Conso : une amende de 40.000.000€ pour Criteo (publicité ciblée)

Nous avons décidé de na pas vendre ni exploiter les données personnelles de nos visiteurs, mais nous sommes plus l'exception que la règle malheureusement. La CNIL vient de condamner une grande société spécialisée dans le ciblage publicitaire à une amende record de 40 millions d'euros, ce qui nous conforte dans notre choix. Pourquoi et qui la CNIL vient elle de condamner ? Nous vous expliquons cette affaire pour tout comprendre.

La CNIL inflige 40 millions d'euros d'amende à Criteo (publicité ciblée)

Vous le savez déjà mais au final vous en accommodez sans doutes, quasiment tout l'internet est basé sur les revenus publicitaires : moteurs de recherche, médias, réseaux sociaux, etc... Tous ou presque gagnent (très confortablement) leur vie en exploitant vos données personnelles, mais il y a tout de même des règles à respecter et d'autant plus depuis l'entrée en vigueur du RGPD.

Le RGPD pour « Règlement Général sur la Protection des Données » impose depuis 2018 que les internautes donnent clairement leur consentement sur l'utilisation de leurs données personnelles. Les sites et entreprises qui traitent ces données sensibles sont censés recueillir le consentement et permettre un accès à ces dernières pour modification ou effacement.

La CNIL contrôle les acteurs de l'internet pour s'assurer qu'ils sont en conformité avec ces obligations, et vient d'infliger une amende record à Criteo pour plusieurs manquements à cette réglementation. Alors nous allons essayer de rester très factuels car ils doivent être aux abois prêts à attaquer tout ce qui bouge, et vous connaissez notre aversion pour la publicité ciblée.

• Qui est Criteo, l'entreprise condamnée par la CNIL ?

Critéo est une entreprise française créée en 2008 avec une filiale installée aux USA depuis 2010, pour rejoindre la Silicon Valley. Son activité principale est le ciblage et reciblage publicitaire en ligne, autrement dit l'affichage de publicités personnalisées en fonction des centres d'intérêt des internautes.

Ils proposent des solutions complètes de digital marketing aux entreprises : les sites de vente en ligne de biens ou de services, mais aussi les "éditeurs". Un terme qui regroupe les sites d'information et médias, les réseaux sociaux, etc... Puisque n'importe quel site internet peut afficher des publicités sous diverses formes à sa convenance, quel que soit son secteur d'activités.

L'entreprise revendique 19 millions de clients à travers le monde, quelques uns sont mentionnés sur leur site internet : Auchan Drive, BestBuy, Danone, Deliveroo, ComCast, Microsoft, Procter & Gamble, Rowenta, Sephora, Shopify ou encore Viadeo.

Alors c'est simplifié mais en gros vous avez des sites dits informatifs (actualités, bons plans, médias, réseaux sociaux, etc...) qui vont afficher les publicités ciblées pour renvoyer leur audience vers des sites de vente en ligne (de biens ou de services).

Les premiers sont rémunérés pour afficher de la publicité et les second augmentent leur nombre de visiteurs et donc leurs ventes, des sociétés spécialisées servent d'intermédiaires pour faire en sorte que les publicités qui s'affichent sur l'écran des internautes correspondent à ce qu'ils sont susceptibles d'acheter.

Source : Wikipédia

• Qu'est ce que ça pèse la publicité ciblée ?

Critéo est un de ces intermédiaires, leur rôle est de faire le lien entre tout ce petit monde et nous, les consommateurs. Pour savoir ce qui est susceptible de vous intéresser, encore faut il vous connaître un minimum et donc recueillir de nombreuses informations sur vos habitudes de consommation. C'est là qu'intervient le RGPD pour éviter que n'importe qui puisse collecter n'importe quelles données sans votre accord.

La CNIL reproche à Criteo plusieurs manquements au RGPD et lui a en conséquence infligé une amende de 40 millions d'euros, l'entreprise cotée en bourse (NASDAQ) aurait selon Wikipédia réalisé un chiffre d'affaire de 2,25 milliards de dollars en 2021 pour vous donner un ordre de grandeur.

Car si tout ça n'a pas l'air bien méchant de premier abord, vos données personnelles valent réellement de l'or car on évoque un marché de 8,5 milliards d'euros en 2022 juste pour la France selon LSA. Là encore pour contextualiser, le budget de l'état français alloué à la culture est d'environ 4,2 milliards, celui de la justice est de 12,3 milliards d'euros.

• Qu'est ce qui est reproché à Criteo ?

La CNIL reproche à Criteo 5 manquements à la réglementation RGPD par sa décision du 15 juin 2023 :

1. manquement à l'obligation de démontrer que la personne a donné son consentement (article 7.1 du RGPD)
2. manquement à l'obligation d'information et de transparence (articles 12 et 13)
3. manquement au respect du droit d'accès aux informations collectées (article 15.1)
4. manquement au respect du droit de retrait du consentement et de l'effacement de ses données (articles 7.3 et 17.1)
5. manquement à l'obligation de prévoir un accord entre responsables conjoints de traitement (article 26)

Non seulement des données étaient recueillies sans pouvoir prouver que les internautes avaient bien donné leur consentement, mais en plus ils n'avaient pas toujours la possibilité d'y accéder et/ou de demander leur effacement. Des manquements graves, qui expliquent en partie l'amende de 40 millions d'euros qui vient sanctionner Criteo.

Un montant qui s'explique aussi selon la CNIL par le grand nombre de personnes concernées, la société aurait recueilli des données relatives à 370 millions d'identifiants en Europe. Comme il y a environ 746 millions d'européens ça fait quasiment une personne sur deux habitant en Europe, on parle d'identifiants car les données n'indiquent pas le nom des personnes.

Néanmoins la CNIL ajoute que les données recueillies étaient assez précises pour permettre la réidentification de personnes dans certains cas. Elle indique que la société collecte une très grande quantité de données relatives aux habitudes de consommation des internautes. Bref, vous pouvez consulter le compte-rendu sur le site de la CNIL pour plus d'informations.

Source : compte-rendu de la CNIL

Conclusion et conseils :

Alors nous allons éviter de donner notre avis, vous le savez nous militons contre la publicité ciblée et les dérives du marketing. C'est la raison pour laquelle nous n'affichons aucune publicité sur notre site, et qu'il n'est pas obligatoire de s'inscrire pour accéder à tout ou partie de son contenu qui est en accès libre.

Mais la très grande majorité des sites sont bien contents d'utiliser ce type d'affichages publicitaires, ou de permettre à des sociétés spécialisées de récolter les données de leurs utilisateurs. Nous l'avons vu c'est un marché de plusieurs milliards d'euros ne serait-ce que pour la France, un énorme gâteau à se partager.

C'est le meilleur moyen de faire rentrer de l'argent dans ses caisses, mais pose un sérieux problème de déontologie. D'autant plus pour les sites qui se disent informatifs, ou pire encore qui clament être là pour vous aider à économiser ou à mieux consommer.

Vous le savez nous sommes des consommateurs comme vous et nous présentons comme un site « pour les consommateurs, par des consommateurs », alors tout simplement nous ne vous faisons pas ce que l'on n'aime pas que l'on nous fasse. Ne pas être tributaires des revenus générés par la publicité, les entreprises et marques qui en diffusent, nous permet également de (réellement) conserver une grande liberté d'expression.

Nous l'avons déjà évoqué à plusieurs reprises mais si nous avions un conseil à vous donner, c'est de fuir les sites qui vous obligent à accepter les cookies de ciblage et/ou à désactiver votre bloqueur de publicité. Il suffit d'ailleurs de s'arrêter sur le langage de ces entreprises, pour lesquelles nous sommes des cibles à atteindre, pour comprendre que ce n'est pas un milieu très sain.

Il existe toujours d'autres alternatives pour s'informer ou trouver des bons plans et vous n'êtes pas obligés de vous soumettre et de permettre la monétisation de vos données personnelles, ni de payer des abonnements pour tout et n'importe quoi. Il suffit de prendre le temps de chercher un peu pour trouver l'internet originel, celui qui est ouvert et basé sur le partage plutôt que sur la rentabilité et les profits.

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