VivaTech : vous en avez assez de l'intelligence artificielle ? Nous aussi !
Alors oui, nous allons évoquer l'intelligence artificielle en début d'article, pour regretter qu'elle prenne autant de place dans les médias alors qu'il y a tant de belles innovations à découvrir sur le salon VivaTech.
Mais surtout, nous allons évoquer deux innovations françaises qui étaient présentées sur le salon et apportent une amélioration dans notre vie de tous les jours. Elles visent toutes les deux à remplacer le plastique polluant à base de pétrole par des alternatives naturelles et durables.
Hors ça, c'est quand même plus intéressant pour les consommateurs et plus urgent à mettre en place pour les futures générations que de pouvoir « taper la discut » avec un ordinateur ou un smartphone, partons à leur rencontre.
Déroulé de l'article :
Vous en avez assez de l'intelligence artificielle ? Nous aussi !
J'imagine que si vous lisez ces lignes c'est que comme nous vous devez en avoir marre que l'on vous bassine matin, midi et soir avec l'intelligence artificielle et la pseudo place de nation championne qu'aurait la France dans ce domaine, qui comme les autres sera préemptée par les USA et/ou la Chine.
D'autant plus que l'on essaie de nous vanter une technologie qui pourrait en effet se révéler d'une immense utilité, à condition que 90% des projets n'aient pas pour principal but de générer toujours plus de profits sur le dos des consommateurs.
D'ailleurs il suffit de regarder l'arrière plan des interviews télévisées qui se font sur le salon Viva Tech, on y voit d'immenses stands Crédit Agricole, Total Énergies et compagnie. La fine fleur du CAC40 qui reçoit Elon Musk comme une star, quelle belle vitrine.
Autant vous dire que la bonne IA qui aide la médecine ou les personnes handicapées, ce n'est pas ce qu'il se joue là bas et à la marge de ce qu'est en train de nous préparer la nouvelle poule aux œufs d'or du capitalisme néolibéral.
Pourtant, il y a aussi des projets vraiment intéressants à découvrir sur ce salon et allons justement vous en présenter quelques uns. Des innovations qui ne doivent pas plaire à l'énergéticien que nous venons de citer d'ailleurs, puisque nous allons nous intéresser aux solutions alternatives au plastique.
En effet, plusieurs jeunes entreprises tricolores ont des projets qui visent à améliorer notre quotidien plutôt qu'à nous soutirer toujours plus d'argent, alors ce sont celles là que nous souhaitons mettre en avant.
Partons à la rencontre de deux innovations qui visent à remplacer le plastique à base de pétrole qui pollue la planète et nous rend malades, car une autre voie est possible !
Des polymères naturels à base de déchets organiques ou de protéines de lait pour remplacer le pétrole, n'en déplaise aux géants de cette industrie mortifère très lucrative, c'est l'avenir et même sur le point de devenir une réalité.
Enfin ça pourrait l'être si l'on commençait enfin à placer la santé et l'environnement au premier plan dans les prises de décisions de nos dirigeants politiques comme celles des grandes entreprises, avant la recherche des profits (et ça c'est pas gagné).
Des alternatives naturelles et biodégradables au plastique :
Bref, sortons de ce billet d'humeur (noire) et partons à la découverte d'innovations qui mériteraient d'être plus mises en avant dans les grands médias, plutôt que de faire des duplexes avec des économistes et instituts spécialisés que personne ne connaît et dont on ne sait jamais qui les finance.
Nous allons vous présenter deux innovations qui permettent de fabriquer des polymères capables de remplacer en tout ou partie le plastique issu du pétrole. Des plastiques naturels qui ne pollueront pas l'environnement pendant des décennies et ne feront pas non plus par conséquent, peser une menace sur notre santé et celle de nos enfants.
Des chercheurs et jeunes entrepreneurs arrivent en effet à créer des polymères à base de déchets organiques, alors voyons d'où sortent ces bonnes idées et comment elles fonctionnent.
Nous débutons avec la start-up Lactips qui est la contraction de lacté et de tips (astuce en anglais), cette PME fondée en 2014 et basée en région stéphanoise dans la Loire produit un matériau similaire au plastique.
Mais ce n'est pas du plastique, c'est un polymère biosourcé fabriqué avec des protéines de lait qui est entièrement biodégradable, compostable et recyclable. Nous devons cette découverte à Frédéric Prochazka, spécialiste des polymères au CNRS qui cherchait justement des alternatives au plastique dans le cadre d'études universitaires.
Il pense à utiliser la caséine, protéine du lait déjà utilisée dans d'autres domaines, notamment les médicaments et arrive à créer un granulé thermoplastique. Un granulé qu'il arrive à étirer pour en faire un film « plastique », de cette découverte découle donc une nouvelle entreprise.
Lactips produit des granulés thermoplastiques naturels baptisés CareTips, qui ont les mêmes caractéristiques que le plastique. Alors vous ne le trouverez pas encore sous la forme de rouleaux de film pour la cuisine par contre.
Solubles dans l'eau froide comme chaude ils peuvent être utilisés pour créer des emballages fins, dans le but de fabriquer des pods de lessive par exemple. Ils permettent aussi de produire des étiquettes biodégradables, mais de petits objets solides également.
Collé sur du papier ce polymère agréé contact alimentaire peut également servir comme sachets pour emballer du chocolat, des biscuits ou des croquettes et même créer des emballages à usage unique pour la restauration rapide.
Ses applications sont innombrables, également dans le domaine de l'alimentation car le polymère CareTips est consommable. Voilà une invention française capable de changer la donne, mais reste à développer si l'on veut un jour arriver à se passer du pétrole.
les alternatives au plastique de Lactips (cliquer pour agrandir)
Prenons la direction de Bordeaux pour découvrir une seconde alternative aux plastiques, celle proposée par Dionymer qui arrive elle à fabriquer du polymère en recyclant des déchets organiques.
Des déchets issus de l'agriculture, de la viticulture, de la restauration collective, etc... Autrement dit en récupérant les biodéchets que l'on ne va pas consommer : pain et viennoiseries, pâtes, fruits et légumes, etc...
L'idée commune de trois amis qui se sont rencontrés à la faculté de chimie de Bordeaux se transforme en petite entreprise en 2022, l'aventure Dionymer commence.
Alors le précédé est complexe mais pour essayer de vous l'expliquer, les déchets organiques sont fermentés pour en récupérer des nutriments ensuite ingérés par des micro-organismes (bactéries) qui les transforment en un polymère 100% naturel, qui est séché et réduit en poudre.
Là aussi, si l'on s'en donne les moyens, les possibilités sont nombreuses : adhésifs, cosmétiques, impression 3D, textile, plasturgie et même dans l'industrie médicale.
Ce polymère de la famille des PAH (polyhydroxyalcanoates) est assez proche du nylon, il permet de fabriquer aussi bien des fibres textiles que des objets souples ou solides et capable notamment de remplacer les flacons et tubes plastiques de nos emballages.
Vous pouvez lire l'article de Radio France pour plus d'informations, ils se sont rendus dans les locaux de Dionymer pour leur consacrer un petit reportage très intéressant.
les alternatives au plastique de Dionymer - crédit photo : Radio France / Manon Derdevet
Alors comme nous ne faisons pas le déplacement sur le salon VivaTech n'ayant pas un budget infini et lui préférant assez largement la Foire de Paris, nous n'avons pas l'occasion de vous présenter beaucoup d'innovations de ce type malheureusement.
Mais quel dommage que le débat soit préempté dans les grands médias, notamment télévisés, autour de la technologie IA. Certes c'est une petite révolution, mais surtout à la disposition des grandes entreprises plus que pour nous autres particuliers (à qui elle sera facturée).
Il est à l'image de nos politiques qui ne s'intéressent finalement pas aux vraies problématiques et préfèrent nous faire rêver plutôt que de trouver des solutions concrètes à des problématiques pourtant majeures, comme la pollution plastique et notre santé.
Le principal défaut finalement de ces innovations, c'est qu'elles sont souvent plus onéreuses que les matériaux polluants qu'elles visent à remplacer.
Hors comme dans notre société tout le monde ne pense que compétitivité et rentabilité, leur développement est trop peu aidé et les débouchées restent donc généralement assez limitées.
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