des astuces et conseils pour vous aider à mieux consommer au quotidien !
Le sucre n'est pas bon pour la santé, pourtant des alternatives sont parfois mises en avant sur les produits alimentaires pour nous laisser penser le contraire. Mais que se cache donc t'il derrière ce marketing intensif ? Nous allons essayer de le découvrir, ensuite nous évoquerons également la filière du sucre française qui fait l'actualité depuis le début de l'année.
Nous continuons notre grande croisade contre le marketing des industriels avec aujourd'hui un sujet sur les sucres alternatifs, qui sont désormais utilisés comme atouts santé dans le but de vendre toujours plus de produits sucrés et ultra transformés.
Mais d'abord rendons à César ce qui appartient à César car c'est l'enquête de 60 Millions de Consommateurs qui nous a donné l'idée d'écrire cet article. Bien entendu nous serons moins consensuels que les associations de consommateurs et donneront notre avis critique sur ces pratiques, mais promis par contre on arrête les références à l'antiquité.
Car ce sont bien des sujets d'actualité avec des fabricants qui mettent en avant des sucres alternatifs sur les paquets des produits : muscovado, rapadura, sirop d'agave, stévia ou xylitol. De biens jolis noms parfois accompagnés d'allégations de santé trompeuses.
Les marques de l'agro-alimentaire n'hésitent pourtant pas à mettre en avant l'apport de ces sucres en calcium, en magnésium, en minéraux ou en vitamines, alors qu'ils sont généralement en quantité infinitésimale dans le produit fini.
Pire encore car vous l'aurez compris, l'argument est de laisser penser que ces sucres alternatifs sont meilleurs pour la santé que le sucre blanc traditionnel, ce n'est bien entendu pas prouvé scientifiquement. Comme l'explique une grande spécialiste du sujet, le docteur Mathilde Touvier.
il n’existe pas de preuve scientifique d’un effet plus favorable de ces sucres-là sur la santé, même si les fabricants avancent l’argument de naturalité. Scientifiquement, rien ne dit que ce serait moins dangereux que le sucre blanc.
Alors d'où proviennent ces sucres exotiques qui envahissent les rayons de nos supermarchés ? Que contiennent t'ils et que dit la science sur leurs effets pour notre santé ? Pour le savoir il faut un peu rentrer dans les détails, et déjà les séparer en deux familles : les sucres non ou peu raffinés d'un côté et les substituts ou édulcorants de l'autre.
C'est pourtant principalement sur ces aspects que jouent les industriels pour appuyer leur communication, si c'est naturel et peu transformé ça doit être bon pour la santé. Prenons les un par un pour comprendre d'où ils sortent, le muscovado est un sucre de canne complet et non raffiné. Il est naturel mais produit en Amérique du Sud (Île Maurice et Philippines) donc importé de l'autre bout du monde.
Le sucre rapadura plus communément appelé « panela » est lui aussi issu de la canne à sucre, c'est le jus de la canne qui est cuit à haute température pour le cristalliser puis est tamisé pour obtenir une poudre. Autrement dit c'est un nom qui fait joli, en France on le connaît déjà depuis longtemps sous le nom de vergeoise.
Les édulcorants ont l'avantage d'un indice glycémique plus bas, leur pouvoir sucrant est supérieur donc la quantité nécessaire pour sucrer une préparation culinaire moindre. Mais attention tous ne sont pas naturels, et même pour ceux qui le sont comme la stévia, le sirop d'agave ou le xylitol (sucre de bouleau) on ne connaît pas encore leurs effets sur la santé à long terme.
D'autres sucres comme le sucre de coco, de dattes ou la sève de palmier sont principalement composés de fructose comme les pommes ou les fraises, c'est un sucre blanc issu des fruits. Mais au final ce qu'il faut retenir c'est que dans tous les cas ça reste du sucre, et le sucre n'est pas bon pour la santé quelque soit le joli nom qu'on lui donne.
Ce qui n'empêche pas de grands sites et magazines féminins de relayer ces allégations, comme Femme Actuelle en 2018 qui titre : « Rapadura et muscovado, les atouts santé des sucres non raffinés ». Comme l'accès à l'article est payant nous n'avons pas pu consulter son contenu, mais il fait peu de doutes qu'il reprend les arguments de l'industrie agro-alimentaire sans les vérifier ni non plus apporter de contradiction à des affirmations erronées.
Ces sucres alternatifs soit disant meilleurs pour la santé selon leurs producteurs, mais à ce compte nous pourrions aussi affirmer que notre site est bon pour la santé (ce qui serait d'ailleurs sans doute plus véridique), sont bien entendus vendus au prix fort car vous connaissez le diction : il n'y a pas de petits profits.
Comptez entre 5€ et 20€/kilo pour le sucre rapadura, à partir de 9€/kg pour le sucre muscovado, etc... Tous sont bien plus onéreux que le sucre blanc et importés de l'autre bout du monde. Alors que nous produisons du sucre en France, même si nos betteraviers ne sont pas des anges non plus (nous y reviendrons en dernière partie d'article).
Rappelons également comme nous l'indiquions dans notre grand dossier sur le sucre, que les français consomment déjà bien plus de sucre (68 grammes par jour) que la quantité conseillée par l'OMS (25 grammes par jour). Pourtant nous avons largement réduit notre consommation de sucre ajouté depuis les années 70, comment se fait il alors que l'on en ingurgite toujours plus ?
L'explication est simple, dans le même temps nous avons délégué la cuisine de nos plats et pâtisseries aux industriels, lesquels se sont lancés dans une croisade pour augmenter notre consommation de sucre qu'ils savent pourtant néfaste sur notre santé.
Quelle est la mystérieuse raison qui pousse l'industrie agro-alimentaire à mettre en avant des sucres en affirmant qu'ils sont bons pour la santé, alors qu'ils savent très bien que c'est faux ? Vous trouverez la réponse dans la suite de notre article, mais vous devez vous en douter car leur motivation est toujours la même : l'argent !
Comme d'habitude ce sont les lobbys qui sont à la baguette en coulisses pour influencer les consommateurs mais aussi les décisions politiques, là encore bien expliqué par 60 Millions de Consommateurs. Nous vous conseillons de lire cet article qui est très instructif, pour comprendre la mécanique des lobbys d'influence cachés derrière l'enjeu du sucre.
Il faut dire que ce sont des poids lourds de l'industrie agro-alimentaire qui se cachent derrière la production de sucre : Coca-Cola, Ferrero, Lactalis, Mondelez, etc... Des multinationales dont on connaît les pratiques et quels sont leurs objectifs : bénéfices, profits, dividendes.
Sans oublier bien entendu les producteurs de l'industrie sucrière et la FNSEA (lobby de l'agriculture intensive) toute puissante en France, producteurs et transformateurs sont main dans la main pour que le sucre soit partout.
C'est toujours la même histoire et vous devez désormais la connaître, la santé et l'environnement ne sont pas bien importants par rapport à l'enrichissement des multinationales et de leurs riches propriétaires. Elles sont prêtes à tout pour continuer à s'enrichir toujours plus, c'est vrai après tout pourquoi s'arrêter à deux yachts ou deux jets privés quand on pourrait en avoir trois ?
Nous pourrions donc aussi évoquer les néonicotinoïdes, ces pesticides surnommés « tueurs d'abeilles » qui sont dévastateurs pour l'environnement et dangereux pour la santé humaine. Interdits en Europe depuis 2018, le gouvernement français accorde depuis 2020 des dérogations à la filière de production de betteraves à sucre.
Encore une histoire de gros sous car la filière du sucre représente un chiffre d'affaire annuel de 3,5 milliards d'euros en France (source : SNSF), sans compter ensuite son emploi dans l'industrie agro-alimentaire qui vont de paire. Les scientifiques indiquent qu'il existe des alternatives, mais comme elles sont plus onéreuses à mettre en place et un peu moins efficaces la filière du sucre ne veut pas en entendre parler.
Le plus dramatique, puisque la commission européenne vient de donner raison à l'environnement et rendu illégales les dérogations françaises, c'est de voir la réaction des betteraviers. Qui immédiatement invoquent la disparition de la filière (attention sortez vos mouchoirs), et affirment dans les médias qu'il n'existe aucune alternative (fake news).
Exactement comme l'avaient fait les lobbys du secteur de la charcuterie industrielle pour continuer à utiliser les nitrites (à qui nos politiques ont donné raison), et comme les industriels font toujours dès que l'on veut faire bouger les choses dans le bon sens.
Car oui le bon sens, n'en déplaise à certains, c'est de privilégier la santé des êtres humains et de préserver notre planète plutôt que les profits des multinationales. Comme toujours il est plus question dans ces histoires d'argent que de santé ou d'environnement, c'est le problème récurrent de notre société cupide qui va dans le mur mais continue de faire passer les intérêts privés au dessus de tout le reste.
Alors nous disons non au sucre de betterave et oui au bon miel des abeilles, nous proposons aux betteraviers de se reconvertir dans l'apiculture car il n'y a pas que l'argent qui compte dans la vie. Quand on fait du mal à la santé de ses compatriotes et que l'on détruit la planète pour gagner sa vie, il est sans doutes temps de changer de métier.