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Actus : c'est quoi le scandale de l'hexane dans nos assiettes ?

La sortie d'un livre connaît une exposition médiatique bien méritée, puisqu'il met en lumière un scandale (de plus) de l'industrie agroalimentaire. Ces entreprises qui assurent à qui voudrait bien les croire sur parole que leur priorité est de « bien nous nourrir » utilisent pourtant des dérivés du pétrole, dont l'hexane, pour vous préparer de bons petits plats.

Alors à moins d'aimer boire un bon verre d'essence au petit déjeuner, voilà qui mérite quelques explications. Le procédé est connu depuis longtemps, mais cette exposition médiatique permet de révéler l'ampleur de sa présence dans des aliments auxquels nous n'aurions jamais pensé. Alors faisons le point sur cette substance qui n'ouvre pas l'appétit, que lui est il reproché et est-ce la seule ?

Déroulé de l'article :

 

Les dérivés du pétrole dans notre alimentation, une longue histoire

Il est difficile de comprendre pourquoi un sujet se met à faire la une de tous les médias, alors que d'autres passent complètement à la trappe. Souvent d'ailleurs comme nous l'avions vu avec les actualités de fin d'été, ce sont des sujets déjà connus qui émergent plusieurs mois plus tard alors qu'ils n'avaient jusque là pas trouvés preneurs.

C'est encore le cas car ce nouveau scandale est mis en lumière grâce à la sortie d'un livre du journaliste d'investigation Guillaume Coudray « De l'essence dans nos assiettes », le même qui avait déjà signé un livre sur les nitrites qui avait fait (un peu) bouger les lignes. Cette autre affaire n'a rien de nouveau et aurait pu (et sans doute dû) faire le buzz depuis longtemps.

Il est vrai que, même nous qui sommes habituellement précurseurs sur tout ce qui touche à l'alimentation, n'avions pas encore consacré un article aux dérivés du pétrole dans l'alimentation. Nous avions pourtant connaissance de l'utilisation de solvants pour l'extraction d'huiles alimentaires ou la décaféination du café, mais ne pensions pas qu'ils étaient utilisés dans tant de produits.

En effet, des études récentes ont prouvé sa présence dans bien d'autres produits : œufs, beurre, lait, découpe de poulets, steaks de soja, etc... Une enquête de la cellule d'investigation de Radio France qui reprend notamment les résultats d'une étude de l'INRAe avait déjà alerté au mois de mai sur ce danger pour notre santé.

Pour mieux comprendre, nous vous conseillons cet article de Franceinfo très complet paru au mois de mai dernier, un des rares à avoir repris l'enquête de Radio France et évoque "des dangers pour la santé connus depuis les années 70".

Le hasard faisant bien les choses, en ce même mois de mai 2025 (une semaine avant les résultats des investigations de Radio France) une action de l'association de défense des consommateurs Foodwatch mettait en cause la réglementation européenne sur les huiles minérales d'origine pétrolière, dans l'indifférence générale.

Une double alerte qui n'avait alors pas fait la une des médias, alors qu'il y avait déjà largement de quoi s'interroger il y a 4 mois, et même depuis plusieurs années. Car Foodwatch dénonce la présence de dérivés du pétrole dans nos assiettes depuis 2015 : les MOAH (hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales) et avait en 2021 lancé une pétition signée par plus de 230.000 personnes.

Comme quoi on ne sait jamais trop quand les médias vont se saisir d'une affaire, ni pourquoi, mais à chaque fois nous nous rendons compte que notre santé n'est une priorité ni pour l'industrie agroalimentaire, ni pour nos dirigeants qui laissent faire.

Des hydrocarbures dans notre alimentation ? C'est la triste réalité !

Des hydrocarbures dans notre alimentation ? C'est la triste réalité !

C'est quoi l'hexane qui se retrouve dans nos assiettes ?

Les enquêtes récentes s'intéressent plus particulièrement à l’hexane, un hydrocarbure dérivé du pétrole de la famille des alcanes, il est principalement utilisé comme solvant par l'industrie agroalimentaire. À l’état pur, le n-hexane se présente sous la forme d'un liquide incolore, volatil et inflammable doté d’une faible odeur et presque insoluble dans l’eau.

Ses propriétés chimiques en font un excellent dissolvant pour les graisses et les huiles, expliquant son importance dans le milieu de l'alimentation. Lorsque des graines oléagineuses comme le soja, le tournesol ou bien le colza sont transformées, l’hexane facilite l'extraction de l’huile qu’elles contiennent.

Ce procédé offre un rendement nettement supérieur à la pression mécanique et s’est imposé comme la méthode dominante dans l’industrie. Une fois l’extraction réalisée, l’huile est raffinée et l’hexane en majorité évacué par distillation avant que le produit final n’arrive sur le marché.

Mais les résidus solides de cette première utilisation, appelés tourteaux, trouvent une seconde vie dans l’alimentation animale qui serait la plus contaminée par cet hydrocarbure, qui se retrouve ainsi encore en fin de chaine dans les produits laitiers.

L’efficacité et le faible coût de ce solvant expliquent sa large utilisation. Pourtant, son emploi soulève des questions. L’hexane est toxique lorsqu’il est inhalé et représente un risque pour la santé des travailleurs exposés ainsi que pour l’environnement, mais ne le serait pas pour les consommateurs.

La fiche INRS de l'hexane (soit du n-hexane dilué) relève 7 dangers inhérents à ce solvant : inflammable, mortel en cas d'ingestion, provoque des irritations cutanées, risque avéré d'effets graves sur les organes, toxique pour les organismes aquatiques, etc...

la fiche de l'hexane (et n-hexane) éditée par l'INRS, ça n'ouvre pas l'appétit !

la fiche de l'hexane (et n-hexane) éditée par l'INRS, ça n'ouvre pas l'appétit !

De plus en plus de voix s’élèvent pour demander des alternatives plus respectueuses de la santé et de l’environnement, comme la pression à froid ou l’utilisation de solvants d’origine naturelle. Certaines marques valorisent déjà ces méthodes pour répondre à la demande croissante des consommateurs, en quête de produits plus naturels et durables.

Précisons néanmoins que si les tests réalisés en laboratoire ont effectivement démontré la présence de résidus d'hexane dans de nombreux aliments, tous étaient sous la norme actuelle fixée à 1 mg par kilo puisque les résultats vont de 0,1 mg à 0,4 mg sur les produits analysés.

Sa présence dans de nombreux produits suggère par contre que nous en ingérons des quantités bien plus importantes que nous ne l'imaginions. Hors sa dangerosité pour l'être humain a été prouvée, l'hexane est considéré comme neurotoxique et reprotoxique selon Guillaume Coudray, dans son interview sur Franceinfo.

Comme toujours, l'industrie se défend en soulignant qu'elle respecte les normes en vigueur, mais comme nous savons toutes et tous qu'ils ont une influence démesurée dans les allées de la commission européenne pour dicter l'écriture des lois aux élus, est-ce encore une défense qui vous rassure ?

Est-ce une garantie suffisante pour garantir notre santé, sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, est-il nécessaire d'utiliser du pétrole pour extraire un peu plus d'huile des graines ou faciliter la séparation des restes de viandes sur les os avant de les transformer en plats cuisinés ? Pour les autorités la réponse est oui, mais pour nous par contre c'est non !

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