Actualités : zoom sur les pratiques environnementales des français

24.09.2022

Le nouveau rapport 2022 sur les pratiques environnementales des français vient de paraître, c'est un ensemble de sondages et de statistiques compilées par le ministère de la transition écologique. Nous vous proposons de voir les principaux chiffres et les axes de progression, mais révélerons aussi les incohérences (car il y en a).

Que retenir du rapport sur les pratiques environnementales des français ?

Mettons tout de suite les pieds dans le plat, car ce qui nous a choqués à la lecture du rapport accessible ici, c'est le décalage entre les français qui se disent préoccupés et engagés en faveur de l'environnement de manière générale par rapport à leurs pratiques dans la réalité. Nous allons essayer de décortiquer ce rapport pour mieux comprendre ces rouages.

Le premier volet évoque les principales motivations de nos compatriotes, sous la forme d'une enquête avec 5 réponses possibles. Arrive en tête la volonté de laisser un environnement de meilleure qualité pour les générations futures (39%) suivi de la protection de sa santé et de celle de ses proches (25%) puis en troisième position la préservation de la nature et de la biodiversité (22%).

Un peu dommage à notre avis de ne faire que des questionnaires à choix simple, qui ne révèlent que la préoccupation principale. Mais ce n'est pas parque l'on place en premier une réponse que les autres ne sont pas importantes pour autant, bref passons à la seconde statistique bien plus intéressante à analyser.

À la question de savoir comment les français(es) agissent pour protéger l'environnement, les réponses sont assez élogieuses car 46% estiment qu'ils font tout ce qu'ils peuvent, 14% estiment en faire beaucoup contre 36% estimant pouvoir en faire d'avantage et 3% pensant ne pas être concernés.

environnement-agir — comment les français agissent en faveur de l'environnement

Du coup on se dit que l'on est sauvés, quasiment la moitié des français font déjà à peu près tout ce qu'ils peuvent pour préserver l'environnement et si on ajoute ceux qui en font beaucoup on monte même à 60%. Oui mais, c'est là que ça va devenir intéressant, ces chiffres ne révèlent que ce que les gens pensent faire selon leur propre point de vue.

Sauf que la suite de ce rapport est bien moins élogieuse sur les gestes que les français font vraiment, et nous allons voir que nous sommes largement moins que 60% à vraiment faire des efforts avec les prochains chiffres. Nous n'allons pas recopier l'intégralité du rapport, mais prenons quelques exemples frappants.

À la question : faites vous attention à la quantité de déchets générée par les produits que vous achetez ? Les français sont 39% à le faire toujours (12%) ou souvent (27%), contre 59% à ne le faire qu'occasionnellement (29%) ou jamais (30%).

À la question : faites vous attention à la provenance des produits non alimentaires ? Les français sont 36% à y faire attention (12% toujours et 24% souvent), contre 64% à ne s'en préoccuper qu'occasionnellement (30%) voir jamais (34%).

Autrement dit 64% des français se fichent de savoir si ce qu'ils achètent vient de France, d'Afrique ou de Chine avec une empreinte environnementale conséquente et dans les conditions de travail que l'on connait. Seulement 36% des français s'intéressent à la provenance de ses achats, pourtant 60% considèrent en faire beaucoup pour l'environnement ce qui est totalement contradictoire.

C'est un peu mieux pour l'alimentation mais on est à peine à plus de la moitié des français qui regardent la provenance de ce qu'ils mangent, 53% le font régulièrement ou plus contre 46% à ne regarder que ponctuellement ou moins.

pratiques-environnementales-achats — pratiques environnementales des français sur leurs achats

Analyse, constat et conclusion :

Il nous semble que le constat est assez édifiant : trois français sur cinq estiment faire de leur mieux en matière de préservation de l'environnement, pourtant plus de la moitié ne font pas attention à la provenance des produits qu'ils achètent ni à la quantité de déchets générés par leurs achats.

On comprend mieux ce paradoxe quand on demande aux français quelle est la priorité en matière de consommation responsable : pour 44% consommer responsable revient à acheter ce dont on a besoin en évitant le gaspillage. Autrement dit si je n'ai rien acheté de plus que ce dont j'estime avoir besoin, je suis un bon élève de l'environnement et je pense déjà en faire beaucoup.

On comprend mieux pourquoi autant de français pensent qu'ils font des efforts, sauf que ne pas acheter des produits dont on n'a pas besoin ce n'est pas faire un geste en faveur de l'environnement, c'est juste normal !

La bonne réponse était celle qui arrive en second avec 36% des votants, à savoir : acheter des produits fabriqués localement pour limiter les transports de marchandise et favoriser l'emploi local, même si toutes les autres réponses étaient meilleures que celle qui arrive en tête car elles ont un impact réel.

En effet si l'on veut vraiment avoir un impact au niveau de nos achats il faut privilégier les circuits courts, s'intéresser aussi bien à la provenance et à la composition des produits que l'on achète qu'à leur durabilité et à leur conditionnement.

Source : ministère de la transition écologique

consommation-responsable-france — la consommation responsable vue par les français

Il nous semble évident à la lecture de ce rapport que l'éducation est en réel déficit sur ces sujets, c'est la raison pour laquelle nous terminons souvent nos articles en vous enjoignant à vous informer. Quand on voit le pourcentage de français qui pensent faire des efforts, alors pourtant qu'ils ne font rien ou quasiment rien, ce n'est pas très encourageant.

Mais il y a malheureusement également un vrai frein à cela, c'est le pouvoir d'achat avec des riches qui s'enrichissent toujours plus et des pauvres qui sont toujours plus nombreux. Hors sans une répartition plus juste des richesses, une consommation responsable restera un doux rêve inaccessible pour une grande majorité des citoyens.