Actus : on fait le point sur l'inflation en 2024, à quelle sauce vont ils nous manger ?

Le gouvernement annonce une inflation contenue à 2,4% pour l'année 2024, nous avons essayé d'en savoir plus sur les hausses de prix annoncées pour vérifier si l'on prend bien ce chemin.

Alerte spoiler : ce n'est pas vraiment ce que révèlent les augmentations déjà annoncées et prévisions, car la plupart des dépenses contraintes indiquent plutôt une inflation d'environ 5% pour les ménages modestes.

Faisons le tour des annonces pour essayer d'en savoir plus, quelles sont les hausses déjà actées et celles qui sont prévues, à quoi doivent réellement s'attendre les consommateurs en 2024 ?

Les principales hausses annoncées et prévues pour 2024 :

Nous allons donc commencer par passer en revue les hausses annoncées ou prévues sur les différents postes de dépenses, pour lesquelles nous avons trouvé des chiffres : les énergies, l'alimentation, les banques et assurances, les autoroutes, le prix du timbre, le tabac, etc...

Nous verrons ensuite les (rares) bonnes nouvelles aussi et essaieront de tirer des conclusions de tous ces chiffres, afin que les consommateurs et consommatrices françaises sachent à quoi s'en tenir pour cette année 2024.

• Électricité, gaz et mutuelles : des hausses de 10% et plus si affinités

La hausse du coût de l'électricité est déjà actée, ce sera 10% en janvier 2024 (source : Journal du Net) et comme le gouvernement a annoncé que ce sera la seule, on peut s'attendre à une nouvelle hausse similaire dans 6 mois.

Car ils nous ont déjà fait le coup l'an dernier, en janvier 2023 ils avaient annoncé une hausse unique de 10% avant d'annoncer une seconde hausse de 15% en début d'été pour atteindre une hausse globale de 25% sur l'année. Bis repetita ? C'est bien possible !

L'ensemble des associations de consommateurs ont dénoncé le prix fixé de l'électricité nucléaire fixé par l'état dans l'ombre sans consulter personne avec à la clé une augmentation de 40% du tarif du mégawatt/heure : le nucléaire nous coûte très cher, mais c'est tellement bien.

• lire le communiqué de l'UFC Que Choisir

Le prix du gaz est en baisse, sauf pour les consommateurs car la taxe sur le gaz (TICGN) va tout simplement doubler, passant de 8,45€ le MWh à 16,37€. Bruno Lemaire a annoncé que ça n'aurait aucun d'impact sur les consommateurs, un bon gros mensonge relayé par plusieurs médias.

L'augmentation de cette taxe représente 1.9 milliards d'euros d'économies par an pour le gouvernement, qui sera mécaniquement répercutée par les fournisseurs sur les factures de leurs abonnés (exactement comme pour les déremboursements de santé qui font augmenter le prix des mutuelles).

Ce n'est pas tout car le coût de distribution devrait augmenter lui d'environ 30% en juillet 2024 selon l'estimation de la commission de régulation (CRE), qui prévoit également une hausse des coûts de stockage de 8% au premier avril 2024 (une mauvaise blague).

Au final donc on s'acheminerait après une très légère baisse des prix en début d'année, à une hausse globale du prix du gaz de 11% sur la seconde moitié de l'année 2024 (source : Effy).

Même tarif pour les mutuelles comme évoqué dans notre revue de presse du mois de décembre, ce sera 8% à 10% chaque année jusqu'en 2028 pour atteindre une hausse des mutuelles de 40% d'ici à 2028.

Les autres assurances devraient suivre sur les mêmes bases, il faut bien que quelqu'un paye les dégâts du dérèglement climatique et ce ne seront ni les grandes entreprises ni les plus riches qui le feront.

Les plus grosses hausses sont donc directement liées aux décisions du gouvernement français et à sa politique d'austérité, entre baisses des coûts de protection sociale et augmentations à tout va des taxes, mais seulement celles supportées par les particuliers !

• Alimentation, tabac, livraisons : des hausses de 5% à 10%

Les multinationales demandent une nouvelle augmentation d'environ 5% sur l'alimentation, mais il faudra attendre le résultat des négociations pour en savoir plus. L'institut Nielsen lui prévoit que l'inflation alimentaire sera d'environ 3,5% pour l'année 2024 (source : 60 Millions de Consommateurs).

Si l'on regarde sur deux ou trois ans par contre, ce n'est pas la même histoire puisque les prix de l'alimentation ont déjà augmentés de 26,7% entre janvier 2021 et mai 2023 (source : UFC Que Choisir).

C'est donc une nouvelle augmentation de 3 à 5%, mais qui est calculée sur des prix qui ont déjà bien gonflés avant et non pas par rapport à avant le début de la crise inflationniste, ce n'est pas la même mayonnaise !

Ce n'est pas une stagnation ou une baisse de l'inflation comme on aimerait vous le faire croire en jouant sur les mots. Mais bien une augmentation continue des prix de l'alimentation, qui ralentit certes mais se poursuit encore et toujours.

Les associations de consommateurs ont révélé en fin d'année dernière que l'inflation est surtout dû à l'augmentation des marges des multinationales de l'agro-alimentaire, plus qu'aux raisons qu'ils évoquent. Vous pensez que ça leur fait peur ?

La hausse de la taxe sur les pauvres, ah non pardon les fumeurs, sera d'environ 7 à 10% en janvier soit une augmentation de 50 cents par paquet de cigarettes (source : Franceinfo) même si aucune source ne donne les mêmes chiffres.

En effet, il faut ajouter la hausse de la fiscalité indexée sur l'inflation voulue par le gouvernement plus la hausse des fabricants. Là encore si l'on remonte un peu dans le temps, le paquet est passé de 8€ à 12€ en l'espace de 5 ans, soit une hausse de 50%.

On peut également lire dans l'article de Franceinfo que la première ministre s'était engagée fin novembre à ce que l'augmentation ne concerne pas le tabac à rouler ou en pots, encore un mensonge car ils augmentent finalement bien eux aussi.

Etant moi même fumeur j'ai calculé l'augmentation sur mon paquet de tabac habituel (tabac en pot), elle est exactement de 7.7% !

Le prix des livraisons et courriers à La Poste explose littéralement, avec une augmentation moyenne des tarifs postaux de 8,3%. La plus grosse hausse revenant au timbre vert qui prend 11,2% en janvier, passant de 1.16€ à 1.29€ (20 grammes).

• Taxe foncière, loyers, autoroutes, banques : des hausses de 2,4 à 4%

La taxe foncière augmentera d'au moins 3,9% pour tous les foyers, c'est la partie fixée par l'état à laquelle il faudra encore ajouter la hausse décidée par les communes. Ce qui pourra donc faire des augmentations de 5% pour les plus chanceux, ou alors de 25 ou 30% pour certaines communes.

Pour les locataires la hausse des loyers sera de 3.5% maximum, car elle est plafonnée jusqu'en avril 2024. Mais nous ne savons pas encore ce qu'il en sera pour les baux arrivant à échéance après cette date.

Prendre l'autoroute coûtera toujours plus cher puisque si c'est l'état qui décide des hausses, pourtant pris en défaut l'an dernier pour avoir enterré un rapport pointant du doigt les super profits des sociétés privées qui les gèrent.

Ce sera donc une augmentation de 2,7% à 3,87% selon les autoroutes qui a été validée par le ministère des transports, sans parler des nouveaux tronçons en construction toujours confiés à ces mêmes sociétés et des péages sans barrières qui arrivent pour vous faire cracher au bassinet.

L'augmentation sera en moyenne de 2,4% pour les tarifs bancaires qui il est vrai progressent moins vite que la plupart des autres dépenses contraintes.

Comme elles se font déjà des bénéfices record en taxant les pauvres à découvert et en finançant les énergies fossiles, on ne va donc pas les féliciter pour autant.

• Il y a des bonnes nouvelles aussi, mais peu nombreuses :

N'ayez aucune inquiétude, le ministère de l'économie assure que les français continuent de gagner du pouvoir d'achat à chaque fois qu'on lui tend un micro. C'est du flan bien entendu et d'ailleurs la première bonne nouvelle n'en est pas vraiment une.

En effet, pour contrer l'inflation vous pourrez compter sur une très généreuse revalorisation du SMIC, de 1.13% (soit 15,61€ net par mois). Si avec ça ce n'est pas Champagne tous les jours, Bruno ne sait pas ce qu'il vous faut (humour).

Cette augmentation du SMIC va tout juste couvrir la hausse du prix de l'électricité (+14.83€/mois en moyenne selon "Jechange") ou du gaz (jusqu'à 25€/mois selon "Sowee"), en fonction de votre énergie de chauffage.

Mais elle ne couvrira ni la hausse des mutuelles ni non plus toutes les autres augmentations que nous venons d'égrainer. Le pouvoir d'achat des français(es) modestes va donc encore diminuer en 2024, leur travail ne leur permettant déjà plus de vivre dignement.

C'est un peu mieux pour les seniors qui auront droit à une vraie augmentation de leurs pensions de retraite, revalorisées de 5,3% qui pourront donc à peu près amortir l'ensemble des hausses déjà annoncées (mais pas plus).

Le dispositif MaPrimeRenov' est revu à la hausse pour aider les ménages les moins aisés à rénover leurs passoires thermiques. Le plafond des aides est doublé pour atteindre 70.000€ et le taux de prise en charge pourra atteindre 90%.

Et voilà, c'est à peu près tout côté bonnes nouvelles, enfin du moins pour le commun des mortels. Car par contre du côté des grandes entreprises, l'année 2024 (comme les précédentes) s'annonce une nouvelle fois exceptionnelle en terme de profits !

Elles vont reverser de généreuses dividendes à leurs riches actionnaires qui vont pouvoir se payer de nouvelles villas, voitures de luxe, yachts, etc... Et continuerons à polluer allègrement notre planète sans être inquiétés !

Soyez rassuré(e)s, selon les autorités l'inflation sera de 2,4%

Alors il est vrai que les prix des carburants ont un peu baissé en fin d'année 2023, mais ils sont toujours plus haut qu'avant le début de la crise inflationniste et très volatiles, pas de quoi nous rassurer pour l'avenir.

Comme nous venons de le voir, la quasi totalité des hausses sur les dépenses contraintes seront encore comprises entre 2,4% et 11% pour 2024. Des hausses calculées sur les prix de début 2023, puisque l'inflation est calculée par rapport aux prix de l'année passée.

Donc des augmentations sur des prix déjà bien plus haut qu'avant le début la crise inflationniste qui se poursuit, si on remonte aux prix d'il y a ne serait ce que 2 ou 3 ans, l'inflation est continue et se poursuit !

Pourtant, si l'on en croit le gouvernement et ses organismes de savants calculs, l'inflation annoncée pour 2024 sera contenue à 2,4%. Ce qui est une moyenne et dépend de ce que l'on ajoute dans le calcul.

Qui dit moyenne, dit aussi que les 5% les plus riches la subiront beaucoup moins que les 50% les plus modestes. C'est la magie des statistiques et des moyennes, on peut faire dire ce que l'on veut aux chiffres.

Nous venons de voir sur une dizaine de postes de dépenses, pour la plupart contraints qui plus est donc sans avoir la possibilité de s'en passer, que les hausses sont toutes supérieures aux 2.4% annoncés.

Vous l'aurez compris, on devrait être au moins à 5% d'inflation réellement subie par les consommateurs modestes en 2024. Les chiffres officiels en intégrant des choses que l'on achète rarement arrivent à diviser ce taux par deux pour qu'il soit plus acceptable (et éviter une nouvelle vague de gilets jaunes).

Si l'on se base sur l'augmentation des retraites de 5.3% qui sont la principale base électorale de la Macronie, on peut estimer que l'inflation réelle devrait effectivement se situer dans ces eaux là.

• L'inflation continuera en 2024, et n'est pas prête de s'arrêter !

Pire encore, on sait déjà que ce sont pour beaucoup des hausses lissées et continues déjà prévues pour se poursuivre au même rythme sur les prochaines années.

De nombreux postes de dépenses (assurances, électricité, gaz, etc...) sont appelés à augmenter de 8 à 10% par an, mais tous les ans sur les 4 ou 5 prochaines années (au moins).

Au final ce sont bien des augmentations de 40% à 50% qui nous attendent à moyen terme sur les dépenses contraintes.

Nous ne sommes pas à l'abri non plus de voir de nouvelles hausses instaurées cet été, notamment sur le prix de l'électricité comme ce fut déjà le cas l'an dernier et donc d'avoir une inflation toujours aussi forte en 2024 et pour les années à venir.

Le vrai problème au final, c'est que tout le monde n'est pas logé à la même enseigne dans cette histoire et à l'autre bout de la chaîne, les profits et dividendes coulent à flot pour les plus riches !

Une injustice criante et grandissante à laquelle il faudra mettre fin à un moment ou à un autre, mais plus on attend et plus le risque que cette fin soit violente augmente.

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