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Alimentation : Le label Agriculture Biologique fête ses 40 ans

L'année 2025 a une particularité étonnante, celle que plusieurs labels officiels fêtent une nouvelle décennie d'existence et après le Label Rouge et le label EPV en début d'année, c'est au tour du label AB de souffler ses 40 bougies puisqu'il a été lancé en 1985.

L'occasion de revenir sur l'histoire de ce label de l'Agriculture Biologique, portant une filière qui justement, ne se porte pas bien et souffre. Alors c'est également l'occasion d'essayer de comprendre pourquoi ce label et les agriculteurs qui se sont engagés dans cette filière sont parmi les plus fragiles et se voient même attaqués par nos dirigeants politiques depuis quelques années.

Déroulé de l'article :

 

Label AB : 40 ans d'Agriculture Biologique en France

Après avoir célébré les 20 ans du label Entreprise du Patrimoine Vivant récemment et les 60 ans du Label Rouge en début d'année, un troisième label fête une nouvelle décennie. C'est le label Agriculture Biologique lancé en 1985 qui cette année atteindra donc ses 40 ans d'existence.

C'est d'ailleurs étonnant de voir que ces labels ont tous été lancés exactement avec le même écart, comme si on devait en inventer un nouveau tous les 20 ans, mais sans doute juste une coïncidence.

Le label AB, pour « Agriculture Biologique », a été lancé en 1985 par le ministère de l’Agriculture. À cette époque, face aux dérives de l’agriculture intensive et l'usage massif de produits chimiques, l'appauvrissement des sols et les atteintes à la biodiversité une alternative s’impose peu à peu.

Portée par des agriculteurs pionniers, des associations et une demande croissante des consommateurs, l’idée d’un cadre officiel pour l’agriculture bio voit le jour. Le label AB naît de cette volonté : encadrer les pratiques agricoles, rassurer les consommateurs et valoriser ceux qui choisissent une production plus respectueuse de l’environnement.

Attribué par des organismes certificateurs agréés par l’État, comme Ecocert ou Certipaq, le label AB repose sur un cahier des charges strict, aujourd’hui harmonisé au niveau européen. Pour être certifié, un agriculteur ou un transformateur doit respecter des règles précises : interdiction des engrais et pesticides de synthèse, absence d'OGM, protection du bien-être animal et mise en place de pratiques agricoles durables comme la rotation des cultures.

Avant d’obtenir la certification, une période de conversion de deux à trois ans est nécessaire et des contrôles annuels garantissent le respect de ces exigences. Pour les consommateurs, le label AB est une garantie fiable qui assure que le produit est issu d’une agriculture sans produits chimiques de synthèse, dans le respect des équilibres naturels.

Il garantit également une traçabilité rigoureuse de la ferme à l’assiette, dans une démarche de transparence. Depuis 2009, le label AB est généralement accompagné du logo bio européen, une feuille verte formée d’étoiles qui repose sur les mêmes critères.

Quarante ans après sa création, le label AB est bien plus qu’un simple logo. Il est devenu un repère fiable pour les consommateurs et un symbole d’engagement en faveur d’un modèle agricole plus sain, plus durable et plus responsable.

Pourtant, malgré toutes ces qualités et les bonnes intentions des années 1980, le monde a changé depuis. Les agriculteurs qui ont choisi l'excellence et de respecter le cahier des charges très contraignant du label AB sont en danger et leur filière attaquée par certains politiques, comment cela se manifeste t'il ?

quel modèle agricole souhaitez vous pour demain ? ©Pexels

quel modèle agricole souhaitez vous pour demain ? ©Pexels

L'Agriculture Biologique est en danger, mais qui veut sa peau ?

Le premier coup de pelle qui creuse la tombe du label AB est l'invention d'un sous label environnemental bien moins contraignant, le label HVE (Haute Valeur Environnementale). Promu et soutenu par le gouvernement et la filière viticole mais qui est loin de faire l'unanimité, l'UFC Que Choisit le juge trompeur pour les consommateurs.

S'en suit une prolifération de (faux) labels privés sans aucun contrôles qui ont pour unique but de semer le doute dans l'esprit des consommateurs, créant une jungle de labels et logos en tous genres dans laquelle il est très difficile de se retrouver. Notre article sur les fruits durables qui n'en avaient que le nom en est un bon exemple.

Depuis quelques années avec les actions de puissants syndicats agricoles productivistes, la situation de la filière empire encore car le gouvernement a décidé de sabrer les subventions aux producteurs qui travaillent en Agriculture Biologique. Sur la demande de qui, dans quel but ?

En effet, nous avons appris il y a quelques semaines que le budget de l'Agence Bio, l'organisme public chargé de la promotion de la filière mais sert aussi d'intermédiaire entre agriculteurs et industriels a été sabré par le gouvernement. Une coupe budgétaire très violente, leur budget passant de 23 millions d'euros en 2024 à 8,7 millions en 2025.

Le chiffre peut sembler important, il l'est d'ailleurs, mais encore faut il arriver à le mettre en perspective pour le comprendre. Il se trouve qu'en 2023 le gouvernement français a créé un fond d'investissement de 500 millions d'euros pour soutenir l'industrie agroalimentaire dans le cadre du plan de relance France 2030. Donc filière Bio 8,7 millions et filière industrielle 500 millions, le compte est bon ? Pas encore non.

L'état français a également supprimé l'aide au maintien qui devait remplacer l'aide à la conversion de la PAC, baissé l'aide au titre de l'écorégime. Ce sont entre 200€ et 250€ d'aides à l'hectare qui viennent d'êtres supprimées pour les agriculteurs labellisés Bio du jour au lendemain par le gouvernement français comme expliqué dans un article de France 3.

Venons en comme à chaque fois que nous évoquons ce sujet à une précision qui s'impose, qui suis-je pour juger ? Il se trouve que je suis un ancien chef de cuisine reconverti, que mon père a travaillé toute sa vie pour une Chambre d'Agriculture et a reçu la médaille du mérite agricole, que mon grand-père était agriculteur, qu'un de mes oncles est éleveur et que j'ai un cousin vigneron.

Nous ne faisons pas de politique mais finalement tout l'est, y compris nos achats en tant que consommateurs qui sont des actes dont la portée est économique, sociale et politique. Car n'oublions jamais que nous sommes les seuls à avoir en poche le pouvoir de faire évoluer les choses !

Ces dernières années un schéma qui ne voit l'alimentation et l'agriculture que par le prisme du productivisme semble dominer, il suffit de lire la lettre ouverte de Que Choisir aux députés lors du vote de la loi Duplomb pour comprendre l'ampleur des attaques faites aux normes (et in fine à notre santé) et aux instances qui contrôlent les agissements des agriculteurs par les politiques.

La proposition de loi initiée par le Sénateur Duplomb, que vous allez examiner à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale, porte atteinte à toutes les avancées en matière de protection de la santé humaine obtenues depuis plus de 10 ans.

extrait de la lettre ouverte de l'UFC Que Choisir

Ajoutez y une inflation galopante depuis environ 5 ans qui plombe le budget des ménages, même si certaines instances tentent de faire croire que le pouvoir d'achat progresse (personne n'est dupe et voit bien la réalité) et vous obtenez une filière au bord de l'effondrement. Le label AB fêtera t'il ses 50 ans ? Rien n'est moins sûr.

Voilà donc pour ces quelques observations, que l'on soit pro Bio ou pro pesticides, ça n'en reste pas moins les faits, rien que les faits et non pas un parti pris écolo gauchiste. Je ne consomme d'ailleurs que très peu de Bio moi même, mais la qualité de l'eau devrait à minima toutes et tous nous alerter !

  • Le gouvernement français n'est pas à un mensonge près :

Profitons en aussi pour dénoncer le discours politique, de sacrés mytho ceux là, qui mettent toujours en avant la « souveraineté alimentaire » pour justifier leurs choix en matière d'agriculture. C'est bien entendu un gros mensonge, comme expliqué dans notre article sur les coûts cachés de notre alimentation.

Nous avions trouvé un chiffre qui dément cette affirmation, car une estimation a établi que 43% des terres cultivées en France le sont dans le but d'exporter leur production agricole. Nous avons perdu notre souveraineté alimentaire non pas à cause des normes environnementales qui empêchent de produire, mais car près de la moitié de nos terres sont exploitées pour faire du fric à l'exportation (céréales, vins, etc...).

Vous trouverez un bon exemple de ce décalage entre communication et intentions avec les logos Viandes et Œufs de France sur lesquels nous avons enquêté en début d'année. Pour vous le résumer, le ministère de l'agriculture vante un dispositif qui « garanti un mode respectueux de l'environnement et le bien-être animal ».

Sauf que le bien-être animal, allez regardez les œufs premier prix dans votre supermarché habituel comme nous l'avons fait, et vous trouverez des logos Œufs de France sur des œufs de poules élevés en cages, donc le pire possible en matière de bien-être animal (c'est même plutôt de la maltraitance à ce niveau là).

Ce que nous essayons de vous faire comprendre au final, c'est qu'il faut que nous ayons conscience que nos achats et notamment en matière d'alimentation, sont autant d'actes citoyens qui influencent les décisions politiques et industrielles.

Ce n'est pas toujours simple quand on a un budget limité, mais essayons de toutes et tous faire un peu plus attention à ce que nous achetons. Hors ça, ça commence par s'informer pour essayer de comprendre les enjeux et trouver des sources fiables, qui n'aient pas des arrières pensées politiques ou soient en conflit d'intérêt (économique).

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