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Conso : tout savoir sur l'affichage des produits alimentaires en France

Vous le savez sans doute si vous nous lisez régulièrement, je suis un ancien chef de cuisine et logiquement donc, tout ce qui touche à l'alimentation est un des sujets qui nous intéresse tout particulièrement.

Nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer les labels de qualité ou encore les affichages nutritionnels, mais qu'en est il de ce qui est obligatoire ou pas en matière d'affichage selon les lois françaises ? C'est ce que nous allons voir dans cet article pour compléter ce sujet et vous aider à mieux consommer au quotidien.

Déroulé de l'article :

 

Quels affichages sont obligatoires dans l'alimentation ?

La première chose à préciser, c'est qu'il y a deux catégories pour les denrées alimentaires : les non emballés et les pré-emballés qui n'ont pas les mêmes obligations à respecter. En effet pour la première catégorie ce sont seulement 4 obligations d'affichage, contre pour les autres jusqu'à 12 mentions qui sont à respecter.

La première catégorie comprend tous les aliments qui sont emballés par le client lui même en rayon (fruits et légumes, self-service, vente en vrac, etc...) et ce qui est emballé à la demande par des employés du magasin (rayons boucherie et charcuterie, fromages, poissons, etc...).

Tout le reste compose donc la seconde catégorie et comprend tout ce qui est déjà emballé, quelle que soit sa nature du moment que c'est un produit alimentaire, brut ou transformé. Mais commençons par les aliments non emballés dont l'affichage est bien moins contraignant.

Pour cette catégorie de produits alimentaires un affichage placé à proximité du produit suffit, les produits non emballés doivent néanmoins obligatoirement vous informer sur certains éléments.

Les mentions obligatoires des aliments non emballés :
  • la dénomination de vente (nom du produit)

  • la présence d'éventuels allergènes

  • l'état du produit (''décongelé'' par exemple)

  • Pour les fruits et légumes leur origine et catégorie

  • Pour les viandes bovines les lieux de naissance, d'élevage et d'abattage

Petite précision pour la dernière obligation la triple mention peut-être remplacée par une seule sous la dénomination « origine » si les trois lieux sont situés dans le même pays, on retrouvera donc un affichage simplifié précisant « origine France » par exemple.

Pour les autres viandes (caprines, ovines, porcines et volailles) l'affichage n'est obligatoire que sur les produits préemballés, le lieu de naissance n'est pas obligatoire mais vous devez trouver le pays d'élevage et celui de l'abattage.

Un affichage assez simple, mais qui se complexifie pour les aliments transformés vendus pré-emballés, puisque pour ceux là ce ne sont pas 4 mais jusqu'à 12 obligations qui doivent être respectées.

Commençons là aussi par les lister, puis nous expliquerons à quoi ils correspondent car certains peuvent porter à confusion.

retourner le paquet pour s'informer, le bon réflexe (crédit image : pixabay)

retourner le paquet pour s'informer, le bon réflexe (crédit image : pixabay)

  • la dénomination de vente

  • l'origine de certains aliments

  • la liste des ingrédients et des allergènes

  • la quantité de certains ingrédients

  • la quantité nette du produit

  • la DLC ou DDM (date limite de consommation)

  • le titre alcoométrique volumique acquis

  • l'identification de l’opérateur sous le nom duquel la denrée est commercialisée

  • le numéro du lot de fabrication

  • le mode d'emploi (si nécessaire)

  • la déclaration nutritionnelle

  • l'origine de l'ingrédient primaire

Voila pour la liste dans laquelle on retrouve donc les mêmes affichages que pour les produits présentés sans emballage, mais avec plusieurs autres obligations à respecter.

Vous avez dû remarquer que certaines ne concernent qu'une catégorie de produits comme la viande ou les boissons alcoolisées, qui ont des règles spécifiques. Nous allons donc détailler toutes ces obligations pour comprendre leurs spécificités et leur utilité.


Quelles sont les subtilités de ces différents affichages ?

La dénomination de vente est donc le nom de vente du produit, afin notamment d'éviter de fausses appellations si les produits ne correspondent pas aux cahiers des charges de recettes protégés. Par exemple la mention "tranches moelleuses" pour remplacer la dénomination pain de mie.

Pour l'origine du produit c'est plus complexe car il y a deux branches à cet arbre, celle de la viande comme expliqué ci-dessus pour assurer la traçabilité des viandes. Pour les autres produits afficher l'origine n'est pas obligatoire, sauf si l'étiquetage peut être trompeur.

Un exemple d'actualité est celui d'un pot de miel avec un joli affichage faisant penser à l'apiculture française alors que son contenu ne provient pas de France, dans ce cas il est obligatoire de mentionner sur le paquet son origine (généralement en tout petit au dos du paquet).

Bon il nous semble que ce serait plus efficace d'interdire les mentions trompeuses et affichages tricolores sur des produits qui ne proviennent pas de France, mais apparemment là encore les lobbys ont réussi à imposer leur point de vue, une simple mention en petits caractères placée dans un endroit peu visible suffit.

La liste des ingrédients elle doit répondre à deux règles précises : ils doivent être cités dans l'ordre de leur quantité décroissante en poids y compris les additifs et mettre en évidence les éventuels allergènes, donc le premier produit de la liste est celui qui est en quantité la plus importante et ainsi de suite alors que les allergènes eux sont en gras.

À ces deux obligations s'en ajoutent une troisième que l'on retrouve dans cette même liste d'ingrédients au dos du paquet, elle concerne la quantité des ingrédients mis en avant dans le nom du produit ou sur l'emballage.

Par exemple si le paquet mentionne des truffes, du crabe ou un autre ingrédient comme argument de vente, il est alors obligatoire d'ajouter dans la liste d'ingrédient sa quantité.

Qui n'a jamais acheté un produit indiqué avec un ingrédient qui lui faisait envie (figues, safran, etc...) pour se rendre compte ensuite qu'en fait il y a dans le produit moins de 1% de l'ingrédient mis en avant sur l'emballage ?

Là aussi donc c'est un compromis fait entre information donnée au consommateur et lobbys qui travaillent au corps les politiques pour que les lois ne soient pas trop contraignantes, car à part pour certains cas spécifiques il n'y a pas de minimum obligatoire.

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l'affichage des valeurs nutritionnelles est obligatoire (crédit image : ministère de l'économie)

Continuons avec une obligation claire cette fois qui est la quantité nette s'exprimant soit en volume pour les liquides (litres) soit en masse pour les solides (kilos). Pour tous les produits conditionnés dans un liquide (fruits au sirop, mozzarella, etc...) l'étiquette doit également indiquer le poids net égoutté.

Ensuite un des points cruciaux avec la date limite d'utilisation qui peut elle aussi prendre deux formes : la DLC (Date Limite de Consommation) pour les produits frais qu'il vaut mieux éviter de consommer après la date indiquée, ou alors une DMM (Date de Durabilité Minimale) anciennement DLUO pour date d'utilisation optimale.

La DLC est appliquée aux produits frais qui sont soumis à un changement rapide de leur état (moisissures, pourrissement, etc...) et la DMM est elle appliquée aux produits que l'on peut consommer après la date indiquée sans risques pour la santé, même si ses qualités gustatives ne sont plus garanties (pâtes, riz, céréales, etc...).

Ensuite sous un nom très long et compliqué se cache le taux d'alcool contenu dans le produit fini pour les boissons alcoolisées bien entendu mais aussi les plats, sauces ou desserts pouvant contenir un alcool pour lesquelles le titre alcoolémique doit également être indiqué (généralement avec le logo "femme enceinte").

Idem pour l'identification de l’opérateur avec une dénomination à n'en plus finir puisque certains n'emballent pas eux même leur production et confient cette tâche à un tiers, dans ce cas le prestataire doit être identifiable par un code EMBxxx (exemple : EMB A07555).

Autre obligation avec le numéro de lot qui est obligatoire sur tous les produits alimentaires dans un soucis de traçabilité afin de pouvoir définir en cas de problème où, quand et par qui le produit a été fabriqué mais aussi si besoin pouvoir retirer de la vente l'ensemble du lot concerné.

Ensuite le mode d'emploi, comme son nom l'indique vous informe sur les spécifications de conservation du produit (par exemple si il doit être conservé au sec ou à une température précise) et les conseils d'utilisation (par exemple les préparations pour dessert, ou la purée en flocons).

Dernier affichage obligatoire et plus complexe avec la déclaration nutritionnelle, c'est le petit tableau qui indique les informations nutritionnelles avec l'apport calorique et le grammage des différentes catégories d'ingrédients pour 100 grammes de produit.

Quelques liens utiles :

 

Quelques conseils utiles pour bien comparer et mieux acheter

Avant de dénoncer ce qui nous chiffonne, commençons par saluer une réglementation française malgré tout assez complète et une des plus contraignantes au monde, ce qui est à mettre au crédit de notre système de protection alimentaire.

Mais on voit bien que, comme dans d'autres domaines, les obligations les plus récentes sont aussi les moins contraignantes. Les lobbys ont acquis un tel pouvoir qu'ils peuvent désormais tordre nos politiques et leur faire amender les textes de lois quasiment comme ils veulent.

C'est le cas comme nous l'avons expliqué pour l'origine des produits, mais aussi pour les allégations de santé sur certaines gammes de produits, les paquets à moitié vides pour faire croire à plus grande quantité de produits, les changements de recettes sous forme de cheapflation (baisse de la qualité), etc...

La loi n'interdit pas les nombreuses mentions trompeuses comme l'affichage d'un drapeau bleu-blanc-rouge ou d'une jolie carte de France sur l'emballage, alors que les ingrédients ne sont pas d'origine française.

Au mieux les nouvelles lois se contentent d'imposer une indication en petits caractères au dos des paquets, alors qu'en façade les mentions trompeuses et affichages marketing sont bien visibles.

Par exemple on peut vous vendre des « gâteaux à la figue » avec de belles photos de figues sur l'emballage et indiquer que le blé ou les oeufs sont français alors qu'ils contiennent de l'huile de palme importée du brésil et qu'il n'y a que 1% de figue dans les gâteaux.

Ne croyez pas tout ce que vous voyez sur les paquets (crédit image : pixabay)

Ne croyez pas tout ce que vous voyez sur les paquets (crédit image : pixabay)

Les nouvelles obligations sont beaucoup moins contraignantes que les anciennes, qui elles étaient fermes et sans concessions. Preuve si besoin est que nos politiques ont changés au fil des décennies, désormais plus concernés par la préservation des profits de l'industrie agro-alimentaire que par la santé de la population.

Ce sont dans l'ensemble des avancées mais qui sont trop souvent issues de scandales alimentaires et quasiment toujours "allégées" à la demande des lobbys qui font en sorte que les nouvelles obligations soient le moins contraignantes possibles.

Résultat on voit dans nos rayons des drapeaux français et mentions Made in France pulluler, surtout d'ailleurs quand la majorité des ingrédients est importée du monde entier et que seule la transformation est faite chez nous. Ils vont mettre en avant un ou deux ingrédients produits en France (filière blé par exemple) alors que tout le reste est importé.

Que penser des affichages trompeurs de produits dont on met en avant la truffe, les morilles ou la vanille alors que l'ingrédient sur lequel la marque communique est en fait en quantité anecdotique dans le produit et dont le goût vient souvent d'arômes artificiels.

Il reste donc et encore plus qu'avant important de prendre le temps de bien lire les étiquettes, car si les obligations se renforcent elles laissent bien trop de place à la tromperie et au marketing.

Comme nous l'évoquons régulièrement, souvent le plus intéressant à regarder sont les informations manquantes, car "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup". 

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