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Conso : c'est quoi cette histoire de passeport numérique des objets ?

L'Union Européenne (UE) s'engage dans la transition vers une économie plus durable et transparente avec l'initiative du "passeport numérique des objets". Ce projet vise à améliorer la manière dont les informations sur les produits sont collectées, partagées et utilisées tout au long de leur cycle de vie.

Dans un contexte où la responsabilité environnementale et sociétale deviennent une priorité pour les européens, cette initiative pourrait bien transformer nos habitudes de consommation, mais aussi celles des industriels. Que penser de ce projet ambitieux, mais qui soulève de nombreuses interrogations ?

 

C'est quoi un passeport numérique pour les objets ?

Le passeport numérique des objets appelé « DPP » en anglais (Digital Product Passport) est un outil innovant proposé par l'Union Européenne qui permettait de compiler des informations détaillées sur un produit, de sa conception jusqu'à sa fin de vie.

Imaginez un code QR intégré sur le produit qui vous indique instantanément son historique complet avec l'origine des matériaux, le processus de fabrication, son empreinte carbone, les informations légales, les possibilités de réparation et de recyclage, etc...

Ce passeport numérique sert également de carte d'identité à chaque produit (numéro d'identification), offrant une transparence sans précédent aux consommateurs et aux régulateurs. Utile pour l'achat de produits neufs, il le sera tout autant pour les produits d'occasion et reconditionnés, le DPP permettant aussi de savoir si ils ont été réparés (et par qui).

L'Union Européenne travaille actuellement sur des cadres réglementaires et des incitations pour promouvoir l'adoption de ce passeport numérique. Des projets pilotes sont en cours pour tester et affiner le concept, impliquant les diverses parties prenantes.

Le succès de cette initiative dépendra de la collaboration entre tous les acteurs, et ils sont nombreux. Mais si elle est adoptée, le passeport numérique des objets pourrait devenir un levier puissant pour accélérer la transition vers une économie plus durable, en ligne avec les objectifs du Green Deal européen.

Néanmoins comme ce dernier a déjà été en partie abandonné, ne crions pas victoire pour les consommateurs trop vite. Il ne serait pas étonnant que les lobbys soient déjà à l'œuvre dans les coulisses de la commission européenne, pour éviter toute contrainte supplémentaire aux industriels.

D'autres veulent en contrepartie pouvoir utiliser des informations sur les acheteurs de leurs produits, voyons aussi ces aspects.

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un futur passeport numérique des objets ? ©pixabay

 

Les avantages et inconvénients du passeport des objets :

Les consommateurs, de plus en plus soucieux de l'impact de leurs achats, pourront faire des choix plus éclairés grâce au DPP. Il pourrait renforcer la confiance dans les marques qui adoptent des pratiques durables et font preuve de transparence, et révélera au contraire celles qui se contentent de faire du marketing.

Nous pourrons consulter le passeport numérique d'un produit, notamment pour connaitre la provenance des matières premières afin de privilégier le véritable Made in France. Enfin à ceci près que le passeport ne sera disponible qu'après l'achat, il faudra faire en sorte que les informations soient consultables avant et reste à notre avis un des axes à travailler.

En fournissant des informations sur la réparabilité et le recyclage, le passeport numérique encourage l'économie circulaire où les produits sont conçus pour durer et être réutilisés. Il permettra ainsi de plus facilement repérer les techniques abusives comme le "greenwashing" ainsi que celles du "frenchwashing".

Pour les consommateurs il sera également une preuve d'achat, utile à la revente d'occasion même si il ne permettra sans doute pas de savoir si un objet d'occasion a déjà eu plusieurs propriétaires car seuls les professionnels seront habilités à le modifier.

Il permettra aux marques de garantir l'authencité de leurs produits via une certification numérique intégrée, permettant de mieux lutter contre les contrefaçons. Le développement de ce passeport numérique ouvre en tous cas de nouvelles opportunités pour les entreprises technologiques.

Mais il présente par contre également un risque majeur pour les consommateurs, à savoir que nos données personnelles puissent être utilisées par les marques pour faire du marketing auprès des acheteurs de leurs produits, difficile à mettre en place pour le moment vu le grand nombre de revendeurs.

Il est même évoqué que les marques pourraient recueillir des données sur l'utilisation faite par les acheteurs de leurs produits, ce qui est particulièrement inquiétant. Comme souvent, il y a des avantages et des inconvénients et il reste encore pleins de questions sans réponses qui devront être arbitrées.

Or, avec le DPP, les marques pourraient associer chaque produit avec un jumeau numérique et ainsi garder un lien direct avec leurs clients tout au long de la vie du produit, développer de nouveaux canaux de communication et de nouvelles expériences physiques ou digitales, apposer des certificats de propriété ou d’authenticité… En résumé, de nouveaux canaux d’engagement et de fidélisation qui pourraient compenser le coût associé à la mise en place de ces technologies de traçabilité.

extrait de l'article de la BPI sur le DPP

Malgré ses avantages, la mise en œuvre du passeport numérique des objets présente également de nombreux défis, à commencer par la standardisation des normes et en matière de protection des données. Leur stockage et la sécurisation, sur le modèle de la "blockchain" est par exemple un des enjeux majeurs du futur DPP.

DPP : de nombreux défis à relever

  • Standardisation : l'UE doit établir des normes communes pour garantir que les passeports numériques soient cohérents et interopérables à travers les différents secteurs et pays.

  • Protection des données : il est crucial de protéger les données sensibles, les entreprises devront adopter des mesures pour sécuriser les informations contenues dans les passeports numériques.

  • Adoption par les entreprises : encourager les entreprises, en particulier les PME, à adopter cette initiative nécessitera des incitations et un soutien important des pouvoirs publics.

Le passeport numérique des objets représente une avancée significative dans la quête de transparence et de durabilité. En offrant aux consommateurs des informations complètes sur les produits qu'ils achètent, l'UE espère encourager des comportements plus responsables et transparents avec cet outil digital.

Cette initiative illustre comment la technologie peut être mise au service de la durabilité et des consommateurs, ouvrant la voie à une économie plus respectueuse de l'environnement (exploitation des ressources, approvisionnements, réparations, etc...).

Mais ce sont justement ces même aspects qui risquent de faire capoter ce projet ambitieux : car entre les PME qui pourraient être avantagées mais pour lesquelles cette évolution représente une charge importante et les multinationales qui pourraient bien s'y opposer, la partie est encore loin d'être jouée.

Ne sous estimons pas aussi l'inquiétante demande des entreprises pour qu'en contrepartie, elles puissent utiliser ces passeports numériques comme une passerelle vers les utilisateurs de leurs produits. Pour recueillir de nombreuses informations personnelles, et bien entendu faire du marketing (fidélisation, incitations à l'achat, etc...) qui pourrait s'avérer finalement contre productif.

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