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La revue de presse des associations et ONG françaises - février 2024

Nous vous proposons de découvrir les principaux sujets abordés par les grandes associations de consommateurs françaises, sous la forme d'une revue de presse qui réunit les actualités importantes du mois en cours.

Des actualités qui devraient toutes et tous nous intéresser, car elles nous concernent au premier plan : alimentation, logement, santé, etc... Ce sont finalement de nos vies dont il est question et mieux vaut donc se tenir informé(e)s de ces sujets de société.

 

Les principales annonces des associations de consommateurs :

En effet, les sujets d'actualité soulevés par les associations de consommateurs sont d'une importance primordiale. Elles servent à nous expliquer et/ou à remettre en question des décisions qui impactent directement notre quotidien.

C'est particulièrement le cas en ce mois de février car nous allons aborder l'alimentation (qui part en cacahuète), le logement qui est désormais en pleine crise (une crise annoncée depuis longtemps) ou encore l'utilisation abusive de nos données personnelles.

En seconde partie nous évoquerons les profits records du CAC40 et comment sont répartis ces bénéfices. Nous apprendrons que juste avec ce qu'ont gagné les 42 milliardaires français en 3 ans, nous aurions pu verser 3.400€ à chaque français(e), etc...

  • FoodWatch : après la shrinkflation, la cheapflation !

Le gouvernement français, après plus de 10 ans d'alertes et parce que la pratique commençait à vraiment se voir en pleine période d'inflation, a enfin décidé de s'attaquer à la shrinkflation. Mais à la petite cuillère puisque comme il n'est pas question de l'interdire, ils veulent juste imposer que ce soit mieux indiqué sur les paquets.

Hors les multinationales de l'industrie agro-alimentaire ont déjà trouvé une nouvelle technique pour augmenter leurs marges en toute discrétion, la « cheapflation » (cheap pour "bon marché" et inflation).

La cheapflation consiste à remplacer des matières premières onéreuses dans ses recettes par d'autres, qui le sont beaucoup moins. Ils vont volontairement dégrader la qualité des produits pour faire baisser leurs coûts, mais le consommateur lui continuera bien entendu à payer le prix fort.

C'est tout simple à comprendre, on va par exemple remplacer l'huile de tournesol dont le prix a augmenté par de l'huile de palme et le tour est joué. On va réduire la portion de viande ou de poisson et la remplacer par de la chapelure pour faire baisser le coût de production, etc...

Une baisse de la qualité qui s'accompagne en plus souvent d'une augmentation du prix au litre ou au kilo, avec un beau bandeau « nouvelle recette » sur le paquet pour faire croire que le produit est encore meilleur qu'avant.

En général ces changements de recette font baisser le Nutri-Score des produits victimes de cheapflation, néanmoins comme son affichage n'est pas obligatoire si il n'est plus assez vendeur il suffit tout simplement de l'enlever du paquet.

Elle n'est pas belle la vie de l'industrie agro-alimentaire ? Mais attention car dans une dizaine d'années les politiques se saisiront du sujet et là promis, ça va barder !

  • L'exemple du poisson à la bordelaise Findus

La palme du cynisme revient à Findus avec son poisson à la bordelaise surgelé qui réuni à lui seul toutes les techniques (légales) de tromperies aux consommateurs : l'industriel a changé la recette de son plat cuisiné, affichant un beau bandeau rouge en haut de paquet pour faire croire à une amélioration.

Sauf que le changement de recette consiste principalement à réduire le poisson et à augmenter la chapelure qui coûte moins cher, c'est la fameuse « cheapflation ». Comme ça ne suffisait pas, dans le même temps la portion a été réduire de 400 grammes à 380 grammes, c'est la shrinkflation.

Ce n'est pas tout car en prime son prix au kilo a augmenté de 47%. Cerise sur le poisson, le Nutri-Score ayant été dégradé de la note B (vert) à la note C (orange) suite à ce changement de recette, la marque a tout simplement choisi de le retirer de l'emballage.

C'est un sans faute pour Findus (groupe Unilever) qui a utilisé à peu près toutes les techniques à sa disposition pour augmenter sa marge sans que le consommateur ne s'en aperçoive. C'était sans compter sur FoodWatch qui a révélé l'arnaque, car oui, à ce niveau de tromperies on peut parler d'arnaque.

Et comme toujours on s'interroge sur les raisons qui font que, alors que ces techniques sont utilisées et dénoncées depuis de longues années, les décideurs politiques ne font pas grand chose pour y mettre fin.

industriels, distributeurs : tous coupables ! (crédit : FoodWatch)

industriels, distributeurs : tous coupables ! (crédit : FoodWatch)

  • CLCV : des mesures contre productives sur le logement

La CLCV s'est notamment pas mal intéressée au secteur du logement (c'est le « L » dans CLVC) et aux annonces faites pour subvenir à la crise du logement, qui était annoncée depuis des mois. Alors que le ministre en charge du dossier s'est fait attendre et que les associations alertaient depuis un moment, le gouvernement a attendu, attendu, attendu.

Les mesures prises à la va vite pour créer des effets d'annonce n'ont donc logiquement pas convaincu les acteurs du secteur et les associations de consommateurs, toutes dénonçant le projet de démembrement de la loi SRU qui aboutira à une baisse de la construction de logements sociaux.

La CLCV s'est également intéressée aux autres annonces faites par le premier ministre, qui souhaite proposer un « choc de l'offre ». L'association rappelle que le président de la république nous avait déjà sorti cette grande idée il y a 7 ans, avec le résultat que l'on découvre aujourd'hui.

Les autres pistes ne sont pas plus convaincantes : un renforcement de la division parcellaire qui est pour l'association un cadeau fait aux vendeurs de sommeil ou faire plus de surélévations, encore une vieille idée lancée en 2019 par le ministre du logement de l'époque et qui n'a jamais fonctionnée.

Enfin, cerise sur la maison la CLCV dénonce la volonté du ministre de déverrouiller la profession de syndic de copropriété, avec le risque de voir arriver sur le marché des start-up cupides pour gérer des copropriétés sans aucune connaissances, risquant encore d'aggraver la situation.

Vous l'aurez compris, le gouvernement a tout faux et ce n'est pas avec ces annonces que la crise du logement sera résolue, selon l'association de consommateurs ces mesures risquent au contraire de l'aggraver.

Pour plus d'informations vous pouvez consulter le rapport de la Fondation Abbé Pierre qui vous renseignera sur le diagnostic et les enjeux en matière de logement, et ce n'est pas beau à voir.

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et maintenant, la crise du logement (crédit : pixabay)
  • UFC Que Choisir : souriez, vous êtes traqués !

Quand c'est gratuit c'est vous le produit, quand c'est payant vous l'êtes aussi ! C'est un peu la devise des géants de l'internet, bien loin de la promesse de liberté initiale l'UFC Que Choisir révèle l'ampleur de la surveillance mise en place par les acteurs du web.

L'association de consommateurs a analysé les pratiques de pistage commercial, le résultat est sans appel : visiter une dizaine de sites internet suffit pour être pisté plus de 4000 fois !

Autant d'informations sur vos habitudes qui sont stockées, compilées pour créer des profils et revendues ou partagées puis vont servir à vous cibler pour afficher des publicités et in fine, vous pousser à acheter quelque chose.

Chaque jour donc, car la plupart d'entre nous vont facilement consulter au moins une dizaine de sites (actualités, réseaux sociaux, e-commerces, etc...), nos données personnelles sont collectées plus de 4000 fois et ensuite partagées avec plus de 1000 acteurs de l'économie du marketing.

Vous êtes ainsi classés par catégories avec des critères d'ailleurs parfois à la limite de la décence : dépendance aux jeux de hasard, dysfonction érectile (oui ils savent même que vous avez des problèmes avec votre kiki), grosse acheteuse de tests de grossesse, et ainsi de suite. Une aubaine pour les industriels qui ont justement des solutions à vous vendre.

Ça ne leur coûte pas moins cher puisqu'il y a toute une chaîne de sociétés à but lucratif qui prennent leur commission au passage, mais de toute façon c'est toujours le consommateur qui paye au final donc peu importe.

est il possible d'exercer son droit d'accès aux données personnelles ? (crédit : UFC Que Choisir)

est il possible d'exercer son droit d'accès aux données personnelles ? (crédit : UFC Que Choisir)

Comme nous le dénonçons depuis des années, l'UFC Que Choisir confirme également que le droit de refus de l'utilisation de ses données personnelles et le droit à leur effacement est systématiquement bafoué par ces entreprises (voir graphique ci-dessus).

Ce sont notamment les dark patterns que nous vous avons expliquées dans un précédent article, cases précochées, impossibilité de refuser et messages culpabilisants, etc.. Ils ont par exemple mis 2h45 à lire l'ensemble des conditions d'utilisation de Facebook.

Ce qui est triste au final c'est que selon l'association 84% des consommateurs sont défavorables à ces pratiques de pistage, mais pourtant tout le monde consulte les sites qui utilisent ces pratiques.

Et personne ne s'intéresse aux petits sites comme le nôtre qui respectent leurs données personnelles et vont finir par disparaître faute de visibilité et de moyens. Car le but au final, c'est de faire disparaître les sites qui refusent d'intégrer ce cercle vicieux.

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L'annonce d'une autre ONG qui nous a interpellés :

Nous ne pouvons pas prendre tous ces sujets individuellement sans essayer de les relier, la plupart de ces problèmes ont une même origine, l'appétit insatiable des plus riches qui n'ont semble t'il jamais assez d'argent et veulent par tous les moyens continuer leur fuite en avant.

Sauf que le seul moyen qu'il leur reste maintenant que la planète terre leur a donné tout ce qu'elle avait en stock, c'est de prélever les pauvres pour continuer à augmenter leurs profits.

  • Oxfam : les multinationales, les ultrariches et des inégalités

Les chiffres mis en ligne par Oxfam France sont très révélateurs et un d'entre eux permet de se rendre compte des inégalités : les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d'euros en 3 ans (de 2020 à 2023).

Cette somme permettrait de faire un chèque de 3.400€ à chaque français(e) ! Chaque milliardaire français empoche donc chaque année l'équivalent de 1.133€ par habitant de notre pays, vous vous demandiez où passe l'argent qui vous manque en fin de mois ?

Les 4 familles les plus riches ont vu leur fortune augmenter de 87% sur cette même période, pendant ce temps 90% des français(e)s ont vu leur richesse cumulée diminuer.

Les 11 plus grandes entreprises françaises ont réalisé 101 milliards d'euros de bénéfices entre juin 2022 et juin 2023, un chiffre en augmentation de +57% par rapport aux années précédentes (2018 à 2021) qui étaient déjà exceptionnelles.

Les 40 plus grandes entreprises françaises (CAC40) ont généré 123,9 milliards d'euros de bénéfices en 2023, comment les ont elles utilisés ? Elles ont reversé plus de la moitié en dividendes à leurs actionnaires déjà, soit la modique somme de 67 milliards d'euros !

Elles ont utilisé ces bénéfices pour racheter leurs propres actions à hauteur de 30 milliards d'euros, il ne reste donc déjà plus que 26,9 milliards d'euros à répartir (soit 21.7%) si vous n'avez pas fait le calcul.

Ce n'est pas Ofxam qui nous l'apprend mais un article de Franceinfo (15/02/2024) qui s'intéresse à la répartition des bénéfices réalisés par le CAC40.

Sauf que pour le reste on ne sait pas ce qui sert à faire de nouveaux investissements, c'est tout de même à la base le principal levier permis par les bénéfices qu'invoquent toujours les grands patrons pour se justifier, et la part qui revient réellement au plus grand nombre, à savoir les salariés.

Alors nous voulons bien qu'il ne faille pas tout confondre et mélanger, mais enfin tout de même les chiffres sont sans appel. Quand vous avez 90% de la population qui tire la langue et 1% qui s'en met littéralement plein les fouilles, il doit bien y avoir un rapport entre les deux quand même.

L'édito de Tests et Bons Plans pour Consommer Malin :

Nous n'allons pas revenir outre mesure sur la grande mobilisation des agriculteurs qui a agitée ce mois de février et que nous avons déjà évoquée dans d'autres articles.

Mais au final nous avons l'impression que ce sont plus les multinationales de l'agro-alimentaire qui ont gagné cette bataille que nos agriculteurs, en désignant comme coupables les normes écologiques et les distributeurs.

Les agriculteurs demandaient à vivre dignement de leur travail et à mettre fin aux accords de libre échange néfastes, alors ils ont obtenu le droit de continuer à utiliser des pesticides, d'utiliser du gasoil pas trop cher et de s'accaparer l'eau.

Nous pouvons comprendre les enjeux mais non seulement la qualité de l'eau que nous buvons se dégrade et en plus la ressource se raréfie, nous ne pouvons donc pas non plus faire comme si ça n'avait aucun impact sur notre santé et la biodiversité.

Mais les agriculteurs sont loin d'être les seuls pollueurs, leur rejeter la faute serait une erreur car il y a bien d'autres industries qui polluent allègrement et s'accaparent l'eau sans être inquiétées, alors que leur utilité est bien plus discutable et moins nourricière.

Pour plus d'informations vous pouvez lire le billet de la présidente de l'UFC Que Choisir (30/01/2014) qui explique cette instrumentalisation de la mobilisation des agriculteurs.

Nous vous conseillons également un article de Basta Média sur les coûts cachés des pesticides (15/02/2024), qui coûteraient aux finances publiques le double de ce qu'ils rapportent aux agriculteurs, une situation qui va empirer si l'on continue dans cette voie.

Les grands perdants sont en tous cas les maraîchers et la filière Bio sans oublier les apiculteurs, mais aussi les consommateurs qui paieront ces choix en magasin et finalement tous les citoyens, au prix de leur santé dans les années à venir.

les liens entre politiques publiques et intérêts privés (crédit : Observatoire des Multinationales)

les liens entre politiques publiques et intérêts privés (crédit : Observatoire des Multinationales)

Vous devez vous en souvenir, il y a tout juste deux ans éclatait le scandale des cabinets de conseils grassement rémunérés par l'état français (plus de 1 milliard d'euros en 2021) sur les deniers publics pour remettre des rapports et autres feuilles de routes dont l'utilité reste à prouver.

Le rapport établissait aussi que le coût moyen des consultants s'élevait à 1528€ par jour de travail entre 2018 et 2020, avant donc leur explosion. Un business particulièrement juteux qui attire les anciens ministres Macronistes, plus de la moitié d'entre eux ayant rejoint le secteur privé après leurs fonctions publiques, notamment pour faire du lobbyisme.

Pire encore l'Observatoire des Multinationales note également que beaucoup d'entre eux ont créé ou rejoint des sociétés de conseils, puisqu'ils ont dénombré 24 anciens membres du gouvernement reconvertis dans des activités de conseils.

Il n'est donc pas certain que nous soyons enfin débarrassés de ces dépenses faramineuses de l'état pour recourir à des cabinets de conseils, maintenant qu'en plus ils peuvent s'en servir pour arroser les copains avec de l'argent public.

Il n'y a donc finalement pas grand chose qui va dans le bon sens, on voit bien que la seule priorité est de maintenir un système néolibéral à bout de souffle. De continuer à s'en mettre plein les poches, quoi qu'il en coûte aux populations quitte à les appauvrir et à les rendre malades, avant que ça craque.

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