Actus : bientôt un score sur la dangerosité des produits d'entretien ?

Il y a du nouveau dans le processus de création d'un score de notation des produits d'entretien, qui reprendra la désormais célèbre note de A à E comme pour l'alimentation et son Nutri-Score, puisque l'agence de la sécurité sanitaire planche sur son élaboration.

Mais si les travaux avancent et que deux méthodes de calcul ont été élaborées, elles doivent encore être affinées puis testées à grande échelle. Nous vous expliquons comment devrait fonctionner ce nouveau score dédié aux produits d'entretien, même si il est encore perfectible et risque d'être enterré avant même d'avoir vu le jour.

Un score pour les produits d'entretien est en cours d'élaboration :

Dans les cartons depuis 2019, nous vous avions présenté le futur score des produits d'entretien Ménag'Score en même temps que le Nutri-Score. Sauf que ce score, sans doute sous la pression des lobbys de l'industrie chimique, n'a jamais vu le jour.

Il est néanmoins question qu'un véritable score de notation des produits ménagers apparaisse prochainement, même si rien n'est fait, puisque l'ANSES (agence nationale de la sécurité sanitaire) s'est attelé à sa préparation en 2022.

Le groupe de travail mis en place a élaboré deux méthodes de notation différentes qui reprennent le désormais classique barème de A à E avec code couleur du vert au rouge. Dans les deux cas, la méthode de calcul prend en compte deux aspects différents : la dangerosité pour la santé et la dangerosité pour l'environnement.

La première méthode appelée « approche par produit » reprend la réglementation CLP (Classification, Labellisation, Packaging) de l'Union Européenne qui répertorie les produits ménagers en fonction d'une trentaine de critères : cancérogène, corrosion cutanée, explosifs, liquides inflammables, toxicité, etc...

Les produits sont classés sur la fameuse échelle de A à E en fonction du nombre de dangers répertoriés dans leur composition, de leur concentration dans le produit fini et de leur degré de dangerosité pour la santé et sur l'environnement.

La seconde méthode appelée « approche par substances » consiste elle à analyser chaque substance entrant dans la composition d'un produit et d'analyser sa dangerosité en fonction de sa nocivité et de sa concentration, permettant de comparer les résultats pour classifier les produits d'entretien sur l'échelle de A à E.

Dans les deux cas, l'ANSES précise que cette notation prend en compte la dangerosité des substances les plus préoccupantes en fonction de leur persistance et de leur capacité d'accumulation (dans le corps et l'environnement) ainsi que leur niveau de toxicité. En termes plus profanes, sont principalement recherchés les cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.

Il est également précisé que le format du produit a une incidence sur la classification, un gel ou un solide présentant par définition un danger moindre que les poudres ou spray qui vont plus facilement diffuser des substances toxiques pendant leur utilisation.

• consulter la présentation de l'ANSES

Un affinage nécessaire, un enterrement fort probable :

Voilà pour la présentation, après avoir testé les deux méthodes sur un échantillon de 72 produits d'entretien, le groupe de travail note que les deux méthodes de calcul ont donné des résultats similaires : 80% des produits sont classés E sur le volet « santé » contre seulement 20% sur le volet « environnemental ».

Ce qui en dit long sur la réelle dangerosité de ces produits chimiques, mais ne permet pas de les distinguer car les consommateurs risquent en rayon de se retrouver pour beaucoup de catégories de produits ménagers devant des références étant toutes notées E, ne permettant finalement pas de les aider à choisir le produit le moins nocif.

L'ANSES note la difficulté à prendre en compte pour établir un score des produits ménagers les effets cocktails et leurs dangers pour la santé, mais aussi et surtout les dégâts du point de vue environnemental selon les différents écosystèmes (expliquant le faible taux de mauvaises notes du volet environnemental).

Les deux méthodes restent donc à affiner pour prendre en compte ces aspects, et nécessiteront une phase d'expérimentation à grande échelle pour établir une classification fiable et équitable. Du moins avant que les politiques ne s'en emparent car ils devront ensuite valider le score des produits d'entretien, sous la pression des puissants lobbys de l'industrie chimique.

Hors il se trouve que la France, pays ayant inititié le Nutri-Score est le seul des 7 pays à l'avoir adopté officiellement (Allemagne, Belgique, Espagne, etc...) qui n'a toujours pas mis en place sa nouvelle méthode de calcul. L'arrêté ministériel qui devait paraître en avril 2024 n'a toujours pas été publié, l'Université Sorbonne Paris-Nord s'interroge sur les raisons de cet immobilisme.

Une illustration de plus s'il en fallait du poids démentiel des lobbys industriels sur nos dirigeants, notamment le groupe Danone dans ce cas qui a ouvertement critiqué la nouvelle méthode de calcul du Nutri-Score (qui lui est moins favorable) et a décidé de le retirer de certains de ses produits (sa gamme de yaourts à boire qui est bourrée de sucres).

Alors cette fois nous n'allons pas annoncer la création de ce Ménag'Score nouvelle version avant l'heure, car il est fort probable qu'il soit enterré par nos dirigeants politiques une fois qu'il sera prêt à être utilisé. Mais ce n'est pas grave, on a plein d'argent public à gaspiller et la santé n'est de toute façon pas une priorité !

Nous suivrons en tous cas son évolution et vous pouvez déjà utiliser les applications smartphone qui alertent sur les substances dangereuses dans les produits d'entretien pour choisir les meilleurs (enfin plutôt les moins pires), l'application QuelProduit éditée par l'association de consommateurs UFC Que Choisir par exemple qui est sans doute la plus fiable.

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