Pouvoir d'achat : on fait le point sur l'inflation en 2023

Bien entendu les discours politiques ou d'économistes ultra-libéraux qui se succèdent sur les plateaux télé ont un seul objectif : rassurer pour ne pas faire baisser la consommation. Pourtant cette année s'annonce particulièrement compliquée et l'inflation va être difficile à encaisser, on fait le point sur les principales augmentations pour cette nouvelle année.

Tous nos vœux de prospérité, même si ça ne risque pas d'arriver :

En effet, si l'on en croit les spécialistes il ne faut surtout pas s'inquiéter car « contre la hausse des prix, l'état agît ». Mais derrière les beaux discours la réalité risque d'être moins joyeuse pour une majorité d'entre nous, notamment pour les petits budgets qui vont devoir composer avec une inflation bien supérieure à la moyenne nationale que l'on nous sert matin, midi et soir.

Pour mieux anticiper nous avons donc voulu en savoir plus, et regrouper les principales augmentations à venir au quotidien. Il est quasiment impossible de toutes les mentionner tant elles sont nombreuses, mais vous trouverez ci-dessous déjà une base assez complète pour savoir ce qui vous attend en 2023 :

• Énergies : entre bouclier tarifaire et fin du tarif réglementé

Commençons par un des premiers postes de dépenses contraintes, les énergies qui bénéficient d'un bouclier tarifaire avec tout de même une augmentation de +15% sur le tarif réglementé pour le gaz comme l'électricité début 2023. Une hausse qui bien entendu vient s'ajouter à l'augmentation de 4% l'an dernier et de celles ayant précédé la mise en place du bouclier tarifaire.

Autrement dit, si ça évite l'explosion des coûts pour les ménages, ça va quand même déjà pas mal piquer. D'autant que ce que l'on vous dit moins c'est que le gouvernement refuse de repousser la fin du tarif réglementé, qui va disparaître au premier juillet 2023 et donc si rien n'est fait nous serons tous dans le même cas que les boulangers à l'été.

Le secteur est si puissant qu'il ne faut pas s'attendre à de bonnes choses pour cette année, les multinationales sont aux manettes en coulisse pour engranger les milliards comme le révèle l'ODM. Vous avez dû le voir dans les actualités, la greenwashCOP 28 sera présidée par la compagnie pétrolière des Émirats Arabes Unis, dormez tranquilles tout va bien.

Source : médiateur national de l'énergie

• Eau : des augmentations fulgurantes mais variables

Difficile de vous donner un ordre de grandeur dans le domaine de l'eau, puisqu'il y en a à peu près autant que de structures pour gérer sa distribution. De plus c'est un marché non ouvert à la concurrence, donc de toutes façons vous n'aurez pas le choix.

Les hausses seront globales mais disparates en 2023, pouvant atteindre jusqu'à 20% d'augmentation par endroits. Pour en savoir plus il faut donc aller regarder sur le site de votre fournisseur et/ou les contacter si besoin, car nous ne pouvons pas vous en dire beaucoup plus.

Source : BFM TV

• Alimentation : explosion des prix à partir du mois de mars

Là aussi l'incertitude prédomine, la bataille entre industriels et distributeurs est engagée et les hausses annoncées à deux chiffres dans l'alimentation. Les vrais perdants seront comme toujours les petits producteurs et les consommateurs, car ces nouvelles hausses viendront s'ajouter à celles de 2022 qui étaient déjà sur l'alimentation en moyenne de 10,4% à 14,2% selon les sources.

Il faudra attendre début mars et la fin de la période de négociations pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés cette année. Plus inquiétant encore un projet de loi prévoit de donner raison à l'industrie alimentaire au cas ou aucun accord ne serait trouvé, dans ce cas l'augmentation demandée s'appliquerait automatiquement.

Dans ce cas de figure certains produits risquent de prendre encore des augmentations de 25 ou 30% du jour au lendemain, et les bénéfices des multinationales de l'agro-alimentaire vont comme ils le souhaitent pouvoir progresser comme jamais après avoir déjà augmentés de 25 milliards entre 2020 et 2021 (car oui, c'est toujours un peu la même histoire au final).

Source : Que Choisir

• Banques : une augmentation limitée

Du côté des banques c'est plutôt une bonne nouvelle puisque l'augmentation des tarifs bancaires sera limitée à 2% pour l'année 2023 suite à un accord des banques avec le gouvernement. Enfin, une bonne nouvelle à modérer puisque le domaine bancaire est loin d'être angélique, avec ses 30 milliards d'euros de bénéfices en 2021 il se porte bien.

Car comme le rappellent les associations de consommateurs régulièrement, les banques françaises sont championnes pour taxer les pauvres qui ont déjà des problèmes financiers. Les frais bancaires sont exorbitants et leurs commissions exceptionnelles sur les incidents bancaires, sans parler de leur engagement sans faille en faveur des multinationales exploitant les énergies fossiles.

Source : Que Choisir

• Assurances : des augmentations qui ne vont jamais s'arrêter

Du côté des assurances le choc va s'opérer sur plusieurs années, avec des hausses contenues mais continues pour atteindre jusqu'à +50% dans quelques années. En effet, plus le changement climatique fait des dégâts et plus les remboursements sont importants, donc plus les tarifs des assurances vont augmenter.

Pour 2023 la hausse devrait être de 2 à 5% sur les assurances classiques (habitation, voiture, etc...) et de pas moins de 7% pour les mutuelles santé, à voir en fonction de la probable augmentation des tarifs des consultations médicales en cours de négociations.

Comme pour les autres hausses il faut aussi élargir sa vision sur un plus long terme, car sur un an ça reste des augmentations qui peuvent paraître absorbables. Mais si on regarde les augmentations à plus long terme ce n'est plus la même chose, selon L'argus entre 2010 et 2020 les assurances ont déjà augmentées de 33% sur les habitations et de 39% sur les complémentaires santé.

Source : 20 Minutes

• Téléphonie et internet : le forfait qui monte, qui monte...

Les forfaits de téléphonie et d'accès à internet augmentent déjà régulièrement, de manière plus ou moins transparente selon les fournisseurs. Les hausses vont continuer petit à petit puisque les opérateurs ont trouvé l'argument qui tue, car comme les autres secteurs ils subissent la hausse des prix des énergies fossiles.

Ce sont principalement les tarifs énergétiques qui, comme vous pouvez le constater, font augmenter les tarifs dans la plupart des secteurs (alimentation, eau, etc...) ou servent d'excuse. Mais aussi celles qui alimentent en plus le dérèglement climatique, formant un cercle inflationniste vicieux et durable (comprenant aussi les tarifs des assurances).

Selon les forfaits et les opérateurs les augmentations devraient aller de 1€ à 4€ par mois, mais rien ne dit qu'ils ne pratiqueront pas une seconde augmentation similaire en deuxième partie d'année si les bénéfices ne leurs semblent pas suffisants. Des chiffres à multiplier par le nombre de forfaits de votre foyer bien entendu.

Source : Que Choisir

• Taxe foncière : encore de fortes hausses en vue

Les villes doivent faire des choix, chauffer et éclairer coûte toujours plus cher car les énergéticiens doivent reverser toujours plus de dividendes à leurs actionnaires. Le tout sans gagner d'argent chez nous pour ne pas payer d'impôts, ça va de soit.

La taxe d'habitation ayant disparue il faut combler avec la taxe foncière, qui va elle aussi être différente dans chaque ville donc il est difficile de vous donner des chiffres pertinents. Mais on sait que la hausse de la taxe foncière sera de plus de 7% pour tout le monde, c'est la part fixe indexée sur la valeur locative.

Mais selon les communes des augmentations complémentaires seront votées et ajoutées pour atteindre 15 à 30% d'augmentation pour les plus malchanceux, voir même 60% pour les parisiens. On nous avait promis que l'arrêt de la taxe d'habitation n'aurait pas d'impact sur le foncier, mais les promesses n'engagent que ceux qui veulent bien les croire.

Ce n'est pas tout, la taxe sur les aménagements de vos terrains augmente aussi et largement plus que l'inflation : +8% sur les abris de jardin soit 886€/m² en régions et 1004€ en Île de France (qui s'ajoute aux +7% de 2022), ce qui coûte cher au final ce n'est pas l'abri de jardin mais la taxe qui va avec. Pour un abri de jardin sympa de 8m² qui coûte entre 800 et 1500€ en magasin, vous devrez payer 7088€ de taxe (et plus de 8.000€ en région parisienne).

La taxe sur les piscines passe elle à 250€/m², se baigner coûte moins cher que de jardiner alors que l'eau commence à manquer (normal quoi). Même pour installer des panneaux solaires au sol vous devrez vous acquitter d'une taxe de 12€/m², car la transition énergétique il faut quand même aussi que ça rapporte à l'état français (mise à jour avec taxe d'aménagement et lien Service Public).

Source : Que Choisir / Service Public

• Autoroutes : une augmentation inférieure à l'inflation, youpiiii !

Du côté des péages autoroutiers, certains se targuent d'avoir obtenu une hausse contenue car inférieure à l'inflation. Un exploit qui coûtera quand même aux automobilistes 4,75% de plus que l'an dernier à chaque passage au péage.

C'est donc la plus forte hausse du tarif des péages jamais enregistrée depuis bien longtemps, il n'y a donc pas de quoi fanfaronner. En effet la hausse en début d'année 2022 n'était que de 2%, car comme pour toutes les autres augmentations si on regarde sur 5 ou 10 ans les augmentations cumulées sont faramineuses (tout comme leurs profits).

Les transports en commun aussi augmentent et bien plus encore, ils ont déjà pris 6% d'inflation en 2022 et l'année 2023 s'annonce catastrophique pour les utilisateurs. Avec déjà de fortes augmentations dans les principaux réseaux nationaux et régionaux : +12% pour le Pass Navigo et +13% pour les tarifs SNCF (et la raison avancée encore une fois le coût de l'énergie).

Source : Service Public

• Produits de grande consommation : rester propre va coûter plus cher

Outre l'alimentation, le reste des achats de grande consommation ne sont pas en reste. L'année 2022 a vu l'inflation galoper sur les produits d'hygiène et de beauté (+16%) et se laver coûte de plus en plus cher. Cette industrie, comme la mode d'ailleurs (+3%), sont aussi sur la sellette pour leur impact environnemental qui amplifie les problèmes et in fine alimente l'inflation.

Les équipements de la maison ont eux pris en moyenne 6% d'inflation en 2022, ce sont notamment les prix des meubles et de l'électroménager. On parle pour un canapé ou un four à 600€ d'une augmentation de 36€ tout de même, donc d'un canapé ou d'un four qui coûtait 636€ en 2022 au lieu de 600€ en 2021.

Il est difficile d'estimer ce qu'il en sera pour 2023, certains sites spécialisés prévoient encore une augmentation d'environ 6% sur les PGC (Produits de Grande Consommation). En d'autres termes pour reprendre notre exemple une machine à laver qui coûtait 600€ en 2021 vous coûtera environ 674€ en 2023 (+74€ en deux ans, c'est plus parlant que des pourcentages).

Sources : Que Choisir / LSA

Conseils et conclusion :

Alors le but n'est pas de faire peur mais de regrouper un peu tous ces chiffres pour que tout un chacun(e) puisse mieux prévoir son budget, et savoir ce qui l'attend pour ses prochaines factures. Bien entendu si vous êtes riches n'ayez aucune inquiétude, ça ne vous empêchera pas de vous envoler passer des vacances à l'autre bout du monde en jet privé.

C'est pour les autres que ça risque d'être plus compliqué, soit la majorité d'entre nous et plus encore pour les petits budgets qui eux risquent de devoir faire face à une inflation moyenne à plus de 10% en 2023. Sur un budget mensuel de 10.000€ ça passe, mais à moins de 2000€ par contre ça risque de coincer.

Nous pouvons d'ailleurs passer quelques autres augmentations en revue rapidement, les carburants notamment sont tellement volatiles qu'il est difficile de les aborder. Car on ne sait pas de combien ils vont encore augmenter, ou si ils vont très légèrement baisser avec un peu de chance.

Tout dépend de l'approvisionnement et des aspect géopolitiques conjoncturels, mais aussi de ce qu'ont promis les multinationales à leurs actionnaires en termes d'augmentation des dividendes : en France, 57.5 milliards d'euros ont été reversés par l'industrie pétrolière à ses actionnaires en 2021 et l'année 2022 devrait faire au moins aussi bien (et sans payer d'impôts bien entendu).

Nous pourrions évoquer aussi la visite chez le médecin généraliste qui va potentiellement passer de 25 à 50€, qui s'accompagnera obligatoirement d'une forte augmentation des mutuelles et d'une hausse de la part non remboursée (participations forfaitaires) à prévoir également. Oui, vous soigner va pourrait bientôt coûter très cher aussi.

Si vous êtes fumeur ou fumeuse ce n'est pas encore fini pour vous puisque le prix du tabac a été indexé sur l'inflation, donc devrait prendre encore de 5 à 10% d'augmentation sur l'année. Les plus touchés seront là encore les plus modestes bien entendu pendant que les multinationales engrangeront les milliards, mais c'est l'objectif d'une politique ultra-libérale.

Mais bon, comme le livret A va passer à 3% n'ayez aucune inquiétude et continuez à surconsommer. Si vous avez quelques milliers d'euros de côté et la chance de ne pas en avoir besoin en cours d'année, vous pourrez peut-être récupérer 200 ou 300€ d'intérêts l'an prochain, avouez qu'avec ce joli pactole vous allez pouvoir faire des folies.

Si vous n'avez pas d'argent vous aurez droit à quelques milliers d'euros d'aide pour vous acheter une voiture électrique à 30.000€, et si vous ne pouvez pas vous le permettre tant pis. Vous n'aurez qu'à rester chez vous puisque de toute façon l'accès aux villes vous est désormais interdit, avec la mise en place des ZFE (zones à faibles émissions).

Nous n'avons pas de conseils à vous donner si ce n'est d'anticiper au mieux ces augmentations, non l'année 2023 ne sera pas la plus heureuse et beaucoup d'entre nous vont souffrir financièrement. Vous trouverez sur notre site des astuces pour économiser, mais pour les miracles mieux vaut s'adresser à d'autres entités.

Dans le même temps les multinationales font des profits records années après années et les plus riches eux voient leurs fortunes bondir. Selon le dernier rapport de l'Oxfam depuis 2020 les 1% des plus riches ont capté 63% des richesses produites dans le monde. Bernard Arnaud, l'homme le plus riche du monde, disposerait à lui seul d'une fortune équivalente à celle cumulée de 20 millions de français, soit près de 30% de la population.

Toujours selon l'Oxfam les milliardaires français auraient engrangé près de 220 milliards d'euros rien qu'entre mars 2020 et mars 2021, pendant que le commun des mortels subissait de plein fouet la pandémie de COVID-19. Les chiffres sont sans appel, alors oui, la question du partage des richesses se pose tout de même à notre avis et ce quelques soient vos convictions politiques.

Ah oui, nous allions oublier mais pour récompenser les français de tous les efforts fournis pendant la pandémie et éviter le black-out énergétique cet hiver, ils vont gagner le privilège de travailler deux ans de plus avant de partir en retraite, un bonus bienvenu en cette période difficile !

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