Autoroutes : le péage à flux libre sans barrières, on en pense quoi ?

Alors que les sociétés d'autoroute privatisées pour une bouchée de pain par l'état français annoncent des profits records années après années, l'état leur accorde désormais généreusement des augmentations de tarifs indécentes et enterre les rapports qui évoquent cette hérésie. Mais ce qui a attiré notre attention, c'est le nouveau tronçon créé avec l'autoroute A79 et ses nouvelles barrières de péage en flux libre.

Il semble que non seulement nous n'avons rien appris de nos erreurs passées, mais qu'en plus les nouvelles technologies sont aussi utilisées pour pénaliser les automobilistes plutôt que de leur faciliter la conduite. Nous avons donc regardé de plus près ce système innovant et vous donnons notre avis.

Péages sans barrière : la technologie à but lucratif dans toute sa splendeur

L'actualité a la peau dure : après l'augmentation accordée par l'état français aux sociétés d'autoroutes françaises en 2023 : +4,75% (du jamais vu) qui s'est vanté d'avoir limité l'augmentation sous l'inflation, on apprend quelques semaines plus tard que ces mêmes sociétés ont généré des profits records en 2022 : 2,2 milliards d'euros soit +15% par rapport à 2021 (encore du jamais vu).

Puis encore quelques semaines plus tard on découvre qu'un rapport de l'Inspection Générale des Finances qui préconisait une baisse des tarifs de 60%, aurait été enterré par Bruno Lemaire (qui est dans tous les mauvais coups ''en même temps''). Mais ce n'est pas le sujet du jour, vous avez un excellent article de Sud-Ouest à ce sujet si vous n'en avez pas entendu parler.

Nous pourrions donc nous attendre à ce que les erreurs du passé ne se répètent pas, pourtant le dernier tronçon d'autoroute créé dans l'Allier a été confié à une d'entre elles : ALIAE (APRR). L'entreprise s'est précipitée pour tester une nouvelle barrière de péage en flux libre de dernière génération, indiquant sur son site seulement 3 mois après l'ouverture un axe devenu plus sur.

Si l'on peut mettre en doute des conclusions en matière de sécurité routière sur un laps de temps aussi court, la société met aussi en avant un gain environnemental puisque les voitures ne s'arrêtent plus aux barrières de péages. Mais nous allons voir que tout n'est pas aussi angélique que l'on aimerait nous le faire croire.

L'histoire de cette autoroute n'est pas banale, d'autant plus dans le climat actuel et pour les raisons que nous venons d'évoquer afin de la contextualiser. Car l'A79 est la transformation d'une nationale (la N79) en axe autoroutier, donc payant qui a été confié bien entendu à une société à but lucratif pour ne pas changer les mauvaises habitudes. Comme le dit l'expression : on ne change pas une équipe qui fait raquer les consommateurs (ah ce n'est pas ça l'expression ?).

Je ne sais pas pour vous, mais la première chose qui nous a sauté aux yeux en voyant la photo de l'A79 prise par la presse régionale pour illustrer l'article du Journal de Saône-et-Loire au sujet de ce fameux péage dit de « nouvelle génération » (voir ci-dessous), c'est le panneau qui a été installé pour avertir les automobilistes.

En effet vous avez donc un portique géant au dessus de la route bardé de caméras et capteurs high-tech qui a dû coûté une fortune, et pour avertir les automobilistes un pauvre panneau jaune qui semble avoir été planté à la va-vite et être temporaire.

Derrière le joli discours, une réalité moins reluisante

Ce qui nous fait donc penser que le but de ce type de nouveautés est clair : ce n'est pas d'améliorer votre confort de conduite, de moins polluer ou d'améliorer la sécurité (même si ce sont certains des arguments mis en avant par ses exploitants), mais de vous faire cracher au bassinet et de faire un max de bénéfices.

Alors il y a peut-être d'autres panneaux en amont, et l'ensemble de la signalisation ne ressemble peut-être pas à ça. Espérons le du moins car si vous ne découvrez le péage qu'à 50 mètres de la barrière (sans barrière) sur une route en sens unique sans possibilité de l'éviter, ce n'est plus de l'impréparation mais littéralement du racket organisé.

Sans doutes aussi qu'un vrai panneau d'avertissement sera installé, ou l'a été depuis puisque c'est trop loin pour que nous allions vérifier sur place, mais dans tous les cas ce nouveau péage a bel et bien ouvert comme ça. Ils ont donc commencé à faire payer les usagers avant même que tout soit terminé, preuve s'il en fallait que l'objectif affiché de sécurité routière semble anecdotique.

Le faisceau d'indices s'épaissit avec les premiers retours d'utilisateurs, quasiment aucun ne connaît le tarif du péage, ben oui il n'y a pas la place de l'indiquer sur la pancarte devant le portique. N'aurait il pas été la moindre des choses de terminer l'aménagement et la signalisation, avant de commencer à faire payer les usagers ? Apparemment non, l'information des automobilistes semble être secondaire chez APRR.

C'est la société d’autoroutes APRR (Eiffage) qui a mis en place ce nouveau péage high-tech, et l'a mis en service avant même d'avoir terminé la signalisation en bonne et dû forme pour avertir les automobilistes. Une entreprise qui a tout de même réalisé un chiffre d'affaire de 2,8 milliards d'euros en 2022 (+9,7% par rapport à 2021) pour environ 500 millions d'euros de bénéfices même si le chiffre est difficile à trouver donc approximatif.

Sans oublier que si vous n'avez pas de badges de télépéage vous devez trouver une borne de péage et vous y inscrire avant de vous aquiter de la somme. Sinon ils vont aller chercher l'adresse de votre domicile (on ne sait pas bien qui leur fourni d'ailleurs) et vous envoyer la facture par courrier.

Si vous ne payez pas sous 72 heures vous devrez en plus payer une amende pouvant atteindre 90€, il n'y a pas à dire vous avouerez que c'est quand même bien plus simple que la barrière à l'ancienne dans laquelle vous payez par carte bancaire en 20 secondes.

Sans surprise, les retours des utilisateurs ne sont pas bons !

Il n'y a pas à dire la technologie qui nous facilite la vie, c'est quand même beau. Mais il serait bien inopportun justement de vouloir incriminer la technologie, c'est comme trop souvent non pas l'innovation qui est mauvaise mais l'utilisation qui en est faite par des entreprises cupides.

Le manque d'information et les difficultés de paiement en ligne reprochés par les utilisateurs de cette nouvelle autoroute dernière génération, comme l'indique un article de l'UFC Que Choisir, ce n'est pas la faute de la technologie mais celle de l'entreprise qui met en place ces péages sans proposer un système efficace pour le paiement.

Car au final si vous avez le badge de télépéage ça ne change rien pour vous, vous passiez déjà sans vous arrêter à la grande majorité des barrières. Si par contre vous n'en avez pas, au lieu de vous arrêter à la barrière de péage vous devrez vous arrêter ailleurs. Il vous faudra sortir de la voiture pour aller payer sur un automate, donc c'est beaucoup plus long.

Sans parler des courriers papier, mails et éventuelles pénalités de retard. Sans oublier que pour payer sans devoir à chaque fois faire un arrêt sur une borne de paiement, vous devrez donner vos données personnelles et autoriser une société à but lucratif à les utiliser, etc...

Alors au final est-ce vraiment innovant et fait pour faciliter la vie des automobilistes, est-ce que c'est bon pour l'environnement ? Peu importe au final le but n'est pas là, il est bel et bien purement lucratif comme au bon vieux temps et seul compte l'argent que l'on va soutirer aux automobilistes.

Mais ce n'est que notre avis, basé sur des informations partielles que nous avons pu recueillir sur ce nouveau péage sans barrières. Il illustre néanmoins à nos yeux parfaitement l'état d'esprit de beaucoup de nos entreprises, vénales et sans scrupules qui peuvent compter sur le soutien sans failles du gouvernement français pour continuer à tondre les honnêtes gens jusqu'à l'os.

Que penser ce cette innovation, des profits générés par ces sociétés alors que l'état leur accorde de plus en plus d'augmentations de tarifs sans contrepartie. Un état qui enterre les rapports qui pointent du doigt ces avantages disproportionnés et les bénéfices réalisés sur le dos des automobilistes français(e) ? Chacun(e) se fera son propre avis.

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