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Alimentation : les contours du nouveau logo Origin'Info se dessinent

Le nouveau logo sur l'origine des matières premières dans l'alimentation se dévoile, nous vous expliquons ce qui a été décidé, par qui et quel sera l'intérêt du nouvel indicateur Origin'Info pour les consommateurs en magasins ?

Car autant vous le dire tout de suite, c'est assez complexe et même si l'avancée est à saluer, il y a aussi dans cette charte des manques et des dérogations qui risquent de limiter sa portée. Alors nous vous expliquons tout ce que vous devez savoir sur le futur affichage Origin'Info !

Déroulé de l'article :

 

Le nouveau logo Origin'Info a été dévoilé, on vous explique tout :

Le nouveau logo aura été déployé en express par le ministère de l'industrie, sous l'égide du ministère de l'économie, puisqu'il avait été annoncé le 14 mars 2024. Hors, à peine plus de 2 mois après il est déjà prêt à être déployé, puisque l'affichage Origin'Info (qui a été préféré au nom Origine-Info initial) a été dévoilé le 24 mai 2024.

Il devrait commencer à apparaître dès cet été, d'après les premières informations 80 marques auraient indiqué adhérer au projet. Selon la ministre, plus de 10.000 références pourraient être concernées par ce nouvel affichage d'ici la fin de l'année, un chiffre qui semble être largement surestimé (nous y reviendrons).

Alors on peut regretter déjà que dans le communiqué ministériel annonçant la mise en place de ce nouveau logo, ce soient les marques qui soient mises en avant plutôt que les avantages pour les consommateurs. Vous pouvez consulter le communiqué ici pour plus d'informations.

Mais néanmoins après cette introduction, on trouve les détails du nouveau logo Origin'Info qui ne sera pas un score ou un label, mais une charte (fichier PDF à télécharger). Alors autant vous le dire, le document est très fastidieux à lire alors nous allons vous résumer les points importants.

En effet, impossible de comprendre pour un consommateur cette charte qui renvoi vers une multitude d'autres textes européens et français, et dont les phrases sont bien alambiquées comme celle qui régit donc son utilité en citation ci-dessous.

La démarche Orign’Info porte sur l’information sur l’origine de la matière première agricole des ingrédients primaires des denrées alimentaires transformées, déterminés selon les préconisations de la recommandation n°1 du CNC dans son avis du 20 septembre 2021.

extrait de la charte Origin'Info

Ce qu'il faut comprendre dans cette phrase, c'est que l'origine indiquée sera celle du pays dans lequel la matière première a été cultivée ou élevée. Par exemple si pour fabriquer du pain ou des pâtes la farine a été moulue dans une entreprise française avec du blé cultivé en Ukraine, l'origine sur le paquet devra être le pays de culture de la matière agricole (donc l'Ukraine).

Mais dans ce cas de figure l'industriel fera sans doute le choix de ne pas afficher le logo Origin'Info sur son produit, car il n'a aucune obligation de le faire. Comme pour tous les autres affichages il est optionnel, l'industriel pourra continuer à afficher une jolie carte tricolore pour indiquer que le produit est fabriqué en France (et masquer l'origine du blé).

Le logo Origin'Info pourra n'afficher qu'un seul ingrédient si il représente plus de 50% du produit fini, avec la possibilité d'ajouter le pays dans lequel il est transformé (voir logo avec un pictogramme "usine" ci-dessous).

Ou alors les 3 principaux ingrédients d'une recette si aucun ne représente plus de 50% de la recette. Dans ce cas ils devront être affichés comme pour la liste d'ingrédients dans l'ordre décroissant, du plus important au moins important.

La charte a semble t'il été écrite après consultations de toutes les parties prenantes par l'association En Vérité qui représente une cinquantaine de marques : Alpina, Céréal Bio, Daucy, Funky Veggie, Jardin Bio étic, Les 2 Vaches, Vrai, etc...

logos-origin-info
les 3 logos proposés pour l'affichage Origin'Info

 

Une avancée sans précédent, mais aussi des manquements :

Il est vrai que l'on peut se réjouir que 80 marques aient déjà indiqué « adhérer au projet », mais on peut regretter qu'au final elles n'auront aucune obligation de l'afficher et le feront sans doute uniquement sur les produits pour lesquels l'affichage fera vendre.

La ministre claironne que 10.000 références pourraient être concernées dès la fin de l'année, un chiffre sans doute très largement surévalué car un supermarché distribue entre 5.000 et 10.000 références alimentaires (jusqu'à 30.000 pour les hypermarchés).

Même constat pour le mode d'affichage car les industriels de l'agro-alimentaire pourront choisir d'afficher le logo Origin'Info sur les étiquettes électroniques en rayon (étiquette prix), les sites de drive ou à l'aide d'un QR Code comme pour les bouteilles de vin.

L'intérêt d'un affichage numérique est que les fabricants et distributeurs pourront facilement mettre à jour l'origine des matières premières en fonction de leur approvisionnement, mais le consommateur devra faire la démarche de scanner le code pour trouver l'information.

La bonne nouvelle c'est que la charte exclue des origines les mentions type « UE » et « non UE » qui sont trop vagues, enfin sauf si l'entreprise se fourni dans plus de 4 pays différents pour un même ingrédient auquel cas elle bénéficie d'une dérogation.

Si elle s'approvisionne dans 2 ou 3 pays différents elle peut les mentionner avec un affichage type : France ou Italie ou Tunisie par exemple, ainsi qu'à l'échelle d'un continent comme Amérique du Sud pour du café ou bien Afrique pour du cacao si tous les pays d'origine font partie du même continent.

Cette dérogation au delà de 4 pays différents est d'ailleurs déplorée par les associations de consommateurs, qui viennent de signer un communiqué en commun pour saluer l'avancée mais aussi déplorer certains aspects (UFC Que Choisir, CLCV, FoodWatch et Familles Rurales).

L’initiative proposée par le gouvernement ne peut être qu’un point de départ. Il est nécessaire de porter au niveau européen une obligation d’étiquetage de l’origine des produits transformés, la plus précise possible et sur un support non dématérialisé.

Communiqué de la CLCV, Familles Rurales, FoodWatch et l'UFC-Que Choisir

Ceux que nous avons également soulevés d'ailleurs, à savoir donc la dérogation pour les multinationales qui se fournissent au gré des prix les moins chers. Mais aussi que l'affichage soit sur la base du volontariat et la possibilité de le dématérialiser en QR Code.

Rajoutons qu'un affichage avec plusieurs pays d'origine les uns à côté des autres n'est pas optimal, si par exemple sur une année 20% de l'approvisionnement est français et 80% est importé de Tunisie, l'industriel pourra indiqué une double origine sur le logo "France ou Tunisie" sans préciser que l'ingrédient n'est en fait pas cultivé en France la majorité du temps.

Les associations de défense des consommateurs appellent également le gouvernement à porter le projet au niveau européen, afin que l'affichage s'impose dans tous les pays de l'Union Européenne.

Elles regrettent que le dispositif n'incite pas les industriels qui ont l'habitude de cacher l'origine des ingrédients à changer leurs pratiques, et qu'au final seules les marques qui affichent déjà l'origine des ingrédients utiliseront le dispositif.

Autrement dit, l'affichage en rayon va changer pour les marques qui indiquent déjà l'origine de certains ingrédients, qui utiliseront désormais le logo Origin'Info à la place de leurs affichages habituels. Mais les marques qui cachent l'origine ne changeront rien à leurs pratiques obscures, donc les consommateurs ne seront pas vraiment mieux informés au final.

De plus l'utilisation d'un QR Code alors que la couverture mobile dans les grandes surfaces laisse à désirer, que les consommateurs n'ont pas le temps de scanner chaque produit afin de s'informer et que 23% de la population n'est pas équipée pour les lire (selon l'UFC Que Choisir), représente une limite à l'information.

Autre grief, l'indication des ingrédients secondaires caractéristiques du produit est exclue par la charte, alors qu'ils sont d'une importance primordiale dans la décision d'achat.

Par exemple si on vous vend du boudin aux morilles, les morilles sont une matière première caractéristique du produit et le logo Origin'Info devrait indiquer la provenance des morilles, même si elles ne représentent qu'un faible pourcentage du produit fini.

Les additifs, arômes, colorants et autres conservateurs sont explicitement exclus par la charte Origin'Info de la liste des ingrédients primaires, aucune obligation de les indiquer non plus.

Bref, comme le disent les associations de consommateurs, c'est un bon point de départ mais ne va pas nous changer la vie quand nous irons faire nos courses au supermarché. Les marques qui cachent l'origine de leurs ingrédients continueront de le faire, et à utiliser des allégations trompeuses pour nous berner.

Nous pourrons malgré tout utiliser ce logo pour mieux choisir entre les marques qui l'affichent sur leurs paquets avec des origines bien définies à privilégier, des marques qui l'indiquent de manière dématérialisée ou approximative en second choix et les marques qui cherchent à cacher l'information aux consommateurs resteront à éviter.

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