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Conso : quel sera le prochain affichage environnemental de l'alimentation ?

Alors que la guerre est déclarée à Bruxelles entre associations de consommateurs et lobbys de l'industrie agroalimentaire autour du Nutri-Score, nous vous proposons de découvrir le prochain logo environnemental qui risque de ne pas plaire à tout le monde.

En effet plusieurs systèmes de notation sont en compétition pour devenir le prochain indicateur de l'impact environnemental d'un produit alimentaire, nous vous présentons les trois principaux et essaierons de comprendre les enjeux qui se cachent derrière tous ces nouveaux indices de scores environnementaux.

 

Nouvel affichage environnemental dans l'alimentation :

Car il y a désormais un indice de réparabilité pour l'électronique ou encore un Ménag'Score sur les produits ménagers, le prochain indicateur sera dédié à l'impact environnemental de l'alimentation. Toujours sur le même principe avec une note de A à E et un code couleur du vert au rouge, mais plusieurs logos sont en lice.

Dans les années à venir on sait qu'un nouvel indicateur devra informer les consommateurs sur l'impact environnemental global des produits alimentaires, c'est l'ADEME (Agence de la Transition Écologique) qui est chargée de mettre en place cet indicateur.

Mais il n'arrivera pas avant semble t'il au mieux deux ou trois ans, nous connaissons tous la lenteur de nos administrations. De plus un classement ne se décrète pas, il doit faire la somme des différents aspects à prendre en compte et en la matière ils sont assez nombreux : climat, biodiversité, pesticides et additifs ou encore bien être animal sont autant de pistes à explorer.

L'autre chose qui ralenti sa future mise en place est qu'il n'y a pas déjà un seul et unique affichage qu'il ne reste plus qu'à affiner, nous en avons répertoriés au moins trois qui prétendent à devenir l'affichage officiel et il en existe peut-être d'autres encore dont nous ignorons l'existence.

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crédit image : pixabay - TeeFarm

 

Les 3 principaux opposants : Eco-Score, La Note Globale ou Planet-Score ?

Ils sont trois sur la ligne de départ, mais il n'en restera qu'un. Certainement un des moins contraignant et qui sera encore vidé de sa substance sous le poids de lobbys lors des votes dans nos institutions, mais ne présumons pas du pire.

Nous allons vous présenter les trois principaux logos qui prétendent devenir le futur affichage officiel du score environnemental des produits alimentaires. Qui n'a donc rien à voir avec le Nutri-Score qui lui indique la qualité nutritionnelle des aliments, c'est un second indicateur indépendant qui est proposé et viendra s'y ajouter.

Comme il ne sera pas possible d'en afficher plus sur un même emballage, espérons qu'il sera le plus complet possible malgré les mauvaises habitudes prises en matière de labels et certifications. Nous verrons ces enjeux en dernière partie d'article.

  • Éco-Score :

Prenons les affichages en lice par ordre alphabétique, tout d'abord le Éco-Score est la solution proposée par l'association de consommateurs OpenFoodFacts. Il utilise la base de données Agribalise de l'ADEME pour classer les produits alimentaires.

Le classement est basé sur une valeur principale qui prend en compte l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) des produits, il représente son score de base. Viennent ensuite s'appliquer sur ce score des bonus-malus selon 4 critères : origine des ingrédients et mode de production, emballage et impact sur les espèces animales menacées.

Le score est donc modéré en fonction de ces 4 critères qui l'augmentent ou le baissent pour donner la note finale au produit. Vous connaissez la suite un logo avec une note de A à E et le traditionnel code couleur appliqués sur l'emballage des produits informe les consommateurs sur l'impact environnemental des produits qu'ils achètent.

L'Éco-Score est déjà disponible et consultable sur l'application smartphone de OpenFoodFacts (Android & iOS) avec un scanner qui permet à l'aide du code barre sur les produits de le visualiser, elle affiche aussi le Nutri-Score et l'indice NOVA qui indique le taux de transformation d'un produit alimentaire.

Le Éco-Score est soutenu par un collectif d'acteurs engagés venus de divers horizons comme : La Fourche (magasin Bio), Marmiton (recettes de cuisine), Seazon (livraison de repas) ou Yuka (suivi de l'alimentation), etc...

Plus d'informations :

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Éco-Score - crédit image : OpenFoodFacts
  • La Note Globale

Second indice sur la ligne de départ avec La Note Globale qui peut paraître la mieux partie puisqu'elle dispose elle déjà de son propre site internet, de son hashtag pour les réseaux sociaux et d'une jolie vidéo de présentation. Pourtant il faut espérer que ce ne soit pas le score qui soit sélectionné par les autorités.

Car si les deux autres sont portés par des associations de consommateurs ce n'est pas le cas de ce score imaginé par les industriels : Auchan, Fleury Michon ou bien Sodebo. Tous reconnus pour la qualité de leurs produits qui fleurent bon la paysannerie française, le respect de l'environnement et de nos traditions culinaires (ironique).

On voit directement à leur site la démarche complètement inverse des autres affichages et l'aspect marketing des entreprises qui le portent et tentent de le promouvoir, avec des moyens de promotion dont ne disposent pas les autres.

Mais ne vous y trompez pas, sous cet aspect bien pensé par des publicitaires, son but principal risque fort de ne pas vraiment être d'aider les consommateurs à choisir des produits plus respectueux, mais de permettre à l'industrie agro-alimentaire d'imposer ses règles sur ce futur nouvel affichage nous en avons bien peur.

N'allons pas plus loin sur cette Note Globale car elle n'a donc quasiment aucunes chances d'être choisie, et si elle l'était ce serait un bien mauvais signal envoyé par nos institutions.

Plus d'informations :

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La Note Globale - crédit image : La Note Globale
  • Planet-Score :

Enfin la dernière notation qui est en lice pour devenir le prochain affichage environnemental des produits alimentaires c'est le Planet-Score qui est lui porté par l’Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation Biologiques (ITAB) et soutenu par l'association de consommateurs Que Choisir ainsi qu'un collectif d'autres ONG.

Attention de ne pas le confondre avec le PlanetScore (sans tiret) mis en avant par un fabricant d'emballages, le Planet-Score est comme l'Éco-Score basé sur l'ACV de la base de données Agribalise de l'ADEME. Il utilise la base de données pour attribuer un score de base qui est ensuite modéré par des sous-critères.

C'est le même principe donc mais pas exactement avec les mêmes critères, semble t'il un peu plus nombreux sur le Planet-Score et avec un affichage également bien plus complet (mais aussi complexe) sur lequel on retrouve le score global mais aussi 3 autres sous indicateurs : biodiversité, climat et pesticides.

Il ajoute également à l'affichage un code couleur spécifique sur le bien-être animal, ce qui fait donc 5 informations sur un affichage assez imposant mais qui reste facilement compréhensible pour les consommateurs.

Le Planet-Score est soutenu par une quinzaine d'ONG dont Que Choisir comme déjà indiqué mais aussi WWF ou Générations Futures ainsi que certains acteurs de l'agriculture Biologique. Mais aussi par 8 enseignes de distribution comme Lidl ou Monoprix, dont on se demande ce qu'elles viennent faire dans cette histoire.

Plus d'informations :

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Planet-Score - crédit image : ITAB

 

Enjeux et conclusion :

Déjà commençons par écarter La Note Globale qui est portée par des industries agro-alimentaires (Fleury Michon, Sodebo, etc...) et la grande distribution. Son principal but semble être de mettre en place un système de notation qui avantage les produits ultra transformés, au détriment de l'intérêt des consommateurs.

Espérons que les lobbys n'arriveront pas à l'imposer, ce qui n'est d'ailleurs pas impossible, car l'enjeu est tout de même important. En effet les emballages ont déjà un Nutri-Score qui devrait être généralisé dans les prochains mois au niveau Européen, et on ne pourra pas avoir 3 ou 4 scores sur un seul et même produit.

Un second sera peut-être déjà de trop pour une bonne compréhension par les consommateurs et donc ce logo environnemental doit être le plus complet possible, mais aussi le plus représentatif des réelles valeurs environnementales d'un produit alimentaire.

Il nous reste donc l'Éco-Score porté par OpenFoodFacts d'un côté, et le Planet-Score porté par l'ITAB et Que Choisir de l'autre. Ce que l'on remarque c'est que dans cette compétition chacun fait valoir ses soutiens et affiche ses ambitions, mais les deux affichages utilisent la même méthodologie de notation.

Les projets sont en phase de tests et vous pourrez donc retrouver ces logos sur certains emballages dans votre supermarché, et dans ce domaine comme celui de la communication l'aspect financier est important. Car chaque solution va ensuite produire ses enquêtes d'opinions et autres statistiques en leur faveur pour tenter de remporter la bataille.

Au final c'est le gouvernement qui décidera quel sera le score retenu pour devenir l'affichage officiel, mais on peut déjà avec quasi-certitude vous dire que comme le Nutri-Score il ne sera pas obligatoire donc seuls ceux qui y trouvent un intérêt l'afficheront.

Comme pour la plupart des autres affichages et labels, les industriels l'utiliseront comme un élément marketing quand ils auront un score satisfaisant. Mais ils ne l'afficheront pas si par contre il leur est préjudiciable, alors qu'il est censé être un indicateur qualitatif servant à informer les consommateurs.

Comme toujours nous regretterons sans doute qu'il n'aille pas assez loin pour réellement protéger et informer les consommateurs, mais c'est tout de même une initiative à saluer. Nous verrons bien ce qu'il en sera mais nous sommes devenus assez pessimistes sur tous ces affichages censés nous aider à mieux consommer.

Le dernier en date qui était l'indice de réparabilité vient d'ailleurs d'être épinglé par l'association Que Choisir pour son manque de fiabilité, idem du côté du Ménag'Score mis à mal par l'association 60 millions de consommateurs.

L'avenir nous le dira mais il y a peu de chances que le futur score environnemental soit plus contraignant que les autres. Même si c'est un indice de base solide et fiable qui est choisi il sera certainement en grande partie vidé de sa substance quand il passera à l'assemblée et au sénat sous l'action des lobbys, par des élus pourtant censés nous représenter.

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