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La shrinkflation, terme anglais indiquant une inflation masquée est une technique utilisée par les multinationales de l'industrie agro-alimentaire pour cacher ses augmentations de prix aux consommateurs. Une pratique peu reluisante mais légale, qui prend une ampleur jamais vue dans cette période de forte inflation.
Nous dénonçons cette pratique depuis de nombreux mois, tout comme le font les associations de consommateurs et notamment FoodWatch qui avait interpellé le gouvernement français. Ce dernier a diligenté des enquêtes dont les résultat viennent enfin de paraître, les résultats sont sans appel et pourtant ça ne semble pas être suffisant pour que les autorités réagissent enfin.
Pour celles et ceux qui n'auraient pas lu nos précédents articles sur le sujet, dont le premier date de début septembre 2022 tout de même. C'était il y a 5 mois déjà mais malgré les belles paroles, comme d'habitude rien n'a changé. Un nouveau rapport vient même démontrer une amplification du phénomène et un manque de transparence flagrant des industriels et des distributeurs.
Ce phénomène c'est la « shrinkflation », une pratique qui consiste à réduire la quantité de produit dans l'emballage sans en changer le prix (voir même en l'augmentant), sans en informer les consommateurs. Autrement dit c'est une inflation masquée qui augmente le prix des produits sans l'indiquer, visant clairement à tromper les clients.
Pire encore, c'est déjà la deuxième fois que la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) relève des anomalies dans l'affichage de l'information aux consommateurs. Car non contents d'augmenter en douce leurs tarifs, les consommateurs ne sont pas non plus toujours informés de l'augmentation du prix de leurs produits du quotidien par les affichages obligatoires.
Le constat est sans appel, la DGCCRF a relevé des anomalies sur les prix au kilo ou au litre chez 11% des distributeurs, qui donc ne changent pas le nouveau prix au kilo des produits en rayon dont la quantité a baissée.
Même constat du côté des industriels puisque sur 31 usines contrôlées, 7 d'entre elles présentaient des anomalies. Là par contre étonnamment on ne nous donne pas un pourcentage, c'est logique car il est bien plus parlant : 22,6% des usines agro-alimentaire contrôlées présentent des anomalies !
Ces anomalies, ce n'est pas indiqué clairement, ce sont en fait les emballages qui ne sont pas changés et indiquent toujours l'ancien poids alors qu'il a été réduit. Les industriels indiquent que ça coûterait trop cher de les modifier, et mon cul c'est du poulet ?
Rappelons tout de même pour resituer que les bénéfices des multinationales de l'agro-alimentaire ont augmenté de 25 milliards de dollars entre 2020 et 2021 par rapport à la période 2016-2019 (avant la pandémie donc), selon le dernier rapport de l'Oxfam.
C'est ni plus ni moins une arnaque puisque non seulement ils baissent la quantité sans baisser le prix, mais en plus vous n'avez pas toujours l'information sur le paquet de ce changement de conditionnement. Parfois vous ne pouvez pas non plus comparer le prix au kilo entre différents produits en rayon, car certains sont erronés et indiquent un prix moins élevé qu'il ne l'est en vérité.
Donc 11% des distributeurs et 22,6% des industriels présentent des anomalies de ce type, ils indiquent qu'ils n'ont pas les moyens de changer les étiquettes alors que pourtant leurs profits sont en nette augmentation. Qu'en disent les autorités françaises ? Nous allons le voir en seconde partie d'article, mais dormez tranquilles pour nos politiques il n'y a rien de bien méchant dans tout ça.
Sources : Franceinfo / FoodWatch
Selon Bercy, le ministère de l'économie et je cite : « ces pratiques relèvent surtout de négligences nuisant à la bonne information des consommateurs ». Autrement dit, ce sont des erreurs de bonne foi qui ne méritent donc pas d'être punies, ça arrive à tout le monde de se tromper.
Donc 22,6% des usines de production alimentaire ne sont pas en règle, mais ce ne sont que de petites négligences pas bien graves. Rassurez vous les scandales Kinder, ou Buitoni qui a coûté la vie à deux enfants français n'ont rien à voir avec ce laxisme pourtant criant de nos autorités.
Encore une fois donc nous allons le redire, les multinationales de l'alimentaire ne pensent qu'aux profits et se moquent bien des conséquences de leurs actes sur notre santé. Quand il y a des morts ça fait les gros titres mais au final rien ne change jamais, car les autorités françaises ferment les yeux sur des pratiques clairement abusives et sont complices de ce manque de transparence.
Nous pourrions aussi aborder l'aspect environnemental entre déchets plastiques et pollution générée par cette industrie sans foi ni lois, mais le greenwashing permet de contrer ces arguments. Tout comme le marketing laisse croire qu'ils sont engagés pour (bien) nourrir la population, il faudrait quasiment les remercier car sans eux nous n'aurions plus rien à manger (il faudrait juste se remettre à cuisiner en fait).
La question à se poser au final c'est combien ça coûte aux contribuables, entre frais de santé et coûts environnementaux à long terme. Pourquoi c'est à nous de payer ces dégâts collatéraux avec l'argent public, pendant que les multinationales engrangent des milliards chaque année ?
Nous dénonçons la shrinkflation depuis 5 mois, les politiques nous ressortent de leur chapeau des mesurettes à l'étude : demander à la grande distribution d'afficher clairement les modifications de poids ou de quantité (mais qui ne verra pas le jour, c'est trop cher) et compléter le site Signal Conso pour que les consommateurs puissent alerter les pouvoirs publics (ce qui ne changera rien).
Pourtant Mme Olivia Grégoire (ministre chargée des PME) avait promis de s'attaquer au problème en septembre 2022 comme nous l'indiquions dans notre précédent article sur la shrinkflation, qu'à t'elle fait ? Elle a demandé un rapport à la DGCCRF, qui vient donc de confirmer que le problème perdure et que de nombreux acteurs font preuve d'un manque de transparence criant.
Après des mois de tromperies et d'arnaques on va donc commencer à réfléchir à des solutions, qui seront potentiellement mises en place dans quelques mois. À priori donc quand l'inflation commencera enfin à dégonfler, elle est pas belle la vie ?
Mais qu'en sera t'il dans quelques mois quand un nouveau rapport alarmant sortira ? Nous vous laissons deviner, mais à notre avis rien n'aura changé ou à la marge histoire de dire que quelque chose à été fait sans régler le problème pour autant.
Car les consommateurs on s'en taponne au final, les bénéfices des multinationales et les dividendes reversées aux actionnaires c'est bien plus important que la santé ou l'environnement, que les citoyens français. En 2020 l'industrie alimentaire a augmenté de 25 milliards de dollars ses bénéfices, ça vaut bien quelques enfants morts de ci de là non ?
Si vous n'êtes pas d'accord avec ces pratiques, vous pouvez arrêter d'acheter les marques qui utilisent ces techniques abusives déjà et signer la pétition de FoodWatch qui est en pointe de ce combat. L'association de consommateurs est la plus active sur ces sujets, et son combat difficile face à des multinationales toutes puissantes.
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