en France, etc... Mais aussi qui ne mettent en avant qu'une seule des matières premières : filière blé française, beurre de Normandie, oeufs de nos régions, etc...

Dans les rayons des supermarchés, les étiquettes affichant le drapeau tricolore, la mention « France » en lettres capitales ou la carte de l’hexagone prolifèrent (...) Le verdict est sans appel : grandes marques, marques de distributeurs mais aussi bio mettent en avant le « made in France » pour des aliments qui ne contiennent parfois pas le moindre ingrédient français (...) Les étiquettes regorgent d’inventivité pour leurrer les consommateurs qui croient, à tort, soutenir les filières françaises.

FoodWatch

Même principe avec les allégations de santé qui elles visent à faire croire que des produits sont bénéfiques pour votre santé, alors que bien souvent ils ne le sont pas vraiment. On trouve des mentions de type : riche en vitamines, en fer ou en fibres, améliore le transit intestinal, boost le système immunitaire, etc...

Par exemple si vous achetez un paquet de biscuits avec indiqué en gros "filière blé française" et "-20% de sucre", mais qu'ils ont remplacé le beurre par de l'huile de palme importée du Brésil et une partie du sucre par du sirop de glucose, ce n'est pas un produit local ni non plus bon pour la santé.

Cet article date de 2017 et 7 ans plus tard force est de constater que rien n'a changé, ni les pratiques et encore moins la législation qui ferme les yeux sur ces arnaques sous le poids des puissants lobbys industriels.

Pire ce n'est pas la seule inexactitude que l'on trouve sur les étiquettes, elles en sont même remplies. Il y a encore et toujours en 2024 des emballages surdimensionnés alors même que nous sommes en plein effort pour réduire collectivement notre impact environnemental.

On trouve toujours en rayon des yaourts aux fruits sans fruits, des produits grand format vendus plus chers au kilo ou au litre, des changements de recettes et des diminutions de produit pour augmenter le prix en douce (shrinkflation), des produits bourrés de nombreux additifs, etc...

attention aux arnaques du Made in France (crédit image : FoodWatch)

attention aux arnaques du Made in France (crédit image : FoodWatch)

L'industrie agroalimentaire est prête à absolument toutes les bassesses pour vous tromper, c'est triste mais la réalité du monde dans lequel nous vivons. Sa principale préoccupation est d'augmenter ses profits pour reverser toujours plus de dividendes à ses riches actionnaires, notre santé elle ne leur importe que très peu.

Ne vous laissez pas berner par les jolis emballages et regardez les mentions obligatoires que nous avons expliquées, mais aussi et surtout les informations manquantes qui sont bien plus instructives que celles mises en avant sur les emballages par les services marketing de l'industrie agro-alimentaire : quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup !

NDLR : article paru en 2017, mis à jour en 2024

Découvrez des articles similaires :

Retrouvez nos articles d'aide à la consommation

Si la liberté n'a pas de prix, elle a un coût !

Aidez nous à rester libres et indépendants, sans publicités ni abonnement, faites un don !

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article