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Conso : les applications anti gaspillage alimentaire, on en pense quoi ?

Dans cet article, nous allons évoquer les principales applications smartphone qui disent lutter contre le gaspillage alimentaire. Leur principe est simple : elles permettent aux commerçants de proposer leurs invendus, et aux utilisateurs d'en bénéficier à moindre prix.

Cela fait longtemps que nous souhaitons évoquer ce sujet, mais comme nous habitons à la campagne et que ces applications sont quasiment exclusivement utilisables dans les grandes villes, nous ne pouvons pas les essayer pour vous donner notre avis. Nous les avons par contre analysées pour vous expliquer leur fonctionnement.

Déroulé de l'article :

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on mange quoi ce soir ?

 

Applications anti gaspillage, que se cache t'il sous le vernis ?

Le gaspillage alimentaire est un véritable fléau et nous devons tous lutter à notre niveau contre ces pertes, estimées dans nos pays développés à 30% de la production alimentaire, représentant des tonnes de nourriture non consommée.

Les applications anti gaspillage se proposent justement d'apporter une solution au problème des invendus des métiers de bouche.

Les réductions sur les dates courtes sont devenues la norme dans les supermarchés, même si bien souvent ces produits restent hors de portée des petits budgets qui auraient aimé pouvoir les acheter. Nous pourrions aborder aussi le gaspillage industriel qui reste le plus difficile à chiffrer, mais concentrons nous sur les consommateurs.

On entend souvent parler à la télévision de ces applications, d'autant plus en forte période d'inflation. Elles permettent aux consommateurs de récupérer les invendus alimentaires des boutiques et restaurants de proximité à moindre coût. Une bonne idée, mais qui n'est accessible que dans les très grandes villes, une similitude avec les applications de livraison.

Comme nous habitons dans une petite bourgade de 7 000 habitants, nous n'avons pas l'occasion de tester les applications censées réduire le gaspillage alimentaire. Dommage, car sans doute avantageuses pour certains commerces et consommateurs.

Mais que se cache t'il derrière la communication bienveillante ? À défaut de pouvoir les essayer pour vous donner notre avis, nous avons analysé leur fonctionnement pour nous faire une idée et la partager avec vous.

Pour ce faire, nous avons analysé les deux applications phares : Too Good To Go et Phenix qui revendiquent respectivement 52 millions de repas sauvés en 2021 pour la première, et 160 millions de repas depuis son lancement pour la seconde.

Des chiffres éloquents, mais derrière les belles promesses des services de communication, essayons d'en savoir plus.

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nous avons analysé les applications anti gaspillage

 

Premier aspect : la présentation et informations générales

  • Too Good To Go

Too Good To Go est une entreprise danoise qui propose ses services en France depuis 2016. Elle a pour objectif de permettre aux utilisateurs de récupérer des invendus alimentaires à moindre coût. Cependant, il est difficile de savoir si l'application est utile pour vous sans la télécharger.

Il n'y a pas de liste ou de carte des villes partenaires directement accessible sur leur site, compliquant la recherche d'informations pour les utilisateurs potentiels.

Vous devez d'abord télécharger l'application et verrez bien ensuite si vous avez une offre à proximité de chez vous ou non, si non tant pis pour vous.

  • Phenix

Phenix, également fondée en 2016, est une entreprise française qui fonctionne de manière similaire. Sur leur site, il est plus facile de trouver des informations sur les villes où le service est disponible.

Actuellement, l'application fonctionne dans 25 villes françaises, ce qui reste donc très limité, notamment pour les habitants des régions rurales comme nous.

Au final, c'est une similitude avec les application de livraisons de repas à domicile, qui ne s'installent que là où elles vont pouvoir être rentables rapidement. Ce qui nous semble un peu contraire avec le discours bienfaiteur de façade, le vernis commence déjà à craquer.

 

Second aspect : des applications vraiment solidaires ?

Ces applications, bien que solidaires en apparence, sont aussi des entreprises qui cherchent à être rentables. Les commerçants doivent leur reverser une commission pour avoir le droit d'être visibles sur ces applications.

  • Too Good To Go

Pour Too Good To Go et selon un article de Metro, la commission serait de 25% du prix de vente avec un minimum de 1,09€ par transaction, plus un abonnement annuel de 39€ pour chaque commerçant partenaire.

Pour un restaurateur proposant un plat à 15€ qui sera vendu 5€ via l'application, Too Good To Go empoche 1,09€ ce qui laisse 3,91€ au restaurateur. Pour un panier de 30€ vendu 10€ via l'application, ils empochent 2,50€ et ainsi de suite.

Pour rappel nous avons vu en début d'article que l'entreprise revendique plus de 50 millions de repas par an, soit au moins autant de millions d'euros de chiffre d'affaire mais c'est sans doute encore plus entre les abonnements et les paniers plus onéreux.

On parle tout de même de plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaire chaque année, pas si mal pour une application qui se veut être "solidaire".

  • Phenix

Chez Phenix, les coûts ne sont pas directement accessibles sans contacter le service client, ce qui laisse place à des spéculations sur la transparence des tarifs.

Alors nous n'avons pas essayé de les contacter en nous faisant passer pour ce que nous ne sommes pas, mais nous considérons que quand on cache ces informations ce n'est jamais bon signe.

Cependant si l'on en croit la fiche Wikipédia de Phenix l'entreprise ne se porte pas mal non plus avec un chiffre d'affaire de 13,6 millions d'euros en 2019, ce qui fait déjà un joli petit pactole et permet de payer quelques salariés.

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les applications anti gaspillage sont elles vraiment solidaires ?

 

Troisième aspect : quid des certifications et les avis clients

Pour définir si une entreprise est vraiment solidaire, il est important de se fier aux engagements réels et aux certifications, mais aussi aux avis clients et surtout de recouper les sources pour essayer d'en avoir une vue globale.

  • Too Good To Go

Too Good To Go bénéficie de la certification B-Corp, qui atteste de ses engagements sociaux et environnementaux.

Les avis des utilisateurs sur le Google Play Store sont élogieux avec une note moyenne de 4.8/5, mais sur TrustPilot la note est plus basse à seulement 3.4/5, reflétant des expériences variées.

  • Phenix

Phenix est également certifiée B-Corp et bénéficie de l'agrémentation ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale).

Les avis clients montrent une disparité similaire, avec des notes élevées sur les bibliothèques d'applications (4.5 sur le Play Store et 4.7/5 sur le App Store) et des critiques plus nuancées sur les sites spécialisés (2/5 sur Trustpilot et 3.9/5 sur Facebook).

 

Notre sentiment sur les applis anti gaspi et conclusion

Dans le domaine de l'économie circulaire et collaborative, il faut toujours se méfier des messages bienveillants. Souvent, derrière les bonnes intentions, se cachent des entreprises à but lucratif plus occupées à générer des profits qu'à véritablement aider les français à mieux consommer.

Les applications anti gaspillage, comme Too Good To Go et Phenix, sont des exemples de ce double jeu. Bien que leurs offres soient intéressantes pour certains consommateurs et indispensables dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, elles restent avant tout des business.

Leur modèle économique repose principalement sur la communication, hors les techniques utilisées dans le domaine du marketing peuvent être méprisables pour les consommateurs.

Ces entreprises fonctionnent comme des intermédiaires, facturant leurs services au prix fort ce qui nous questionne sur leurs objectifs, et si le but est réellement la cause du gaspillage alimentaire ou de profiter d'une demande pour générer des profits.

Leurs partenariats avec des multinationales comme Coca-Cola, Danone, Henkel ou L'Oréal suscitent des interrogations sur le véritable engagement de ces applications envers la cause environnementale, la plupart de ces entreprises étant cupides et bien peu recommandables.

Bref, c'est assez étonnant puisque d'un côté on a des certifications plutôt vertueuses et de l'autre un fort soutien du capitalisme néolibéral, on a des notes élogieuses sur les bibliothèques d'applications mais elles sont moins positives sur les sites spécialisés.

La vérité se trouve sans doute au milieu de tout ça, chacun(e) se fera son propre avis mais comme souvent ce n'est pas tout noir ou tout blanc et il faut aller chercher dans les nuances de gris.

En conclusion, si ces applications offrent des avantages aux consommateurs et ont un rôle à jouer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, il est crucial de rester vigilant et de ne pas se laisser duper par une façade marketing alléchante.

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