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L'eau de tous les scandales : entre tromperies, contaminations et complicités, tous coupables !

De l'eau contaminée filtrée illégalement, polluée aux micro plastiques et vendue à un prix exorbitant, n'en jetez plus la coupe est pleine ! Ces derniers mois l'eau sous toutes ses formes fait l'actualité, en bassines ou du robinet et même en bouteille, ce bien qui était auparavant abondant devient une denrée rare et source de tous les conflits.

Faisons le point sur l'actualité qui nous fait ouvrir les yeux sur l'eau en bouteille, qui n'est pas si naturelle qu'elle voudrait nous le faire croire. Mais aussi les autres problématiques car l'eau du robinet est elle aussi contaminée, en partie à cause de l'agriculture que nous ne pourrons épargner même si nous soutenons leur mouvement de contestation.

Des effets qui sont le résultat de causes avec des coupables qui se cachent derrière de jolis discours. Alors si l'on veut faire évoluer la situation il faudra aussi avoir le courage de les désigner, sinon les problèmes réapparaîtront inévitablement.

Déroulé de l'article :

 

L'eau en bouteille n'est pas aussi naturelle qu'elle n'y paraît !

Le sujet de l'eau est aussi vaste que le sont les océans, elle fait l'actualité régulièrement et ces derniers temps pour de mauvaises raisons. Car l'eau est un bien inestimable que nous sommes en train de détériorer pour des raisons plus que discutables.

Pour en savoir plus il ne faut pas s'arrêter à la dernière news (c'est même un scandale en vérité) et essayer de prendre le problème dans son ensemble, même si il est quasiment impossible de le faire dans un article unique.

Revenons déjà sur les dernières actualités la concernant, du moins pour l'eau que nous buvons au quotidien. Mais il nous faudra aussi aborder l'agriculture et les pesticides, les multinationales et la politique car tout est lié et si l'on veut avancer, il faut prendre le mal par la racine.

Commençons par l'enquête qui a fait grand bruit dans les médias ces derniers jours, menée par la cellule investigation de Radio France en partenariat avec le journal Le Monde.

Elle nous révèle que de nombreuses marques d'eau en bouteille des groupes Alma et Nestlé ont enfreints la loi (Chateldon, Contrex, Cristaline, Hépar, Perrier, Vichy Celestin, Vittel, Saint-Yorre et bien d'autres encore) pendant de longues années.

Leurs tromperies envers les consommateurs sont nombreuses : traitements interdits et filtration illégale d'eaux contaminées, des mélanges d'eau de source ou minérales avec de l'eau du robinet, des injections de sulfate de fer et de CO² industriel, etc...

Selon l'enquête le gouvernement français est au courant depuis 2021 et a préféré garder le silence pour protéger les intérêts de ces sociétés privées, alors que la loi française leur imposait de signaler ces faits graves à la justice.

Pire encore, il aurait même été demandé après un rendez-vous à Matignon tenu secret avec Nestlé Waters, l'émission de décrets aux préfectures afin d'autoriser une pratique frauduleuse dans leurs usines.

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l'eau en bouteille de tous les scandales (crédit image : pixabay)

Un rapport des autorités concernées rendu en 2022 (mais resté secret bien entendu) indique qu'une marque d'eau vendue en bouteille sur trois ne serait pas conforme à la réglementation, c'est même 100% pour les marques du groupe Nestlé !

D'autres enquêtes récentes révèlent également que l'eau en bouteille serait bien plus contaminée par les micro plastiques que nous ne pouvions l'imaginer. Alors, l'eau en bouteille pure et naturelle, vous y croyez toujours ? Cela vaut il vraiment la peine de payer 100 fois plus cher pour cette eau, le rapport qualité/prix ne saute pas aux yeux en tous cas !

Sans surprise nous évoquons à travers de simples bouteilles d'eau les industries que nous retrouvons dans tous les mauvais coups, à commencer par les multinationales de l'agro-alimentaire puisque par exemple les marques de Nestlé (Contrex, Perrier, Vittel, etc...) sont citées.

Mais aussi l'industrie du plastique qui permet d'embouteiller tout ça, de cercler les packs et soutient la filière. Comme le plastique c'est du pétrole, les majors de l'énergie ne sont jamais loin non plus.

Que dire aussi des marques d'eau de luxe qui se développent ces dernières années en jouant sur les ressorts de la rareté et de la pureté pour vendre toujours plus cher, de l'eau.

Oui mais attention de l'eau du glacier trucmuche ou de la source machin chose, bien packagée dans une belle bouteille en verre et avec de nombreux avantages (non avérés) pour votre santé.

Mais le pire au final, c'est qu'il y a des gens tellement naïfs qu'ils sont prêts à acheter du rêve au prix fort, lobotomisés par la société de consommation et le marketing intensif des marques.

 

Eau du robinet contaminée, entre agriculture et pesticides :

Moins onéreuse et d'aussi bonne qualité, l'eau du robinet est vantée depuis des décennies, mais rien n'y fait les embouteilleurs ont embrigadé grâce à la publicité des millions de foyers qui ne jurent que par ses supposés bienfaits.

Néanmoins si elle est de loin la meilleure option, l'eau du robinet n'est pas non plus exempte de tous reproches, contaminée aux pesticides et autres polluants à tel point que les autorités doivent régulièrement relever les taux autorisés pour qu'elle reste (selon la loi en tous cas) potable.

Un rapport de l'ANSES en 2021 avait testé un échantillon de 136.000 analyses (soit environ 20% de l'eau consommée en France) et le résultat est sans appel : plus de 50% des échantillons étaient contaminés par un herbicide interdit en 2020, 10% présentaient des traces d'explosifs et 8% des traces d'un solvant cancérigène.

Là encore le gouvernement au lieu de protéger la population et de prendre des mesures, a choisi de privilégier les intérêts privés aux enjeux de santé publique. Alors que l'agence de sécurité sanitaire avait engagée une procédure de retrait du S-métolachlore, le ministre de l'agriculture lui a demandé de renoncer car l'herbicide est très utilisé par les céréaliers.

Le S-métolachlore, avec 1.946 tonnes écoulées chaque année, est "l'une des substances actives herbicides les plus utilisées en France", note l'Anses. L'agence de sécurité sanitaire, mandatée pour évaluer et autoriser ou non les pesticides, avait d'ailleurs engagé une procédure de retrait de cet herbicide très utilisé sur le maïs, le soja et le tournesol. Mais le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a demandé à l'Anses de faire marche arrière, au nom de la "souveraineté alimentaire".

extrait d'un article de Franceinfo du 06/04/2021

Une carte interactive de la qualité de l'eau en France mise à votre disposition par l'UFC Que Choisir permet de se renseigner au niveau local afin de connaître la qualité de l'eau dans votre commune (ou dans celles de vos proches).

Ce qui nous amène en pleine contestation des agriculteurs français et européens aux causes de la pollution de l'eau, nous vous épargnerons le sujet des mégabassines (bien d'autres industries s'accaparent déjà l'eau en toute discrétion) mais au final tout est lié et il faut prendre le problème dans son ensemble.

Car il y a aussi agriculteurs et paysans, ceux qui revendiquent le droit de s'accaparer l'eau et d'utiliser des pesticides controversés pour produire toujours plus main dans la main avec l'industrie agro-alimentaire et ceux qui défendent le nécessaire changement du modèle agricole.

 

Si l'on veut avancer, commençons par désigner les vrais coupables !

Tout le monde n'est pas dans le même verger mais nous sommes de tout cœur avec nos agriculteurs, une très grande majorité de leurs revendications sont tout à fait légitimes et il est même incompréhensible que l'on ai pu laisser leur situation se dégrader à ce point ces dernières décennies.

Entendons nous bien je n'ai rien contre nos agriculteurs, un de mes grand pères en était un et d'autres membres de ma famille le sont toujours, mon père a fait toute sa carrière à la Chambre d'Agriculture et a été récompensé par l'Ordre du Mérite Agricole, j'ai moi même été cuisinier pendant plus de 20 ans avant de me reconvertir.

Mais ce n'est pas pour autant que l'on doit sacrifier la santé publique sur l'autel de la productivité, soutenir un modèle qui détruit la biodiversité et pollue l'eau que nous buvons. Dire la vérité ne fait pas de nous les ennemis de l'agriculture !

Il faut certes mieux accompagner cette transition, mieux rémunérer les agriculteurs (et les autres travailleurs aussi d'ailleurs) mais désigner l'écologie comme bouc émissaire n'est pas ce qui leur rendra le plaisir de cultiver la terre.

Les coupables sont connus et l'exemple des bouteilles d'eau en est le parfait exemple, mais sont trop rarement désignés. Il est toujours plus simple de s'en prendre à une minorité qui veut faire avancer l'humanité, qu'à ceux qui tirent les ficelles en coulisses et veulent continuer à s'enrichir. Demandez vous à qui profite le crime ?

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l'eau du robinet aussi est contaminée (crédit image : pixabay)

Les industriels de l'agro-alimentaire bien entendu qui voient leurs profits croître comme jamais sur le dos des supposées crises qui s'enchaînent, les distributeurs qui sous couvert de jolis discours sur les plateaux TV font exactement pareil.

Mais aussi les sociétés qui spéculent sur les matières premières, l'industrie plastique pour emballer tout ça avec des tonnes de pétrole, les firmes de produits phytosanitaires, etc...

Sans oublier les politiques qui semblent plus soucieux de contenter les grands patrons et de continuer à développer l'économie néolibérale destructrice que de protéger la population et les travailleurs, qui négocient des accords de libre échange insensés.

Le gouvernement qui choisit qui a le droit de revendiquer une souffrance et traite les écologistes comme des terroristes, assouplit les règles du travail et popérise les salariés, réduit toujours plus le pouvoir de contrôles des autorités, tient des réunions secrètes avec les multinationales et passe sous silence de nombreux scandales, etc...

C'est tout un système qui s'enrichit et se soutient, que certains agriculteurs puissent d'ailleurs eux aussi les protéger en désignant des coupables tous trouvés nous échappe. Que les forces de l'ordre obéissent aveuglément quand on leur demande de protéger les intérêts privés contre ceux de la population nous dépasse.

Si nous ne désignons pas les vrais coupables et ne nous attaquons pas aux racines des problèmes, il est fort à parier qu'ils referont surface dans quelques années.

« Qui sème le vent récolte la tempête » : ces derniers jours, le monde agricole est passé des champs aux routes pour interpeller sur la difficulté de vivre dignement de son travail. Et vous savez ce qui m’a sauté aux yeux ? La colère du monde agricole et la précarité alimentaire sont les deux faces d’un même système injuste.

Karine Jacquemart, directrice générale de FoodWatch

Tout est lié et c'est un vaste sujet, mais c'est vous qui payez !

Quand nous entendons les politiques et de nombreuses personnalités pointer du doigt les consommateurs qui seraient coupables de ne pas acheter français, nous avons envie de leur dire qu'ils sont déconnectés de la réalité.

Car les consommateurs qui n'achètent pas que du Made in France ne le font jamais par choix mais par obligation, et à contre-cœur faute de moyens. Ces donneurs de leçons qui ont eux les moyens ne font peut-être pas l'effort systématiquement non plus alors que le choix, ils ont pourtant la chance de l'avoir.

Agriculteurs, ouvriers et salariés sont tous victimes d'un système néolibéral qui fait remonter les richesses au même endroit sans partage, le fameux ruissellement n'est qu'une illusion.

Bref, c'est un vaste sujet et nous ne sommes sans doutes ni vraiment objectifs ni non plus les mieux informés tant il est complexe, mais tout de même il nous semble temps de se demander jusqu'où nous irons dans cette voie sans issue.

Car nous évoquons ici l'eau et donc aussi les pesticides utilisés par l'agriculture, mais les sources de pollutions sont multiples et comme évoqué c'est un système dans son ensemble qu'il faut changer si l'on veut offrir un avenir à nos enfants.

Vous pouvez d'ailleurs lire ou écouter l'interview du vice-président de la Fondation de l'Académie de Médecine sur les pollutions chimiques, diffusée sur Radio France le 30 janvier 2024 pour mieux appréhender la problématique.

tous victimes du même système (crédit image : FoodWatch)

tous victimes du même système (crédit image : FoodWatch)

Car il faudrait aussi évoquer qui paye ensuite pour réparer les pollutions multiples et financer une transition désormais inévitable. Qui crache au bassinet pour payer les soins de maladies qui se multiplient à cause du plastique, des pesticides et autres pollutions de l'industrie.

Ce ne sont en tous pas ces grandes entreprises qui prospèrent et surfent sur les crises, amassent des fortunes et influencent de tout leur poids (financier) les politiques publiques avec leurs lobbys et embauchent les décideurs à peine leur mandat terminé.

Ce sont nos agriculteurs, mais aussi vous et moi qui assumons les dérives de ceux qui s'enrichissent sur notre dos, qui mettons en péril notre santé et le futur de nos enfants, qui n'arrivons plus à vivre dignement du fruit de notre travail.

En vérité nous sommes tous victimes et tous coupables, mais certains le sont plus que d'autres et nous divisent pour mieux régner. Si l'on ne prend pas le mal par la racine, il continuera de prospérer !

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