des astuces et conseils pour vous aider à mieux consommer au quotidien !
Une grande nouvelle pour les consommateurs, les enseignes de supermarché montent au créneau pour préserver notre pouvoir d'achat avec des super mesures anti-inflation. Les patrons font le tour des plateaux télé pour annoncer à moindre frais leur geste salvateur pour nous éviter la faillite, sauf que ce n'est que de la communication et du marketing. Nous vous expliquons pourquoi les paniers anti-inflation de la grande distribution sont une belle arnaque.
Nous savons que ce n'est que de la communication car déjà nous faisons nos courses comme tout le monde chaque semaine, dans un Super U qui a été le premier distributeur à dégainer ses mesures anti-inflation. Ils ont bien ajouté des étiquettes en rayon pour signaler les produits composant ces paniers, mais les prix eux n'ont pas bougé.
Ce n'est que de la communication car ils ont choisi un moment bien précis pour faire ces annonces, la fin des négociations annuelles avec les fournisseurs. Ils jouent sur la peur des futures augmentations de prix annoncées dans les prochaines semaines, afin de donner un retentissement à leurs annonces dans les médias.
J'ai d'ailleurs décidé de prendre le clavier car je n'en peux plus d'entendre les patrons des enseignes de la grande distribution se succéder sur les plateaux télé pour faire des interviews. Questionnés par des journalistes qui manifestement, soient ne font pas les courses soient ne regardent pas les prix quand ils les font, car leur niveau de connaissances en la matière est assez affligeant.
Pour rétablir la vérité et répondre aux bonnes questions donc, mais revenons en à nos moutons. Nous trouvons d'ailleurs même que ces jolies annonces frôlent l'arnaque car si le moment choisi par les supermarchés ne doit rien au hasard, le tour de passe passe est en plus assez dégueulasse.
Nous allons vous expliquer pourquoi : les négociations qui viennent de se terminer concernaient uniquement ce que l'on appelle les marques nationales : des PME certes mais aussi et surtout les multinationales de l'agro-alimentaire, les hausses de prix à venir concernent donc principalement ces produits.
Sauf que les marques de distributeur et premier prix ont elles déjà vu leurs prix augmenter de manière plus que significative depuis 18 mois, car pour elles les négociations ne sont pas faites annuellement mais plusieurs fois par an entre les enseignes et les usines qui produisent pour elles. Hors tous ces paniers anti-inflation ou quelque soit leur nom, sont composés quasiment uniquement de produits en marques distributeurs ou premier prix.
La grande distribution utilise donc la peur de l'inflation sur les marques nationales pour annoncer en grandes pompes un blocage des prix sur ses propres marques, celles qui ont déjà pris en compte à peu près toutes les augmentations nécessaires. Si ça ne coûte rien ou pas grand chose, ça permet de faire le tour des plateaux télé pour faire sa propre promotion.
C'est d'autant plus dégueulasse qu'ils ont attendu tout de même 18 mois pour enfin agir si l'on en croit leur discours, pourquoi donc alors le font ils maintenant ? Pour contrer le gouvernement déjà bien entendu, qui lui aussi à part faire de la communication avec ses gros sabots se contente généralement de brasser du vent.
Mais aussi car les prix des matières premières, du gaz et autres emballages est dans l'ensemble en train de baisser depuis quelques mois. Autrement dit bloquer ses prix quand ils sont au plus haut alors que les coûts de production vont commencer à baisser, c'est quand même se foutre de la gueule du monde.
Par exemple le cours du blé à déjà baissé de 16% depuis le début de l'année, ceux du maïs et du soja sont en baisse de 11%, idem pour les engrais pour produire les céréales, etc... Le prix du gaz n'a jamais été aussi bas depuis le début de la crise énergétique, il a été divisé par 5 depuis le mois d'août 2022.
Alors ce n'est peut-être pas le cas de tout ce qui entre en compte dans le calcul du coût de revient d'un produit vendu en magasin, mais la tendance est clairement à la baisse des coûts de production et devrait selon les experts se poursuivre dans les prochains mois et au second semestre 2023.
Venir faire de la publicité sur un blocage des prix alors qu'ils sont justement au plus haut et devraient baisser dans les prochains mois, pile au moment où on annonce de nouvelles hausses de prix sur d'autres produits, c'est bien plus de la communication qu'un geste en faveur des consommateurs.
C'est donc bien comme nous l'écrivions dans le titre de notre article, clairement nous prendre pour des cons. Car non, ne rêvez pas vous en aurez toujours pour aussi cher en caisse demain qu'hier, même en privilégiant les produits indiqués en rayon comme étant anti-inflation. C'est un habile tour de passe passe mais qui n'améliorera pas notre pouvoir d'achat, et vise surtout à éviter la fuite des consommateurs vers les enseignes de hard discount.
La seule différence au final pour les consommateurs, c'est que comme les prix des marques nationales vont augmenter et pas ceux des marques de distributeur (qui pour certains les avaient quasiment rejoints), on va voir à nouveau une vraie différence de prix se faire entre les MDD et les marques nationales.
Car dans les rayons, alors nous n'avons pas testé toutes les enseignes mais prenons l'exemple de notre Super U du coin qui a déjà mis en place ses mesures, rien n'a changé. Le paquet de cacahuètes qui est vendu à 1,35€ avec un joli affichage anti-inflation nous coûtait 0,95€ il y a 18 mois, il a donc bien déjà augmenté de 40 centimes (soit 42%) avant que son prix ne soit bloqué.
La crème liquide est passée de 0,59€ les 20 cl à 0,76€ (+29%), les galettes bretonnes de 0,99€ à 1,56€ soit 58% d'augmentation, etc... Sans oublier que dans le même temps le prix du pain dans notre Super U est lui passé de 0.49€ à 0.79€ du jour au lendemain (+61%), ça la communication bien huilée ne l'a pas indiqué par contre.
C'est à peu près le cas de tous les produits en premier prix ou de marques de distributeur, alors nous ne savons pas ce qu'il en est pour toutes les enseignes de la grande distribution mais à priori elles fonctionnent toutes sur le même principe. En vérité les marques premier prix et de distributeur ont déjà connu des augmentations cumulées sur les 18 derniers mois de 30% à 80% pour la très grande majorité des références.
Si les enseignes les avaient bloqués il y a un an, ça aurait en effet été un vrai geste pour les consommateurs. Mais annoncer que l'on va bloquer les tarifs une fois que toutes les augmentations sont passées et qu'ils ont atteint leur plus haut niveau, c'est à notre avis juste une vaste arnaque (vive le marketing).
La vraie question serait donc plutôt de savoir combien de temps après la baisse de leurs coûts de production ils vont faire baisser les prix en rayon, mais il fait peu de doutes que leur marge elle ne va pas trop souffrir de cette grande opération de communication.