des astuces et conseils pour vous aider à mieux consommer au quotidien !
Depuis la fin de l'année 2023, une réforme majeure bouleverse l’étiquetage des vins dans l’Union européenne. Les bouteilles de vin doivent afficher la liste des ingrédients et les valeurs nutritionnelles, comme n’importe quel autre produit alimentaire, souvent via un QR code. L’objectif est ambitieux : mieux informer le consommateur et rendre le vin plus transparent.
Un an et demi après l’entrée en vigueur de la mesure, l'association de consommateurs CLCV (Consommation, Logement, Cadre de Vie) a mené une enquête pour savoir si la promesse est tenue. Résultat : une réforme utile pour les consommateurs, mais qui doit faire l'objet de contrôles pour assurer son efficacité.
Déroulé de l'article :
Comme nous le faisons régulièrement, nous essayons de vous présenter les nouveaux dispositifs censés permettre une meilleure information des consommateurs. Mais mieux vaut ensuite suivre leur évolution, car bien souvent après les grandes annonces dans les médias, il ne se passe pas grand chose.
Heureusement, nous ne sommes pas seuls et c'est le rôle des associations de consommateurs. Alors pour reprendre l'histoire du début revenons fin 2023 lors du lancement du nouvel étiquetage obligatoire sur les bouteilles de vin, principalement sous la forme d'un QR Code sur les bouteilles.
Nous l'avons expliqué dans notre précédent article, l'Europe impose désormais un affichage obligatoire sur les bouteilles de vin, comprenant comme pour tout autre produit alimentaire le tableau nutritionnel avec la valeur énergétique (sur 100 ml) ainsi que la liste d'ingrédients (et les éventuels allergènes).
La cuvée 2024 est donc la première a être concernée par ce nouvel affichage, obligatoire certes mais qui peut être dématérialisé et affiché sur les bouteilles via un QR Code à scanner. La DGCCRF rappelle que 7 mentions restent incontournables sur l’étiquette physique : dénomination de vente, provenance, volume nominal, nom de l'embouteilleur, numéro de lot, titre alcoométrique et la présence d'allergènes (sulfites, produits à base d'oeufs ou de lait).
Pour simplifier le travail des producteurs, l’Union européenne a mis en place une plateforme dédiée, baptisée « EU Label ». Elle permet de renseigner ces informations en ligne et de les relier à chaque bouteille de vin en générant un QR Code unique, qui est ensuite imprimé sur les étiquettes.
Cette flexibilité, pensée pour alléger visuellement les étiquettes, est toutefois au cœur des critiques. Car si le QR Code est pratique sur le principe, encore faut-il qu’il fonctionne correctement et qu’il mène à une information fiable, complète et compréhensible pour les consommateurs. C'est ce que la CLCV a vérifié, alors voyons les résultats de leur enquête.
Pour vérifier si les nouvelles obligations sont bien respectées sur les bouteilles du millésime 2024, la CLCV a analysé 148 bouteilles de vins rouges, blancs, rosés, désalcoolisés et aromatisés, achetées au printemps en grandes surfaces et chez des cavistes.
Le constat de cette enquête est globalement positif car près de 96% des vins du millésime 2024 affichent bien les informations requises. C’est un signe encourageant, car cela montre que la profession a globalement respecté la nouvelle obligation d'affichage.
Dans 90% des cas, les producteurs choisissent le QR Code pour transmettre les informations. Environ 10% des producteurs ont par conséquent choisi d'apposer les informations directement sur les étiquettes, sans passer par un affichage numérique.
Mais surtout, il faut également souligner que 20% des QR code sont inactifs, incomplets ou incohérents. Pour le consommateur, cela signifie parfois un lien qui ne fonctionne pas, une page indisponible ou bien des informations partielles.
Au final donc si l'on additionne les 4% de bouteilles qui n'affichent pas les informations obligatoires et les 20% qui ne les affichent pas correctement, au final près de 1 bouteille sur 4 ne respecte pas la réglementation !
Au-delà du support, l’enquête met en lumière le contenu de ces étiquetages : 90% des vins contiennent au moins un additif et un vin contient en moyenne 4 additifs, la quasi-totalité intégrant des sulfites. Les vins labellisés Agriculture Biologique se distinguent, avec environ deux fois moins d’additifs que leurs équivalents conventionnels.
Du côté des valeurs nutritionnelles, l’écart est significatif : un verre de vin peut contenir de 53 kcal et jusqu'à 90 kcal pour 100 ml selon le degré d’alcool. De manière générale, plus le vin est fort (titre alcoolémique), plus il est calorique.
Ces données sont importantes car elles permettent de comparer les pratiques et donc aux consommateurs de faire leur choix en fonction de nouveaux paramètres. Mais elles révèlent aussi l’importance de contrôles plus rigoureux, afin de s’assurer que toutes les bouteilles respectent la loi et que l’information soit accessible sans obstacles techniques.
Pour les consommateurs, ce nouveau cadre juridique apporte une avancée indéniable puisque pour la première fois les personnes soucieuses de leur santé, de leur consommation calorique ou de la présence d’additifs peuvent désormais comparer les bouteilles sur des critères jusqu'ici inaccessibles.
Mais dans les faits, la situation est plus nuancée. Ces informations passent par un QR code, ce qui suppose d’avoir un smartphone et de prendre l’habitude de scanner les produits en magasin. Cela pose un problème d’accessibilité pour certaines catégories de consommateurs, notamment les personnes âgées mais pas uniquement, car souvent la connexion aux réseaux sans fil est difficile dans les supermarchés.
Le format numérique ouvre aussi la porte à des incohérences : informations incomplètes, liens brisés, pages peu lisibles ou truffées de jargon incompréhensible. Ce qui nourrit la crainte d’une « transparence en demi-teinte », où l’information existe théoriquement mais reste difficile à consulter.
Après, et c'est le cas de le dire, tout dépend de si vous voyez le verre à moitié vide ou à moitié plein. L’association de défense des consommateurs recommande de privilégier autant que possible les mentions visibles directement sur la bouteille, afin de garantir une information immédiate et universelle.
La CLCV appelle à un renforcement des contrôles par la DGCCRF et souhaite que cette obligation d’affichage soit étendue à d’autres boissons alcoolisées comme les spiritueux. Elle encourage également les producteurs à ne pas se limiter au strict minimum réglementaire, et à veiller à la qualité des informations accessibles par QR code.
De leur côté, les consommateurs peuvent adopter quelques réflexes simples. Vérifier le millésime d’abord : seuls les vins produits après décembre 2023 sont concernés par la réforme. Scanner le QR code ensuite, en gardant en tête qu’il doit mener vers une liste d’ingrédients complète et afficher les valeurs nutritionnelles.
Enfin, et c'est tout l'intérêt d'accéder à ces nouvelles informations, de comparer les bouteilles en intégrant leur liste d'ingrédients et le tableau nutritionnel dans votre comparatif. En effet, la CLCV a trouvé des bouteilles de vin sans additifs, alors que d'autres en contenaient jusqu'à une dizaine : antioxydants, agents stabilisateurs, conservateurs et autres correcteurs d'acidité.
Il ne vous reste plus qu'à prendre l'habitude de scanner avant d'acheter et de privilégier les producteurs qui aiment leur métier et mettent tout en oeuvre pour le faire dans les règles de l'art !