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La revue de presse des associations et ONG françaises - mars 2024

Quels sont les sujets brûlants qui ont été évoqués au mois de mars 2024 par les associations de consommateurs françaises, quelles sont les nouvelles décisions qui vont impacter notre quotidien et notre budget ?

C'est ce que nous vous proposons de découvrir à travers notre revue de presse mensuelle, dédiée à la consommation car tous ces sujets sont d'une importance primordiale pour se tenir informé(e)s de quoi sera fait notre avenir.

 

Les principales annonces des associations de consommateurs :

Une fois par mois nous vous proposons de revenir sur les principaux sujets qui ont été soulevés par les grandes associations de consommateurs françaises, histoire de voir ce qui nous attend au tournant, pour le meilleur mais aussi souvent pour le pire.

Parmi les sujets évoqués en mars 2024, on retrouve les mêmes préoccupations pour lesquelles les pouvoirs publics communiquent beaucoup, sans que les choses changent vraiment pour autant.

C'est le cas depuis des mois de l'inflation qui se poursuit, du prix de l'électricité et des carburants ou encore de notre système de santé particulièrement préoccupant et donc les sujets brulants que nous allons évoquer.

En seconde partie d'article à travers notre édito, nous reviendrons sur ce constat édifiant car ce sont toujours les mêmes sujets qui reviennent au fil des mois : alimentation, énergies, logement et santé qui plombent notre budget.

Ciblés par les uns pour faire des économies et par les autres pour faire des profits mais avec toujours les mêmes dindons de la farce, les consommateurs et consommatrices françaises.

  • CLCV / Que Choisir : la régulation du prix de l'électricité

Pas moins de deux associations de consommateurs nous expliquent que non seulement ce sont les particuliers qui vont financer via leurs factures la construction des nouvelles centrales nucléaires, mais qu'en plus leur production ne permettra pas de faire baisser le prix de l'électricité.

Vous allez payer pour la construction de nouvelles centrales nucléaires permettant de produire une électricité moins onéreuse et décarbonée, mais vous ne bénéficierez que très peu des avantages et continuerez de payer le prix fort fixé par les marchés (indexé sur le prix du gaz).

C'est donc EDF et l'état français qui récupéreront la différence et les milliards de bénéfices réalisés, alors que les foyers et artisans eux continueront de voir leur facture augmenter au gré des aléas mondiaux sur ce marché dévoyé.

Le magazine Complément d'enquête révèle que l'ouverture à la concurrence, vantée par les néolibéraux comme le modèle idéal, sert surtout aux fournisseurs alternatifs pour tromper les consommateurs afin de réaliser des bénéfices sur leurs dos.

Un podcast de France Culture revient aussi sur cette enquête et révèle comment Ohm Energie a détourné 100 millions d'euros en toute légalité, grâce au système de libre concurrence des fournisseurs alternatifs.

Comme c'est expliqué dans le reportage par un ancien cadre et permet de comprendre le fonctionnement de ce marché, 1€ gagné par un fournisseur alternatif : c'est soit 1€ gagné sur le dos de l'état soit 1€ gagné sur le dos des consommateurs français.

Rien ne va dans ce tarif de l'électricité, fixé dans une totale opacité par EDF et l'état français. Ce n'est plus un service public mais une gigantesque pompe à fric pour engraisser l'état et une ribambelle d'acteurs privés sur le dos des ménages et petits artisans.

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photo d'une centrale électrique (crédit image : pixabay)
  • UFC Que Choisir : l'inflation à 4,4% en février 2024

Si le gouvernement et les économistes libéraux affirment que l'inflation est passée sous la barre de 3%, le constat fait par l'UFC Que Choisir n'est pas le même puisqu'elle arrive à une inflation de 4,4% au mois de février 2024 (calculée par rapport aux tarifs de février 2023).

On voit de grosses différences entre les annonces politiques et médiatiques qui par exemple annonçaient en grande pompes des baisses de prix en magasin sur les produits alimentaires (que nous n'avons pas constatées, ou vraiment à la marge).

Pourtant si il y a bien eu des micro baisses sur certaines références, l'association indique elle une inflation de 7,4% sur les produits de grande consommation et même une hausse de 8% sur l'alimentation, avec un ticket de caisse qui continue donc d'augmenter sur l'ensemble de son panier de courses.

Du côté des énergies le constat est très mitigé, car si le prix du gaz et de l'électricité baissent légèrement, l'augmentation des taxes imposées par le gouvernement ne permet pas de soulager le budget des foyers.

La baisse de 4% sur le gaz n'est que temporaire et l'électricité a déjà augmentée de 49% depuis janvier 2022, ce n'est que le début car c'est vous qui allez payer les nouvelles centrales nucléaires comme expliqué ci-dessus.

Nous venons également d'apprendre que la taxe foncière augmentera de 3,9% minimum elle aussi en 2024 (article de France 3), sachant que ce n'est que la hausse nationale à laquelle il faut également ajouter ensuite les hausses communales.

Mais ne soyez pas inquiets car selon les autorités françaises l'inflation ne serait plus que de 2,4% en mars 2024, à les écouter c'est terminé, pourtant les prix continuent d'augmenter et le gouvernement a lancé une grande cure d'austérité (enfin uniquement pour les précaires, les vieux et les malades).

Nous avons même vu sur Franceinfo une éditorialiste (du service économie) affirmer que les français gagnaient en pouvoir d'achat, avant d'expliquer qu'il avait tellement baissé avant qu'en fait le solde était toujours largement négatif, ou comment jouer sur les mots pour paraître optimiste.

les chiffres de l'inflation en février 2024 (crédit : UFC Que Choisir)

les chiffres de l'inflation en février 2024 (crédit : UFC Que Choisir)

Même constat pour les carburants dont les prix se sont stabilisés à la pompe, sauf que le prix du baril de pétrole a fortement baissé et que là non plus les consommateurs n'en bénéficient pas, car les distributeurs rattrapent les cadeaux faits précédemment en pratiquant une marge excessive.

Un article de la CLCV indique que si les marges moyennes en 2022 étaient de 6 à 7 centimes par litre, elles sont depuis le mois de mai 2023 remontées entre 20 et 26 centimes par litre de carburant distribué.

Pour comparer il faut regarder les marges de 2018 à 2021, qui étaient en moyenne aux environs de 15 centimes par litre. Le calcul est simple à comprendre, les distributeurs profitent de la baisse du pétrole pour augmenter leurs marges.

Ils ont baissé leur marge d'environ 10 centimes par litre en 2022, puis l'ont augmenté de 15 à 20 centimes dès qu'ils l'ont pu (et en toute discrétion) afin de rattraper le manque a gagner de l'année précédente.

Au final donc en lissant sur deux ou trois ans ils n'auront pas perdu le moindre centime, mais ils auront bénéficié gratuitement pendant des mois d'une immense couverture médiatique pour affirmer qu'ils étaient de bons samaritains protégeant la veuve et l'orphelin !

Comme d'habitude donc si l'on différencie les dépenses contraintes et récurrentes des achats ponctuels (comme les voitures par exemple) pour lesquels l'inflation a bien ralentie, elle est largement supérieure à ce qu'indiquent les sources dites « officielles ».

Et comme d'habitude les industriels et distributeurs par des tours de passe passe continuent de s'assurer de généreuses marges, tout en bénéficiant de la complicité des médias pour laisser croire qu'ils font des efforts afin de protéger notre pouvoir d'achat.

tableau des marges pratiquées sur les carburants (crédit : CLCV)

tableau des marges pratiquées sur les carburants (crédit : CLCV)

  • Que Choisir : des médicaments contre le rhume déconseillés

Ça ne va toujours pas mieux du côté de la santé, qui est un autre aspect particulièrement préoccupant car attaqué régulièrement par le gouvernement pour faire des économies sur le dos des malades.

Par contre quand il faut protéger les français de médicaments déconseillés vendus par Big Pharma, ce n'est pas la même histoire. Alors l'UFC Que Choisir vise dans son enquête leur vente par les pharmaciens, mais on peut se demander l'utilité d'autoriser la vente de médicaments fortement déconseillés.

Ils s'appellent Actifed Rhume, Dolirhume, Humex Rhume, Nurofen Rhume ou encore Rhinadvil Rhume et sont donc vendus par de grandes firmes pharmaceutiques sans ordonnance en pharmacies.

Ces médicaments dits « vasoconstricteurs » à base de pseudoéphédrine ne soignent pas le rhume, ils se contentent d'alléger les symptômes. Pourtant cette molécule peut engendrer de nombreux effets secondaires : AVC, hypertension, infarctus, troubles psychiatriques, réactions cutanées sévères, etc...

Au fil des études et découvertes démontrant leur nocivité, l'ANSM (Autorité Nationale de Sécurité des Médicaments) interdit d'en faire la publicité dès 2017.

En 2020 elle édite une fiche informative pour guider les pharmaciens dans la délivrance de ces médicaments : questions à poser aux patients, avertissements à fournir et informations sur les effets secondaires de ces médicaments.

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certains médicaments contre le rhume sont déconseillés par l'ANSM

En 2023 suite à la découverte d'un énième effet indésirable, à savoir un risque de SEPR (syndrome d’encéphalopathie postérieure réversible), l'ANSM se résout enfin par officiellement déconseiller l'utilisation de ces médicaments en utilisant ces mots : « en cas de rhume, évitez les médicaments vasoconstricteurs par voie orale ! ».

Pourtant en 2024 ils sont toujours autorisés et vendus sans précautions dans la très grande majorité des pharmacies françaises, c'est ce que révèle l'enquête de l'UFC Que Choisir qui a réalisé une visite mystère dans 40 établissements.

Le résultat est sans appel, sur les 40 pharmacies visitées pour acheter du Actifed Rhume Jour & Nuit, une seule a bien suivi la fiche informative éditée par l'ANSM en 2020 et averti le patient des risques secondaires.

Deux ne l'avaient pas en stock mais les 37 autres pharmacies l'ont vendu sans informer les patients (désormais devenus de simples clients) en bonne et dû forme : 14 d'entre elles n'ont littéralement posé aucune question pour vérifier les symptômes, seulement 4 ont évoqué le risque d'AVC, etc... Un constat édifiant !

 

L'édito de Tests et Bons Plans pour Consommer Malin :

Comme évoqué en introduction, on se rend compte après 6 ou 7 mois de revues de presse que ce sont toujours les mêmes sujets qui reviennent en boucle, qui malgré des annonces grandiloquentes des ministres posent toujours autant de problèmes.

L'alimentation avec des agriculteurs qui sont très peu rémunérés et des consommateurs qui paient le prix fort, et au milieu des profiteurs qui se gavent avec la complicité des pouvoirs publics qui préfèrent fermer les yeux sur ces problématiques récurrentes.

Les énergies avec des abus manifestes de nombreux fournisseurs alternatifs, une concurrence qui nous avait été vendue comme une mesure bénéfique pour notre pouvoir d'achat. Le constat est sans appel mais il n'est pas question de changer d'optique pour autant, on continue quoi qu'il en coûte (aux petits artisans et aux ménages).

L'exemple des carburants est criant, qui n'a pas vu les patrons des enseignes de la grande distribution venir faire leur cinéma sur les plateaux TV pour vanter leurs opérations à prix coûtant et une marge minimale ?

C'était vrai, sauf que comme toujours ils reprennent d'une main ce qu'ils ont donné de l'autre avec la complicité des médias qui les ont reçus en grande pompe pendant des mois, mais n'ont pour la plupart pas pris plus de 2 minutes pour nous informer quand la CLCV a révélé la hausse de leurs marges.

Le logement est en pleine crise, mais ce n'est pas un de nos domaines d'expertise donc nous éviterons de rentrer dans les détails. Les dernières annonces faites sur ce dossier n'ont en tous cas pas du tout convaincues les associations de consommateurs, nous l'avions déjà évoqué dans notre revue de presse de février.

La santé est attaquée de toute part, là aussi d'un côté par des laboratoires pharmaceutiques cupides qui veulent toujours faire plus de profits, des pharmaciens aux pratiques parfois douteuses et des pouvoirs publics qui laissent faire.

Les rares annonces faites alors que nos hôpitaux sont à l'agonie, ce sont de nouvelles économies sur le dos des malades : hausse des franchises médicales, déremboursements de médicaments et des soins dentaires, etc... Avec à chaque fois des hausses de tarifs des mutuelles pour les particuliers qui payent la note.

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les médias évitent d'évoquer certains sujets (crédit image : pixabay)

Que dire de l'éducation elle aussi en difficulté, pour de nombreuses raisons assez complexes, que là encore nous n'évoquerons pas outre mesure car ne concerne pas la consommation qui est notre sujet de prédilection mais pose question. Ce sont autant de sujets qui impactent nos vies au quotidien, mais aussi notre avenir et celui de nos enfants.

Il y a par contre d'autres sujets dont on n'entend jamais parler sur les plateaux TV, ou très peu : les 170 milliards d'aides publiques aux entreprises, largement captées par les très grandes entreprises quand ils évoquent les économies à faire. Mais aussi les baisses de charges comme la CVAE par exemple, qui sont autant de milliards qui ne rentrent plus dans les caisses de l'état.

Nous avons par contre des dividendes record reversées chaque années à leurs riches actionnaires, des mauvaises pratiques de tant d'entreprises qui sont révélées au fur et à mesure que les enquêtes de la DGCCRF sont publiées, etc...

On a l'impression que les éditorialistes et journalistes des chaines info ont l'interdiction d'aborder ces sujets, et quand ils le font qu'il y a une pensée unique qu'ils déroulent à longueur de journées, ce qui est assez inquiétant pour la liberté de la presse.

Depuis quand tout l'effort doit peser uniquement sur les citoyens et ménages français, alors que de l'autre côté les cadeaux fiscaux et les aides aux entreprises sont toujours plus généreux, que la richesse des milliardaires a doublée en l'espace de 3 ans ?

Qu'en est il du fameux ruissellement dont la très grande majorité des consommateurs ne voit pas la moindre goutte ? Est ce bien une politique raisonnable comme elle aime à se présenter, alors que comme le révèle cet article de Franceinfo la moitié des français(e)s sont obligés de réduire leurs dépenses d'hygiène faute de moyens ?

On parle de la moitié de la population française quand même, pas d'une poignée de fainéants qui ne veulent pas travailler et vivre aux crochets du système de protection sociale. Malgré les économies annoncées sans arrêt sur notre dos, on dépense toujours plus d'argent public : alors ou va t'il cet argent ?

Je ne me souviens plus qui avait dit ça, mais est assez proche de la réalité : « la macronie c'est un peu Robin des Bois à l'envers, ils prennent dans les poches des pauvres pour redistribuer aux plus riches ».

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