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Dans l'actualité nous avons été atterrés de voir qu'en pleine contestation des agriculteurs, une association de consommateurs a trouvé en hiver des fraises cultivées au Maroc arborant un label environnemental vendues en supermarché.
Non seulement ce n'est pas du tout la saison des fraises (c'est l'été), elles ne sont pas cultivées en France, elles sont emballés dans du plastique, mais en plus elles arborent un joli label « produit responsable » décerné par une association française. Rien ne va dans cette histoire, pourtant ce type de pratiques se multiplient.
Essayons de tirer cette affaire au clair et de comprendre comment on peut en arriver à de telles absurdités, pourquoi les politiques devraient agir plutôt que de venir dans les médias rejeter la faute sur Pierre, Paul ou Jacques.
Déroulé de l'article :
L'idée d'écrire cet article nous est venue en lisant un article de l'association de consommateurs UFC Que Choisir, qui regrette de pouvoir acheter en plein hiver dans un magasin Carrefour des fraises cultivées au Maroc et labellisées « responsables ».
Nous verrons ensuite que c'est un sujet que nous souhaitions aborder depuis quelques semaines, nous avons trouvé là l'occasion de le faire pour dénoncer des dérives inquiétantes.
La fraise est en effet un fruit qui pousse l'été dans nos contrées, ce qui choque ce n'est pas tant la saisonnalité même si il serait bien que les consommateurs essaient tout de même de les respecter, mais le label privé sur le paquet.
Car comme l'explique l'UFC Que Choisir, c'est un label privé décerné par l'organisation Demain la Terre qui indique en gros sur le paquet de fraises : « produit responsable ». Sauf que, on voit bien que ces fraises n'ont en vérité pas grand chose de responsable si l'on prend en compte tous les paramètres.
Déjà comme évoqué car ce n'est pas la saison, elles ont été cultivées au Maroc avec une variété de fraises résistantes qui pourront être transportées sans s'abîmer jusqu'en France (soit environ 2.000 kilomètres).
Voilà qui devrait plaire aux agriculteurs français, cerise sur le label elles sont emballées dans une boite en plastique elle même sous blister plastique, c'est responsable les emballages en plastique ?
Pas sûr, mais derrière cet exemple qui frôle le grotesque, tout autant que doivent être les consommateurs qui achètent ces fraises étrangères hors saison (sans doute très onéreuses), se pose donc la question de la multiplication des labels.
Justement nous avions pris en photo il y a quelques semaines des pommes labellisées HVE (Haute Valeur Environnementale) avec en plus un second label (privé) « vergers écoresponsables », mais là encore emballées dans un double étui en plastique croisées au supermarché du coin (enseigne Super U).
Ce qui nous avait déjà parût aberrant puisqu'il y avait d'autres pommes juste à côté, non labellisées certes mais vendues en vrac et cultivées par des producteurs de proximité, qui nous semblaient donc bien plus responsables d'un point de vue environnemental et étaient moins onéreuses.
Alors dans ce cas le soucis vient surtout du plastique et de leur provenance, française certes mais tout de même produites à l'autre bout de la France (en Occitanie à près de 500 km) alors que nous en cultivons en région Centre quelques 89.000 tonnes par an.
On retrouve ces mêmes techniques de vente donc, avec de beaux affichages pour verdir l'image de produits qui le sont plus ou moins, voir parfois assez peu et trop souvent emballés dans du plastique qui lui n'a vraiment rien de responsable.
La grande loi qui devait permettre de supprimer les emballages plastiques des fruits et légumes a été comme d'habitude sabordée et réduite à peau de chagrin pour ne pas froisser l'industrie plastique, comme nous l'évoquions dans notre tribune sur le plastique de l'été dernier.
Pour autant les producteurs de fruits et légumes ne sont pas obligés de perpétuer ces mauvaises pratiques, de payer pour pouvoir afficher plusieurs labels sur leurs emballages. Ni les consommateurs de les acheter, car si on les trouve en magasin c'est bien qu'ils trouvent preneur.
Mais l'autre question qui se pose est de savoir à quoi servent ces labels et logos qui fleurissent partout et ne semblent plus avoir aucun sens. Entre labels officiels décriés et labels privés le but est il toujours d'informer le consommateur, ou de faire du marketing pour vendre tout et n'importe quoi ?
Nous avons tous la réponse grâce à ces exemples criants, les producteurs ont un large choix de logos et de labels qu'ils peuvent choisir en fonction de leurs besoins, si le Bio est trop exigeant pourquoi s'embêter alors qu'il en existe tant d'autres bien plus simples à obtenir ?
Si l'on reprend l'exemple du label « produit responsable » de Demain la Terre mis en exergue par l'UFC Que Choisir, c'est pourtant un label français géré par une association de loi 1901 à but non lucratif.
Sur leur site ils arborent fièrement des partenariats avec le ministère de l'agriculture et le ministère de la transition écologique, l'OFB (Office Français de la Biodiversité) décrié par certains agriculteurs, l'ADEME (agence de la transition écologique) et bien d'autres acteurs (soit disant) engagés encore.
Pourtant ce label s'affiche sur des fraises cultivées en plein hiver au Maroc et emballées dans du plastique, qui ont parcourues 2.000 kilomètres pour être consommées à Paris. On peut se demander quel est son intérêt pour les consommateurs, même si leur mode de culture a sans doute aussi des aspects positifs.
Même certains labels officiels sont décriés par de nombreux acteurs comme le révélait là encore l'UFC Que Choisir assez critique sur le label HVE (Haute Valeur Environnementale), dans ce cas c'est l'état français qui organise la multiplication des labels au risque de les rendre incompréhensibles pour les consommateurs.
privilégier les fruits et légumes de saison, c'est soutenir nos agriculteurs ! (crédit image : pixabay)
Autant comme nous l'expliquions dans d'autres articles la question de la responsabilité des consommateurs, d'autant plus en pleine période d'inflation et alors que la moitié est obligée de se priver faute de moyens, ne doit pas être l'excuse brandie pour expliquer toutes les difficultés.
Autant dans ce cas il nous semble qu'il faut tout de même être sacrément atteints du ciboulot pour acheter des fruits hors de prix et hors saison, sous prétexte qu'il y a un joli logo laissant croire qu'ils sont responsables (sur leurs sachets en plastique) et qu'on a les moyens de se les offrir.
Mais comment demander aux consommateurs de faire un effort si l'on permet aux producteurs d'afficher d'innombrables marques, logos et labels avec autant de chartes différentes laissant toutes penser que vous consommez responsable sur leurs paquets ?
Nous avons déjà écrit plusieurs articles pour présenter ces logos environnementaux et labels de l'alimentation, pourtant nous n'en avons même pas évoqués la moitié tant il en existe et à vrai dire, nous ne connaissions d'ailleurs même pas celui évoqué par Que Choisir alors que cette association est basée à 50 kilomètres de chez nous.
Après on se demande pourquoi le Bio est en crise, ces labels bien moins contraignants permettant d'influencer les consommateurs en sont sans doute en partie responsables. Il semble grand temps de mettre fin à ces pratiques commerciales et à la multiplication des logos et labels environnementaux (mais aussi du Made in France).
Alors à tous les politiques qui sur les plateaux télés n'hésitent pas à dénoncer les consommateurs qui ne privilégieraient pas le Made in France et les produits responsables, on a envie de leur demander de balayer devant leur porte avant, car c'est leur responsabilité de faire cesser ces dérives !