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Logos Viandes et Œufs de France : origine garantie ou simple marketing ?

Nous vous proposons de découvrir les logos officiels qui permettent aux consommateurs de repérer les pièces de viandes et plats cuisinés issus d'une filière de production animale française. Nous en profiterons pour faire un point sur ce qui est imposé par la loi sur l'affichage de la provenance des viandes, et bien entendu vous donnerons notre avis de consommateurs avertis.

Car nous verrons avec un exemple criant, que derrière le joli discours qui vous garanti monts et merveilles, la réalité est un peu moins belle qu'il n'y paraît. Mais prenons les choses dans l'ordre, pour bien comprendre le fonctionnement des logos "Viandes et Œufs de France".

Déroulé de l'article : 

 

Repérer les logos officiels des viandes françaises

Les filières de viandes françaises, soutenues par le gouvernement français ont mis en place une série de logos pour indiquer sur les produits alimentaires ceux qui intègrent des viandes d'origine française. Des logos qui se retrouvent donc en grande surface aussi bien sur les pièces de viande brute, que sur les paquets de charcuterie ou encore sur les plats cuisinés à base de viande.

Un affichage simplifié qui vise donc à améliorer la visibilité des filières françaises dans les rayons des supermarchés, une bonne idée alors que l'on importe toujours plus de viandes de l'est de l'Europe voir même de bien plus loin encore avec les innombrables traités de libre échange.

Autant il est assez facile de s'y retrouver pour les pièces de viandes brutes puisque les vendeurs ont déjà l'obligation d'indiquer leur provenance, autant pour tout ce qui est préemballé c'est parfois plus compliqué de trouver l'information sur le paquet.

Enfin, tout dépend de la provenance car comme toujours on va trouver en façade les quelques produits issus de filières françaises, et au dos en tout petit ceux d'origine inconnue ou moins vendeuses que l'on essaye au contraire de cacher. Nous verrons en partie suivante que nos lois évoluent, et vont évoluer encore dans les prochains mois.

Ces logos n'empêchent pas les mauvaises pratiques marketing, puisque leur unique objectif est de permettre aux marques et aux distributeurs de communiquer sur la provenance des viandes, mais seulement celles issues de filières françaises.

Malheureusement beaucoup de consommateurs n'ont pas le réflexe de retourner le paquet pour aller chercher les informations manquantes, qui sont justement les plus intéressantes. Car tout le monde le sait : « quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup ». Ou dans ce cas du bœuf brésilien, de l'agneau de Nouvelle Zélande, du poulet polonais, etc...

les 12 logos officiels "Viandes et Œufs de France"

les 12 logos officiels "Viandes et Œufs de France"

Les logos des viandes françaises permettent donc de facilement repérer les produits qui sont fabriqués avec de la viande élevée et préparée en France. Ils sont au nombre de 12 et couvrent les différentes espèces animales : bœuf, porc, ovins et volailles, mais aussi le lapin ou la viande chevaline. Il y a aussi deux autres logos spécifiques, un pour les œufs et un autre pour le foie gras.

Ce logo indique aux consommateurs l'origine de la viande : c'est à dire que les animaux sont bien nés, élevés, abattus, découpés et transformés en France. Ce qui évite les mentions ambivalentes d'animaux élevés à l'étranger puis découpés et/ou transformés en France, et que la communication ne retienne que ces dernières étapes dans son affichage.

Toutes les viandes sont concernés par l'affichage de ces logos : les animaux entiers (volailles, lapins, etc...) et viandes vendues à la découpe ainsi que les viandes hachées. Mais ce n'est pas le cas pour les produits élaborés (boulettes, effiloché, brochettes, etc...) et les plats cuisinés, alors nous évoquons cet aspect dans la suite de notre article.

 

La réglementation sur l'affichage de l'origine des viandes en France

La loi impose que l'origine de la viande bovine soit clairement indiquée dans les cantines, restaurants et étals de boucherie. Une disposition prise suite à l'épisode de la maladie de la vache folle (ESB) dans les années 90 (enfin prise 10 ans après quand même), depuis 2022 ils doivent également indiquer l'origine des moutons, porcs et volailles servis à leurs clients.

Mais cette réglementation ne s'appliquait qu'aux viandes brutes. Depuis mars 2024, les restaurateurs et cantines ont également l'obligation d'indiquer à leurs clients l'origine des viandes dans les plats cuisinés. Vous pouvez consulter le décret qui fixe cette nouvelle obligation.

Les distributeurs doivent indiquer pour toutes les viandes brutes plusieurs informations, à commencer par les trois étapes de leur fabrication : le pays d'élevage, le pays d'abattage et le pays dans lequel l'animal a été découpé. Quand les trois étapes ont été faites dans le même pays, ils peuvent utiliser un affichage simplifié de type : « origine : France ».

On doit également retrouver sur les étiquettes le numéro de lot bien entendu, assurant la traçabilité jusqu'à l'éleveur initial des animaux. Enfin, pour tous les produits alimentaires on doit trouver l'estampille sanitaire que nous avions déjà décortiquée dans un précédent article pour apprendre à lire l'étiquette d'un produit alimentaire.

Mais ça se complique quand on arrive sur les produits transformés par des multinationales (quelle surprise), car l'affichage était obligatoire depuis 2017. Mais avec quelques largesses qui permettaient déjà aux fabricants de n'indiquer qu'en tout petit au dos une origine UE / non UE, plutôt que de vraiment donner le pays d'origine (UE étant Union Européenne).

Hors le dispositif n'était qu'expérimental et a été supprimé en France depuis la fin de l'année 2021, depuis 2022 les industriels n'ont plus l'obligation d'indiquer la provenance des viandes utilisées dans les produits préparés.

Vous ne pouvez donc pas savoir si vos rillettes ont été préparés à base de porc français, espagnol ou argentin. Enfin dans les faits vous le savez quand il est français car ils l'indiquent clairement, c'est à ça que servent ces logos. Mais si il ne l'est pas par contre vous ne le saurez jamais, puisqu'ils n'ont aucune obligation de vous en informer.

69% des origines sont cachées dans les plats cuisinés ©UFC Que Choisir

69% des origines sont cachées dans les plats cuisinés ©UFC Que Choisir

Vous ne saurez pas non plus si votre camembert préféré est fabriqué avec du lait français ou polonais, etc... On en revient donc à notre analyse qui vous expliquait qu'au final, si vous voulez vous informer sur ce que vous mangez ce ne sont pas les logos et autres arguments marketing qu'il faut regarder, mais au contraire chercher les informations manquantes.

Le constat est pourtant accablant puisque la majorité des viandes importées ne sont pas servies en restauration, mais utilisées par les industriels. L'UFC Que Choisir a ainsi établi en 2024 que l'origine des ingrédients est masquée à 69% dans les plats cuisinés vendus en grande distribution.

Cette obligation devrait néanmoins revenir via le projet d'affichage Origin'Info qui devait être mis en place dès 2024, mais dont nous n'avons plus de nouvelles depuis les annonces faites en grande pompe dans les médias par le ministère de l'industrie au mois de mai dernier.

 

Logos alimentaires : une transparence parfois trompeuse

Ce qu'il faut prendre en compte ce sont justement toutes les informations manquantes, car quand vous n'avez pas d'informations dans la grande majorité des cas c'est qu'on essaye de vous les cacher. Hors si on vous cache certaines informations ce n'est pas pour rien, c'est qu'elles ne sont pas très reluisantes.

Pire encore, les services marketing multiplient les logos et mentions trompeuses sur leurs paquets. À base de cartes et drapeaux bleu-blanc-rouge comme expliqué déjà à de nombreuses reprises dans nos articles sur l'alimentation, qui décryptent ces aspects pour vous aider à mieux consommer au quotidien.

Pour reprendre nos exemples, vous pouvez donc mettre un jolie carte tricolore qui indique où se trouve votre usine de production sur votre pot de rillettes fabriquées avec du porc allemand ou des poulets brésiliens. Ou alors indiquer que votre camembert est fabriqué en Normandie de manière traditionnelle, sans dire que c'est avec du lait de vache importé de Pologne car il est moins cher.

Viennent désormais aussi s'y ajouter des arguments de greenwashing pour faire croire que l'industrie agroalimentaire prend soin de la planète, les allégations de santé pour faire croire qu'ils prennent soin de votre santé, etc... En vérité ce n'est que du marketing et l'environnement comme la santé ils s'en fichent royalement, tout ce qui compte à leurs yeux c'est la rentabilité et les profits.

Le ministère de l'agriculture n'est pas en reste puisque dans sa présentation de ces logos officiels, il nous fait tout un cinéma sur une production respectueuse de l'environnement et du bien-être animal, etc... Une mise en perspective politique qui reprend mot pour mot les éléments de langage des lobbys (comme trop souvent).

Le logo Viandes et Œufs de France assure au consommateur que la viande et les œufs sont issus d’animaux nés, élevés, abattus, découpés et transformés en France.

Il garantit également un mode de production respectueux de l’environnement, du bien-être animal et d’animaux nourris grâce à une alimentation saine et durable.

Garant d’une traçabilité totale, comme pour toute la production française, le logo Viandes et Œufs de France répond à des normes sanitaires rigoureuses.

ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire

Nous avons cherché à en savoir plus sur ces aspects environnementaux et de bien-être animal : est-ce que des poules pondeuses élevées en cage peuvent bénéficier du logo Œufs de France, est-ce que des animaux nourris avec des tourteaux de soja importés d'Amérique du Sud peuvent être estampillés Viandes de France, etc...

Après quelques heures de recherches infructueuses un peu partout, des sites gouvernementaux aux associations en passant par les représentants des filières et même les organismes de certification, la seule chose obtenue aura été un bon gros mal de crâne (pour de vrai, j'ai été obligé de prendre du paracétamol).

Comme souvent donc on a un joli discours de façade flatteur, mais derrière une totale opacité qui ne permet pas de s'informer.

Un discours clairement mensonger même, puisque nous avons trouvé des œufs de poules élevées en cage qui arboraient le logo Œufs de France. Soit le pire mode de production d'œufs qui ne garanti en aucun cas le bien-être animal pourtant mis en avant par le ministère de l'agriculture, on est au contraire à la limite de la maltraitance.

des œufs de poules élevés en cage avec logo Oeufs de France ©Tests et Bons Plans
des œufs de poules élevés en cage avec logo Oeufs de France ©Tests et Bons Plans

des œufs de poules élevés en cage avec logo Oeufs de France ©Tests et Bons Plans

  • Notre avis : comment ne pas se laisser berner ?

Vous avez donc deux options : soit vous croyez sur parole les jolis discours pondus par les lobbys de la filière de l'élevage français repris la bouche en cœur par le ministère de l'agriculture, soit vous essayez de vous informer quitte à découvrir que la réalité est moins glorieuse que les promesses.

Au final ces logos apportent une garantie sur la provenance et la traçabilité des viandes, c'est une bonne chose. Mais pour ce qui est de leur qualité sociétale et environnementale ou en matière de bien-être animal, c'est juste du marketing mensonger dicté par les lobbys avec la complicité du gouvernement français.

Alors c'est toujours pareil avec les logos et labels, autant privilégier les produits qui en affichent puisque ça apporte malgré tout une certaine garantie. Mais ne croyez pas non plus tout ce que l'on essaye de vous faire gober, ça reste du marketing et mieux vaut toujours essayer de gratter un peu pour voir ce qu'il y a derrière le joli vernis.

Vous qui venez de lire cet article êtes sans doutes déjà avertis sur ces pratiques et déjouerez facilement ce type de pièges, mais la majorité des consommateurs pensera manger de la bonne viande française élevée dans les règles de l'art, alors qu'il n'en est peut-être rien. Nous ne pouvons que regretter que nos gouvernants participent à cette désinformation !

NDLR : article écrit en 2023, mis à jour en 2025

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