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Comme chaque année, la "semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information" invite les citoyens, les enseignants, les journalistes et les institutions à se rassembler autour d’un même objectif : former des esprits critiques, autonomes et responsables dans l’océan d’informations disponibles à l'ère du numérique.
Organisée sous l’égide de l’UNESCO et reconnue officiellement par l’assemblée générale des Nations Unies depuis 2021, l'objectif de cet événement est de mettre en lumière l’importance de savoir comment naviguer entre des faits, des opinions, et les tentatives de manipulations dans un environnement médiatique en perpétuelle mutation.
Déroulé de l'article :
Créée en 2012 par l’UNESCO, la Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information (Media and Information Literacy Week, ou MIL Week en anglais) se déroule chaque année à la fin du mois d’octobre. Son objectif est de promouvoir, dans tous les pays, une culture de l’information et de la communication plus éthique, critique et inclusive.
Pendant cette semaine, des centaines d’événements sont organisés sur les cinq continents : ateliers dans les écoles, tables rondes, formations pour journalistes, débats publics, expositions, campagnes de sensibilisation, etc... Chaque initiative, petite ou grande, contribue à faire de l’éducation aux médias un sujet de société incontournable.
Pourtant, en France, les grands médias ne semblent pas très prompts à sensibiliser leurs auditeurs, lecteurs, téléspectateurs ou bien followers sur cet aspect. En effet, vous n'en avez sans doute jamais entendu parler, car moi même (qui édite pourtant un média indépendant) je viens de la découvrir.
De nos jours, se tenir informé(e) ne suffit plus : encore faut-il savoir comprendre comment l’information est produite, diffusée et consommée. Entre infox, contenus générés par l’intelligence artificielle, campagnes d’influence et bulles algorithmiques, l’esprit critique devient une arme citoyenne essentielle.
Les enjeux de l'information :
L’éducation aux médias et à l’information (souvent abrégée par l'acronyme « EMI ») vise à donner au grand public les compétences nécessaires pour se forger leur propre opinion sur des sujets d'actualités, des orientations politiques, les enjeux de société, etc...
L’UNESCO rappelle que ces compétences ne concernent pas seulement les jeunes ou les enseignants : elles sont indispensables à tous les citoyens, à tout âge et dans tous les contextes. Que l’on soit parent, salarié, entrepreneur, ou bien simple consommateur d’actualités, ne vous laissez pas enfermer dans une bulle !
L'édition 2025 qui se tient du 24 au 31 octobre porte un thème particulièrement d’actualité : « Minds Over AI – MIL in Digital Spaces ». En français, ça donne quelque chose comme : « L’esprit avant l’IA : éducation aux médias dans les espaces numériques ».
Cette thématique invite à réfléchir sur la place de l’intelligence humaine face à la puissance des algorithmes et de l’intelligence artificielle dans la circulation de l’information. Comment préserver notre capacité de jugement à l’heure où des contenus sont écrits, montés et diffusés automatiquement par des machines ? Comment rester lucides face aux filtres invisibles qui déterminent ce que nous voyons sur nos écrans (ou pas) ?
Le Forum Mondial de l’EMI 2025 se tiendra à Cartagena de Indias, en Colombie, les 23 et 24 octobre. Des chercheurs, décideurs publics, journalistes, éducateurs et entreprises du numérique s’y réuniront pour débattre de ces enjeux.
Au programme : des conférences sur la transparence des algorithmes, la lutte contre la désinformation et les biais de l’IA, des échanges sur la régulation des plateformes et les politiques d’éducation numérique, la présentation de projets éducatifs innovants venus du monde entier.
Mais la Semaine mondiale ne se résume pas à cet événement phare : partout dans le monde, les écoles, associations et collectivités sont invitées à organiser leurs propres activités. En France, par exemple, certaines académies s’en saisissent déjà pour travailler avec les élèves sur la vérification des sources, la construction d’un journal scolaire, ou l’analyse de publicités et de contenus viraux.
À retenir :
📅 Semaine de l’éducation aux médias et à l’information : du 24 au 31 octobre 2025
🌍 Thème 2025 : « Minds Over AI – MIL in Digital Spaces »
🔗 Plus d’infos sur l'événement : site de l'ONU
Néanmoins, même si tout ça est très bien, qu'en est il de l'information au grand public ? Pourquoi cet événement n'est il pas mieux relayé par les principaux médias : télévisions, radios, journaux et sur leurs réseaux sociaux puisque c'est le cœur du réacteur à l'ère du numérique.
La plupart dispose désormais de son service de "fact checking" pour vérifier les faits et les affirmations de certaines personnalités publiques (notamment politiques puisque ce sont de gros mythomanes), mais aucun ne semble prompt à vous expliquer comment le faire vous même et pourquoi vous devriez diversifier vos sources d'information. Alors nous nous y collons, encore une fois.
Car il nous semble important d'évoquer cette thématique à l'heure des réseaux sociaux avec leurs algorithmes dévastateurs, de l'intelligence artificielle et ses deep fakes, alors que 80% des grands médias sont aux mains d'une poignée de milliardaires dont certains tentent d'imposer leur propre vision de l'information (ce qui explique peut-être ce silence d'ailleurs).
Les chaines d'informations en continu ont chacune désormais une ligne éditoriale bien définie, peut on même encore parler d'infos quand on passe ses journées à débattre d'actualités alors qu'une opinion est partagée par tous les présentateurs et "spécialistes maison" toutologues, accompagnés sur les plateaux d'invités issus de cabinets de conseils (aux entreprises) qui partagent pour la plupart les mêmes idées et ont les mêmes intérêts (financiers) ?
Savoir bien s’informer, c’est comme apprendre à conduire : cela demande de la vigilance, de la méthode et un peu de pratique. Voici quelques réflexes d’éducation aux médias que tout citoyen devrait adopter, inspirés des recommandations faites par l’UNESCO à travers des éducateurs en EMI.
1. Vérifier la source avant tout
Avant de lire ou regarder une information, commencez par vous demander qui publie ce contenu ? Est-ce un média reconnu, une institution ou un particulier, quelles compétences et légitimité a t'il pour le faire ?
Quelle est la finalité du message : informer, divertir, vendre, manipuler ? Souvent, une simple recherche inversée d’image ou une vérification du nom de domaine permet d'éviter la diffusion d’une fausse information. Regardez aussi la date de publication, car des infos anciennes peuvent être recyclées à d'autres fins.
2. Croiser les points de vue
Ne vous limitez pas à une seule source ou à un seul type de média pour forger votre opinion : consultez différents journaux, chaînes ou plateformes de sensibilités différentes. Car comparer, c’est comprendre : les faits prennent du sens quand on les regarde sous plusieurs angles avant se faire sa propre opinion.
Alors oui, quand on a une sensibilité de droite ça pique parfois de lire ou regarder des informations relayées par des médias de gauche, et inversement. Mais c'est nécessaire si vous ne souhaitez pas vous laisser enfermer dans une bulle médiatique, qui vous conforte dans votre opinion et petit à petit, vous enlève tout sens critique.
3. Se méfier de l’émotion immédiate
Les contenus les plus viraux jouent souvent sur des émotions comme la colère ou la peur. Si une publication vous choque ou vous indigne, prenez le temps de la vérifier avant de la partager, si elle s’avère exacte. Une émotion forte est souvent le signal d’une tentative de manipulation.
4. Apprendre à décoder les images
Les vidéos et photos circulent vite et peuvent être détournées, les exemples se multiplient ces dernières années. De plus en plus de logiciels permettent de générer des images ou vidéos artificielles appelées « deepfakes ». Alors avant de croire ce que vous voyez, interrogez vous : d’où vient ce contenu, a t'il été modifié, est-il contextualisé ?
5. Comprendre les algorithmes
Les moteurs de recherche et réseaux sociaux choisissent ce qu’elles vous montrent, en fonction de vos clics et préférences. C’est ce qu’on appelle la « bulle de filtres ». Prenez l’habitude de diversifier vos abonnements, de consulter des médias indépendants et de paramétrer vos recommandations.
C’est la seule façon de reprendre la main sur votre environnement d’information, de ne pas vous laisser enfermer dans une bulle créée par une multinationale. Car son but n'est pas de bien vous informer, mais de générer un maximum de revenus en utilisant vos données personnelles.
6. Comment le média se finance t'il ?
Nous ajoutons un aspect qui nous semble primordial mais n'est jamais ou très rarement évoqué, c'est de chercher à comprendre comment se finance un média ? En effet, mieux vaut éviter de mordre la main qui vous nourrit, il est donc important de chercher à comprendre à qui appartient cette main.
La plupart des médias se finance principalement par la diffusion de publicités, c'est donc un élément à bien vérifier : un site avec de nombreux encarts publicitaires, qui recueille vos données personnelles pour afficher des publicités ciblées, utilise des fenêtres pop-up, insère sous ses articles des annonces trompeuses (type Taboola), etc... Sont autant de signaux qui devraient vous alerter sur les intentions d'un média.
Car quand le but premier n'est plus d'informer, mais de faire rentrer des recettes publicitaires dans les caisses par tous les moyens possibles et imaginables, alors la porte à toutes les dérives est ouverte ! Mieux vaut éviter d'accorder sa confiance à un média qui accorde plus d'importance à son compte en banque qu'à la qualité des informations et des affichages annexes qu'il vous soumet.
Dans un monde saturé d’informations, l’éducation aux médias et à l’information n’est pas un luxe. C’est une nécessité démocratique.
Cette "semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information" nous rappelle que la liberté d’expression ne peut s’exercer pleinement que si elle s’accompagne d’un esprit critique éclairé, mais aussi d'une vraie liberté de la presse et à condition que son indépendance soit garantie !
Hors, même si il y a pire ailleurs, la France continue de chuter dans le classement de la liberté de la presse année après année, sous la pression de politiques toujours plus liberticides et autoritaristes. Elle n'est plus qu'au 25ème rang en 2025 (sur 180) alors qu'elle se plaçait fièrement en 11ème position en 2002.
Bien loin des pays européen du nord comme la Finlande, la Norvège ou le Danemark qui sont des modèles du genre. En effet, la France est en bas de classement en Europe et se rapproche plus des pays des balkans que des grandes démocraties européennes.
Nous qui justement lisons les actualités assidument, voyons se multiplier les entraves à l'information posées par les entreprises à travers des procédures bâillon mais aussi les forces de l'ordre sur le terrain. Alors ce ne sont pas elles qu'il faut incriminer, mais les donneurs d'ordres qui se trouvent dans la sphère politique.
Voilà qui est assez inquiétant, au pays des droits de l'homme et des lumières, la dérive du milieu politico-médiatique à la solde des lobbys de grandes entreprises, éloigne dangereusement l'information de l'intérêt public pour répondre à des intérêts économiques privés. Dans un monde où la désinformation menace les démocraties autant que les virus menacent la santé publique, l’éducation aux médias devient une forme de prévention collective.
Former des citoyens capables de comprendre comment se fabrique l’information, comment elle circule, et comment elle peut être détournée, c’est renforcer la démocratie elle-même. Et cela commence par un clic réfléchi, par prendre conscience que se laisser enfermer dans une bulle médiatique est dangereux !