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Vous avez peut-être comme nous vu fleurir dans l'actualité de la semaine dernière pleins d'articles sur le rappel de melons dans l'enseigne de supermarchés Lidl. La presse nationale comme régionale s'en est donné à cœur joie, elle ne prend pourtant pas le temps de le faire pour les milliers de rappels de produits qui sont faits chaque année.
Nous faisons le point sur ces melons contaminés aux pesticides, mais surtout allons nous servir de cet exemple pour voir comment ce système devrait être optimisé. Trop tardifs et avec plus d'incidence sur les consommateurs que les producteurs, ce sont toujours les mêmes qui payent la note.
Pourtant ce que nous avons remarqué c'est qu'aucun des articles que nous avons lu dans la presse, alors nous ne les avons pas tous parcourus en intégralité car il y en a des dizaines, ne soulignait le problème qui pourtant saute aux yeux.
Le rappel a été effectué sur le site Rappel Conso le 30 juin 2023, pour 4 lots de melons Charentais vendus entre le 10 et le 29 juin, jour auquel ils ont été retirés de la vente. Il est reproché à ces melons de dépasser le taux de pesticides autorisés, contaminés par les fameux pesticides dont l'agriculture intensive ne veut pas se passer.
Hors c'est bien connu, nous achetons tous nos melons 2 ou 3 semaines à l'avance (ironique). La très grande majorité de ces melons a donc été consommée déjà, les autres peuvent se faire rembourser au mieux si ils les rapportent en magasin. Si vous les avez déjà mangés, tant pis pour vous donc nous reviendrons sur cet aspect juste après.
Mais avant tout de même évoquons pourquoi ces melons ont été rappelés, même si n'est pour nous qu'un exemple et un prétexte pour évoquer ensuite le fonctionnement défaillant des rappels de produits en France. Ces melons dépassent de la limite maximale de résidus sur la molécule nommée « flonicamide », un pesticide largement utilisé qui aide à lutter contre les pucerons.
Ce produit phytosanitaire est utilisé dans de nombreuses cultures maraîchères : betterave, concombres et cornichons, courges et courgettes, melons et pastèques, pommes de terre, potirons, tomates, etc... Mais aussi pour la culture de fleurs (roses) et plantes ornementales, de céréales (blé, houblon) et d'arbres fruitiers comme les pêchers, poiriers, pommiers, pruniers, etc...
Le flonicamide est autorisé par les autorités sanitaires européennes mais pourtant classé en catégorie 4 (toxicité aigüe par voie orale) et nocif en cas d'ingestion. Il est également suspecté d'être cancérogène potentiel et classé comme probable perturbateur endocrinien par l'ANSES selon Que Choisir.
Source : ANSES (évaluation du TEPPEKI, à base de flonicamide)
FLONICAMID : pour au moins une molécule incluse dans cette association de substances, l'Anses notait, en 2021, l'existence de données expérimentales pouvant suggérer son caractère perturbateur endocrinien.
Il fait partie de la tristement célèbre famille des néonicotinoïdes, ces pesticides surnommés « tueurs d'abeilles » et parmi les plus néfastes pour l'environnement. Les symptômes d'une ingestion importante sont : maux de tête, nausées, troubles digestifs et/ou vomissements.
Le flonicamide n'est qu'un des plus de 150 pesticides régulièrement retrouvés sous la forme de résidus dans notre alimentation, l'UFC Que Choisir les a listés. On y retrouve d'ailleurs aussi le glyphosate qui devrait être autorisé à nouveau par la Commission Européenne, qui s'assoit sur le principe de précaution au nom de la rentabilité tant ce désherbant est controversé.
Ce qui nous amène donc au constat, qui est toujours le même sur les rappels de produit, à savoir qu'ils arrivent souvent trop tard pour protéger les consommateurs. Mais aussi qu'ils n'entraînent jamais aucune sanction ni aucune réparation pour les personnes qui ont consommé, souvent sans le savoir, des produits contaminés.
Le pire c'est que ceux qui ont mangé ces pesticides n'ont le droit à aucune compensation, tant pis pour eux et advienne que pourra. Les autres ont eux le choix entre jeter les melons et s'asseoir sur leur argent, ou alors les ramener en magasin pour demander un remboursement.
Ce qui ne concerne bien entendu qu'une toute petite minorité de clients qui auraient acheté un ou plusieurs melons juste avant leur rappel et auraient eu la chance de voir le rappel avant de les manger. Pour tous les autres, c'est pas de bol mais vous n'avez droit à rien (zéro, nada, walou, que dalle).
Le problème au final ce n'est pas ces quelques milliers de melons contaminés, mais qu'il y a des milliers de rappels produits chaque année et qu'ils arrivent souvent après que le mal soit fait. C'est qu'il n'y ai aucune sanction pour les distributeurs et les fabricants, si ce n'est de perdre une petite partie de leur production.
La raison pour laquelle les rappels de produits arrivent souvent trop tard est donc principalement financière, car il faut en écouler un maximum avant de faire le rappel pour limiter ses pertes. Il y a certes aussi des délais incompressibles pour réaliser les tests, mais on est trop souvent à plusieurs semaines de délai sur des produits frais qui sont consommés dans les jours suivant leur achat.
Car il faut tout de même bien comprendre l'ampleur du problème, il y a au moment où nous écrivons cet article 8.810 rappels de produits en cours sur le site de Signal Conso, parmi lesquels 6.750 concernant l'alimentation. Plus de 6.500 produits alimentaires font l'objet d'un rappel à l'heure actuelle, c'est juste faramineux !
Il faut donc non seulement améliorer les alertes auprès des consommateurs, qui n'ont pas que ça à faire d'aller sur le site de Rappel Conso chaque jour voir si le produit qu'ils ont acheté samedi au supermarché peut être cuisiné le mardi ou le mercredi et si il a fait entre temps l'objet d'un rappel.
Bien entendu c'est aux distributeurs de mieux informer les consommateurs, mais les auto contrôles sont principalement faits par les producteurs et transformateurs. Il faut donc que les fabricants alertent sans délai les enseignes pour qu'elles puissent à leur tour retirer les produits des rayons et alerter leurs clients.
Hors nous venons justement d'écrire un article sur la privatisation des contrôles dans l'alimentation, qui viennent d'être confiés au ministère de l'agriculture (grand copain des lobbys de l'agriculture intensive) alors qu'ils étaient effectués par la DGCCRF.
Pire encore on vient d'apprendre qu'ils seraient en grande partie confiés à des laboratoires privés, les mêmes qui font déjà ces auto contrôles et travaillent pour l'industrie agro-alimentaire. Autant vous dire que ces décisions ne sont pas, mais alors pas du tout, dans l'intérêt des consommateurs car ils entraînent un conflit d'intérêt flagrant et risquent de coûter très cher au contribuable.
La justice vient juste d'ailleurs de condamner l'état français pour l'utilisation massive de pesticides et non respect de ses objectifs de régulation, il a été jugé responsable de l'effondrement de la biodiversité (article de PositivR) dans le dossier surnommé "justice du vivant" porté par plusieurs associations. Le fruit du hasard ?
Il devrait également pour les produits qui ont été déjà consommés à minima y avoir un remboursement intégral, ce qui n'est pas le cas. Si vous l'avez déjà mangé, tant pis pour vous si c'est mauvais pour votre santé et vous n'avez le droit à aucune compensation, rien du tout (à part peut-être une maladie plus tard).
Il serait tellement simple avec son ticket de caisse de se faire rembourser des produits contaminés que nous avons consommés avant le rappel, un moindre mal pour avoir fait courir un risque aux consommateurs. Ce serait aussi une bonne leçon pour que les rappels soient effectués plus rapidement et mieux indiqués en magasins, vous avez déjà vu l'affiche à bandeau rouge que nous avons généré sur le site de Rappel Conso pour les melons en magasin vous ? Car nous, jamais.
Il faudrait donc également bien entendu qu'il y ai plus de contrôles et des amendes pour les entreprises qui manifestement tardent à alerter pour ne pas perdre trop de marchandises, et in fine surtout d'argent car il n'y a que ça qui compte dans le monde de l'agro-industrie. Et pour les enseignes qui ne jouent pas le jeu de l'affichage pour avertir leurs clients, comme c'est trop souvent le cas.
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