Actualités : zoom sur la promotion 2023 de la French Tech 120

La nouvelle promotion de la French Tech Next40/120 vient de paraître pour l'année 2023. Nous avons regardé les entreprises qui composent cet indice, qui permet aux start-up françaises les plus prometteuses de bénéficier d'un accompagnement. Alors, quelles sont ces pépites qui peut-être demain révolutionneront notre façon de consommer ? Découvrez la réponse dans notre article.

À quoi correspondent ces indices French Tech 120 et Next 40 ?

Avant de rentrer dans les détails précisons pour celles et ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces indices à quoi ils correspondent. Il y a deux parties donc, la French Tech 120 qui réuni les 120 jeunes entreprises à haut potentiel économique. Le haut du panier c'est le Next40 dont le nom s'inspire du CAC40 et sélectionne donc les futures grandes entreprises françaises en devenir.

La nouveauté pour 2023 c'est que les indices de la French Tech intègrent désormais un aspect sociétal et environnemental, issu du projet de transformation que porte le gouvernement avec son plan France 2030. On a même le droit en introduction à un discours du ministre de l'économie, celui qui fait « péter le champagne » à chaque fois que Total Énergies annonce des bénéfices record.

Vous l'aurez compris, la suite de notre article ne va pas être une célébration des jeunes entreprises françaises. Car même si dans le lot il y en a sans doutes certaines qui sont très bien et vont participer à construire la société de demain, les indices de la French Tech sont surtout une histoire de gros sous et fleurtent parfois avec le greenwashing.

Car il faut tout de même comprendre comment sont sélectionnées ces entreprises : sur les nouveaux critères de qualités sociales et environnementales dans un monde qui change ? Non. Sur la satisfaction de leur clientèle ? Non plus. Pour rejoindre le Next40 la seule chose qui compte c'est le fric, le flouse, le cash et il faut surtout savoir faire pleuvoir les millions !

Pour intégrer l'indice Next 40 il n'y a qu'un seul critère : avoir fait une levée de fonds de plus de 100 millions d'euros dans les deux années précédentes, ou être déjà considéré comme une licorne (soit une entreprise valorisée à plus de 1 milliard de dollars).

C'est plus ou moins la même chose pour l'indice French Tech 120 puisque 40 places sont réservées aux entreprises ayant réalisé au moins 40 millions d'euros en levées de fonds et les 40 autres sont promises aux entreprises qui réalisent plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaire avec une croissance moyenne d'au moins 25%.

Alors du coup dans tous ces chiffres qui tiennent plus de l'économie libérale et de la cotation en bourse, qu'en est il des aspects qui ont vraiment de l'importance : les consommateurs, les valeurs sociétales et environnementales, la participation à l'effort collectif, la satisfaction des clients, etc... Allez savoir, ils ne sont en tous cas pas assez importants pour gagner sa place dans la fine fleure de l'entreprenariat français.

Combien de nouvelles start-up rejoignent la promotion 2023 ?

Il y a 27 nouveaux entrants dans la promotion 2023 de la French Tech 120, soit un peu moins que l'an dernier (il y en avait eu 30). Ce sont par contre 11 nouvelles start-up qui rejoignent l'indice Next40, soit plus d'un quart de l'effectif renouvelé.

Nous n'allons pas détailler tous les nouveaux entrants, vous pouvez chercher par vous même ce qu'ils font sur Google (ah mince c'est pas un moteur de recherche français). Prenons deux exemples tout de même, qui sont mis en avant par la French Tech comme des entreprises de la transition écologique pour la première et de développement d'une alimentation plus durable pour la seconde.

Autant de choses qui nous intéressent en tant que consommateurs, la première est donc une GreenTech qui s'appelle Sweep, elle vient d'intégrer la French Tech 120 et aide les entreprises à réduire leurs émissions carbone. Voilà quelque chose d'utile qui va nous aider à ne pas complètement dérégler notre climat, la transition écologique c'est important et même primordial.

Mais ils ne vont pas aller planter des arbres ou creuser des puits de carbone, non non monseigneur ils éditent un logiciel qui permet aux entreprises de collecter, suivre et vérifier leurs émissions. Sur cette base ils sont ensuite en mesure de proposer la mise en place de plans d'action pour les réduire, bon c'est un encore un logiciel SaaS pour les entreprises quoi.

C'est joliment présenté, mais de notre point de vue c'est plus une solution numérique qui va permettre aux entreprises de faire de la communication et donc si elles le souhaitent continuer à verser dans le greenwashing. On sait désormais que les systèmes de compensation et d'achats de crédits carbone sont une vaste fumisterie, alors les optimiser par informatique n'apporte pas grand chose de plus à notre avis.

Pour mieux nous alimenter vous avez aussi dans l'indice French Tech 120 la start-up Myditec, qui elle veut mettre les nouvelles technologies au service du monde agricole. Elle est présentée dans le dossier de presse de la French Tech 40/120 comme une des entreprises pour le développement d'une alimentation plus durable (et la seule qui n'élève pas des insectes).

C'est bien ça aussi, nos agriculteurs et éleveurs connaissent des périodes difficiles, aidons les. Alors, que propose cette entreprise innovante : des alternatives aux pesticides qui détruisent l'environnement, polluent notre eau et altèrent notre santé ? En fait non, ce n'est pas ça.

Des outils pour réduire la consommation d'eau dans le monde agricole et éviter les méga bassines, alors que la sécheresse impose des restrictions d'eau à la population française dès le mois de mars cette année ? Et non, encore raté (pas de bol).

Myditec propose, et nous citons car c'est que l'on peut lire sur leur page d'accueil : « des objets connectés avec des algorithmes aux services de l'optimisation des coûts ». Alors là oui, la Confédération paysanne n'a qu'à bien se tenir car si ça ce ne sont pas des purs engagements environnementaux pour nous aider à mieux manger, on ne sait pas ce qu'il vous faut.

Bref, nous pourrions continuer comme ça encore longtemps, mais vous avez compris le principe : est-ce que ces entreprises vont nous aider à mieux manger ou respirer ? Ce n'est pas gagné. Il n'est pas question pour la French Tech de vraiment rendre le monde meilleur (même si elle le crie haut et fort), ce qui compte c'est combien d'argent vous arrivez à lever et combien vous pourriez en rapporter dans quelques années.

Notre avis sur la French Tech Next40/120 et conclusion :

Malheureusement et même si il y a sans doutes quelques très bonnes entreprises dans la sélection des jeunes pousses de la French Tech 120, on voit qu'elles sont encore et toujours bien ancrées dans l'ancien monde. Il n'y est question que d'argent et de revenus, de licornes et de milliards engrangés, saupoudré d'un peu de greenwashing et de socialwashing mais le reste ne semble au final pas avoir une grande importance.

Même si la French Tech se vante d'avoir intégré des valeurs sociétales et environnementales dans sa nouvelle promotion 2023, le compte n'y est pas. Seulement 15 des ces start-ups sont dirigées ou co-fondées par des femmes, soit à peine plus de 10% et il n'y en a qu'une seule dans l'indice Next 40 (soit 2,5%).

On est bien loin de l'égalité homme/femme pour les nouvelles entreprises françaises, car si on enlève les cocréatrices en vérité sur 120 entreprises seulement 4 sont réellement dirigées par des femmes plus 2 qui sont en codirection. Il n'en reste pas moins que ça marche fort, puisque selon une étude de l'IFOP il y aurait 62% des français(e)s qui utilisent déjà un des services des entreprises du Next40/120 au moins une fois par mois.

Il est vrai que l'indice est porté par quelques fleurons : BlaBlaCar, Doctolib ou encore Vestiaire Collective qui attirent énormément de consommateurs français. Sauf que tout ça ce ne sont que des chiffres portés par un marketing intensif et qui semble bien huilé, est-ce suffisant pour en faire des fleurons français dont nous avons de quoi être fiers ?

Car ça ne nous donne pas par contre le taux de satisfaction des utilisateurs, puisque l'on retrouve dans cette promotion et depuis des années d'ailleurs des entreprises cupides qui misent toute leur stratégie sur la communication, plus que la satisfaction et la qualité du service clients.

Comme par exemple Back Market qui est assigné en justice par l'association UFC Que Choisir pour « pratiques commerciales trompeuses », ou encore Mano Mano que nous avions testé et à qui nous avions attribué la note de 2/5 (ça date de 2018 il est vrai). Bref autant de sites de vente en ligne que nous évitons comme la peste en tant que consommateurs, mais qui sont des licornes de l'indice Next 40.

Autrement dit, la French Tech ne semble pas avoir grand chose à faire des consommateurs français, de l'égalité entre les hommes et les femmes ou de l'environnement car toutes les entreprises sont les bienvenues du moment que l'argent y coule à flots. Un peu dommage à notre avis car elle pourrait porter de belles valeurs, mais elle se contente d'un beau discours pour laisser penser que c'est le cas !

Découvrez les meilleures innovations technologiques pour les consommateurs