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Actus : les scores alimentaires se multiplient, pour le meilleur comme le pire

Les scores et notations se multiplient dans l'alimentation, trois sont déjà en place et autant d'autres sont en préparation. Il nous semble par conséquent nécessaire de faire le point sur ces affichages qui risquent de pulluler sur nos denrées alimentaires dans les mois à venir, pour le meilleur comme pour le pire.

Car ce sont donc à terme jusqu'à 6 scores différents qui pourraient être apposés sur les emballages, tous se valent ils et qui décide de leur calcul, sur quels critères ? Alors plongeons dans l'univers des scores de l'alimentation pour essayer de mieux comprendre à quoi ils correspondent, et découvrez nos conseils pour mieux consommer.

Déroulé de l'article :

 

Les trois notations qui sont déjà disponibles en rayon :

Il y a déjà deux scores dans le domaine de l'alimentation qui sont visibles en rayon : le Nutri-Socre et le Planet-Score qui informent les consommateurs sur les qualités nutritionnelles des aliments pour le premier, et de leur impact environnemental pour le second. Un troisième score dématérialisé est également disponible sur certaines applications, et concurrent du second.

Nous allons donc commencer par les passer en revue pour rappeler leur utilité et leurs critères de notation, avant de voir les scores en préparation, d'autant que les critères de certains sont déjà couverts par d'autres. Rien n'est simple et on peut s'interroger sur l'utilité de rajouter encore plus de scores, nous y reviendrons en fin d'article.

  • Nutri-Score : la notation de la qualité nutritionnelle

Le premier score à avoir vu le jour dans le domaine de l'alimentation, c'est le Nutri-Score inventé en 2014 par Serge Herchberg, chercheur à l'université Sorbonne Paris-Nord. C'est le gouvernement français qui l'officialise à travers la loi de modernisation du système de santé de 2016, sous la présidence de François Hollande donc.

D'autres pays européens l'adoptent dans les années suivantes : l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, etc... Il devait devenir un score européen en 2023, mais le lobby acharné des multinationales de l'industrie agro-alimentaire soutenu par le gouvernement italien ont réussi à bloquer son adoption.

Le Nutri-Score permet de noter les denrées alimentaires transformées en fonction de leurs apports nutritionnels, les aliments trop gras, sucrés ou salés sont mal notés alors qu'au contraire ceux riches en fibres, protéines et vitamines se voient attribuer une note plus élevée.

Le Nutri-Score est calculé sur 100 grammes de produit fini afin de permettre aux consommateurs de facilement comparer des gammes d'aliments similaires, exactement comme on le fait avec les prix au kilo ou au litre. C'est pourtant un des aspects qui est décrié par ses détracteurs, nous y reviendrons aussi.

Chaque produit se voit en fonction de ses qualités ou défauts attribuer une note de A à E avec le code couleur du vert au rouge que tout le monde connaît désormais. L'affichage du Nutri-Score est facultatif, les industriels choisissent de l'afficher sur leurs produits ou non à leur bon vouloir.

Le Nutri-Score, construit par des scientifiques sans subir de pressions par les lobbys de l'industrie est une notation fiable et utile, plébiscitée par les associations de consommateurs mais aussi les instances internationales comme l'OCDE.

nutri-score-logo
l'affichage du Nutri-Score
  • Planet-Score / Éco-Score : définir l'impact environnemental

Devant le succès du score nutritionnel est venue l'idée de proposer aux consommateurs un score environnemental, deux notations s'affrontent toujours alors que le gouvernement français devait en proposer un unique qui devait entrer en vigueur début 2024.

Force est de constater qu'à la mi-mai il n'est toujours pas en place, nous y reviendrons donc en seconde partie d'article dans les scores en préparation. Il existe donc pour l'instant deux scores environnementaux : le Planet-Score et l'Éco-Score.

Le Planet-Score est une notation multiple qui a été créée par l'ITAB (institut technique de l'agriculture bio), il est soutenu par l'UFC Que Choisir et a été adopté par une trentaine de marques ou réseaux de distribution déjà, y compris en Allemagne et en Espagne.

Il contient plusieurs indicateurs : une note globale comme pour le Nutri-Score, trois baromètres (biodiversité, climat et pesticides) ainsi qu'un logo qui indique le mode d'élevage pour les produits d'origine animale.

L'Éco-Score lui a été créé par l'ADEME (agence de la transition écologique) et se contente d'une note unique de A à E avec le code couleurs habituel, il représente l'analyse du cycle de vie (ACV).

Il est moins connu car aucun affichage n'est prévu sur les emballages, pour le découvrir il faut scanner le code barre des produits dans une application type OpenFoodFacts ou Yuka. L'Éco-Score est également décliné dans d'autres filières : les vêtements et les automobiles.

Ces deux scores se basent sur la même base de donnée qui s'appelle « agribalise » et est gérée par l'ADEME et l'INRAE, mais ils n'utilisent pas les mêmes méthodes de calcul. Ils seront bientôt remplacés par un nouveau score « du champ à l'assiette » que nous évoquerons après.

planet-score-logo
l'affichage du Planet-Score

 

Les trois autres notations qui sont en cours de création :

Comme si 3 scores ne suffisaient pas, les pouvoirs publics travaillent sur 3 autres scores pour ''aider'' les consommateurs à mieux s'alimenter, on peut toutefois se demander si leur multiplication est vraiment une bonne nouvelle.

Un score environnemental remplacera ceux déjà existants que nous venons d'évoquer, un score sur l'origine des produits est en préparation et enfin un score sur le bien-être animal pourrait aussi voir le jour. Alors voyons ce que l'on sait de ces futurs scores de l'alimentation.

  • Origine-info : un score pour définir l'origine des ingrédients

Le nouveau score qui devrait s'appeler Origine-Info a été imaginé il y a quelques semaines par le ministère de l'économie, il devrait entrer en vigueur dès cet été.

L'idée est excellente puisque comme nous, la majorité des consommateurs souhaitent être mieux informés sur la provenance des matières premières qui composent les produits qu'ils achètent, d'autant plus que si l'on en croit cet article de Que Choisir à l'heure actuelle 69% de ces origines sont masquées par les industriels.

On peut néanmoins se demander si le ministère du commerce et de l'industrie est le mieux placé pour en fixer les règles, et si on peut construire un score fiable et utile pour les consommateurs main dans la main avec les lobbys agro-alimentaires en l'espace de trois ou quatre mois (à notre avis non).

L'avenir nous le dira et nous aurons l'occasion de vous le présenter plus en détail lorsque nous en connaîtrons les contours, d'ici quelques semaines donc à priori même si avec les autorités françaises on ne jamais trop si le calendrier sera tenu.

D'autant que l'on sait déjà que lui non plus ne sera pas obligatoire, donc les industriels pourront l'afficher sur certains produits et ne pas le faire pour d'autres si il ne leur sera pas favorable.

L'association FoodWatch alerte également sur le risque de voir le prix des produits bien notés s'envoler par effet d'aubaine, comme pour les produits sans nitrites avec l'apparition de deux catégories de produits, Made in France pour les riches et d'autres horizons pour les pauvres.

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Origine-info : bientôt un score sur l'origine des produits
  • Du champ à l'assiette : le futur score environnemental

Justement le nouveau score environnemental censé remplacer ceux cités en première partie d'article aurait dû être présenté fin 2023 ou début 2024, nous sommes déjà mi mai et n'en avons que bien peu de nouvelles.

Il a pourtant été décidé en 2021 à travers la loi Climat et Résilience, mais il semble que depuis notre administration végète sur le sujet. En effet, l'UFC Que Choisir dans un article récent (avril 2024) s'inquiète d'un dispositif « sorti à la hâte qui pourrait favoriser les systèmes de production intensifs ».

Bref, c'est toujours un peu la même histoire quand ce sont les politiques qui s'occupent de ces aspects plutôt que des scientifiques. Les signaux envoyés ces derniers mois ne sont en tous cas pas très encourageants, d'après l'association de consommateurs.

Il risque en effet de s'appuyer sur la seule analyse du cycle de vie, qui présente de nombreuses lacunes et sera sans doute bien moins complet que ne l'est le Planet-Score actuel. Il aura peut-être par contre l'avantage de devenir le seul score dont l'affichage serait obligatoire, mais ça reste à confirmer.

Ce nouveau score pour le moment nommé « du champ à l'assiette » devrait commencer à se dévoiler dans les prochaines semaines, plusieurs associations appellent le gouvernement à écouter les revendications des consommateurs pour établir sa méthodologie.

nouveau-score-environnemental
à quand le nouveau score environnemental unique ?
  • BEA : un score du bien être animal porté par l'ANSES

Comme on sent bien que le nouveau score environnemental gouvernemental sera réduit à peau de chagrin sous la pression des lobbys, l'ANSES (agence nationale de la sécurité sanitaire) pousse à son tour pour l'affichage d'un score dédié au bien-être animal.

Un affichage qui est déjà présent sur le Planet-Score donc, mais qui risque de disparaître sur le nouveau score environnemental du gouvernement et incite l'ANSES à monter au créneau. Et voilà donc un score supplémentaire, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

L'organisme indépendant vient de présenter des lignes directrices pour la création d'un nouveau score dédié au bien-être animal, qui pourrait être affiché sur les viandes animales brutes et transformées ainsi que les œufs.

Il se veut plus complet que le simple affichage du mode d'élevage intégré au Planet-Score en se basant sur « l'état de bien-être de l'animal » et prendrait en compte aussi les élevages reproducteurs et l'ensemble des facteurs qui pourraient nuire au bien être des animaux d'élevage.

Bref, c'est assez compliqué et encore au début de la réflexion sur le calcul d'un nouvel indicateur dédié aux animaux, mais là aussi une demande croissante des consommateurs qui nous semble en effet aller dans le bon sens (à ce stade).

score-bien-être-animal
ajoutez aussi un score dédié au bien-être animal

 

Que valent ces scores, quelle sont leurs différences ?

Déjà leur point commun est qu'aucune des notations censées informer les consommateurs n'est obligatoire, les industriels sont libres d'en afficher un, deux ou bien aucun si ils ne leurs sont pas favorables.

Si ils utilisent tous une notation à 5 niveaux de A à E avec le même code couleur du rouge au vert, on note qu'il y a par contre de vraies différences en fonction de qui se charge d'établir les critères de notation.

En effet, le Nutri-Score qui a été inventé et conçu par des scientifiques en se basant uniquement sur l'intérêt de cette notation pour informer les consommateurs est un indicateur certes toujours améliorable, mais très fiable et plébiscité.

Au contraire, on voit que quand c'est l'état qui s'occupe de fixer les critères, les lobbys de l'industrie agro-alimentaire pèsent de tout leur poids pour qu'ils soient le moins restrictifs possible.

Pire encore les politiques sont nombreux à décrier les scores justes, poussés en ce sens par ces mêmes lobbyistes si ils n'ont pas eu leur mot à dire et qu'ils n'ont pas pu influencer leur méthode de calcul, et qui leurs sont donc défavorables.

C'est le cas par exemple du Nutri-Score par portion, une vaste supercherie inventée par les multinationales de l'agro-alimentaire et reprise par des politiques complices de cette désinformation.

Comme pour les labels, les nouveaux scores sont donc souvent très permissifs, même si nous verrons ce qu'il en est pour ceux en préparation, afin que les multinationales puissent les afficher comme élément marketing, plus que comme élément informatif.

Hors avec bientôt 3 ou 4 affichages différents dédiés à l'alimentation, les industriels auront un grand panel de possibilités pour faire la publicité de leurs produits et vanter leurs (supposées) qualités.

Et puis si jamais leurs recettes sont tellement dégueulasses qu'elles n'arrivent même pas obtenir une seule note satisfaisante sur cette large palette des possibilités, il suffira de ne pas les afficher et de continuer à utiliser les techniques habituelles : allégations de santé trompeuses, frenchwashing, greenwashing, etc...

reapprendre-a-cuisiner
et si on réapprenait tout simplement à cuisiner ?
  • N'oublions pas les labels, alors comment bien s'alimenter ?

Alors les indicateurs oui, mais mieux vaudrait éviter leur multiplication et en construire un ou deux complets.

Par exemple nous pourrions ajouter sur le Nutri-Score un second indicateur avec le pourcentage de matières premières cultivées ou élevées sur le territoire français (Origine-info) et conserver le Planet-Score, quitte à l'améliorer sur l'aspect du bien-être animal.

Nous aurions alors deux scores qui permettraient de bien informer les consommateurs sur tous les aspects, qui ne prendraient pas une place démesurée sur les emballages, et dont l'affichage devrait être obligatoire sur tous les produits transformés.

Car il ne faut pas oublier les dizaines de labels et certifications qui se multiplient également, avec d'ailleurs les mêmes différences et inégalités entre les labels d'associations à but non lucratif, les labels d'état et des labels privés.

Bienvenue dans la nouvelle jungle de l'information sur la qualité alimentaire, sous prétexte de nous aider à mieux consommer on est en train de créer une ribambelle d'indicateurs auxquels on risque de vite ne plus comprendre grand chose.

Une autre option serait de privilégier une consommation locale, car souvent des produits cultivés à proximité sans labellisation sont plus respectueux de l'environnement que des produits bardés de labels importés.

Néanmoins nous savons toutes et tous quoi faire pour mieux s'alimenter, éviter les produits ultra transformés de l'industrie et privilégier les produits bruts déjà. Mais aussi finalement même si tous ces scores et labels ne sont souvent pas très ambitieux, ça reste mieux que rien.

Tests et Bons Plans pour Consommer Malin

Ce qui manque le plus finalement, c'est la volonté des consommateurs de sortir de ce système néfaste. Car ça ne coûte pas plus cher de privilégier des aliments moins transformés, juste un peu de temps pour les cuisiner.

Les mauvaises pratiques et les scandales sanitaires s'enchaînent mais rien n'y fait, le lavage de cerveau est tel que beaucoup de consommateurs continuent de vouer un culte aux marques qui dépensent le plus d'argent en publicité.

Que penser des agriculteurs qui à l'autre bout de la chaîne sont aussi victimes de ce système, mais dont le principal syndicat œuvre main dans la main avec l'industrie agro-alimentaire ? Réveillons nous, pour sortir de ce cercle vicieux il suffit juste de retrouver un peu de bon sens et de prendre le temps de s'informer !

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